le Lundi 5 mai 2025
le Vendredi 5 Décembre 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

400 000 kilomètres sur le pouce Faut quand même le faire !

400 000 kilomètres sur le pouce Faut quand même le faire !
00:00 00:00

André Brugiroux, maintenant dans la soixantaine, dit qu’il a pris une « vie sabbatique ». Son université, c’était la route. Ses professeurs, les habitants de la planète Terre. L’auteur du livre La terre n’est qu’un seul pays était à Yellowknife, la semaine dernière, puisqu’il n’avait encore jamais visité les Territoires du Nord-Ouest.

L’odyssée d’André Brugiroux commence en 1955, alors qu’il quitte le nid familial, situé près de Paris, pour se rendre en Écosse. Il n’avait que dix francs en poche. C’est là que M. Brugiroux apprendra l’anglais. Par la suite, il se rend en Espagne, en Allemagne et en Italie. Il y apprend toutes les langues locales. Suivent deux années passées au Congo pour le service militaire français. Le voyageur voulait éviter la guerre d’Algérie, qui sévissait à l’époque. « Je n’ai pas la vocation de passoire », lance-t-il lors de ses conférences.

Par la suite, c’est à Toronto, qu’il réussit, en quelques années, à économiser l’argent nécessaire pour son grand voyage autour du monde. En tout, André Brugiroux a été parti de chez lui durant 18 années. « Les neuf premières années, j’ai appris les langues et je suis allé au Congo. Ensuite, j’ai passé trois années au Canada et les six dernières années de ces 18 ans, je n’ai pas travaillé, j’ai sorti mon pouce. J’ai parcouru 400 000 kilomètres, sur le pouce, en dépensant un dollar par jour », raconte-t-il.

Pour ce faire, l’auteur à succès n’a jamais payé de transport. Il a fait de l’auto-stop, du bateau-stop, du voilier-stop et même de l’avion-stop. Ensuite, le voyageur n’a jamais dormi à l’hôtel, à l’exception d’une seule nuit. Il a dormi dans toutes les conditions imaginables. « Le dollar par jour me servait à manger et à payer les visas. Je n’allais pas dans les restaurants. Je mangeais au marché ou j’achetais les produits sur le bord de la route », explique celui qui ajoute qu’il s’agissait là de la meilleure méthode pour rencontrer la population locale.

De 1967 à 1973, André Brugiroux a donc parcouru la distance de la Terre de Feu jusqu’en Alaska, avant de se rendre dans les Îles du Pacifique, en Océanie, en Asie et de traverser la Sibérie, le Moyen-Orient et l’Afrique.

La chance a cependant été plus que nécessaire. « Je me suis retrouvé sept fois en prison. On m’a pris pour un guérillero ou un révolutionnaire de Che Guevara en Amérique du Sud. J’ai failli me faire tuer une dizaine de fois. Je me suis retrouvé avec une baïonnette entre les deux yeux en Afghanistan. J’ai été pris dans la guerre des Khmers rouges au Cambodge. Je me suis retrouvé avec six mitraillettes dans les côtes au Vénézuela. Sans compter les animaux sauvages. Une fois, un lion m’est passé au ras des fesses ! La chance n’est pas le bon mot, je suis miraculé !»

André Brugiroux est retourné chez lui en 1973, après 18 années. Une apparition aux nouvelles nationales lui a valu un coup de fil de la Maison d’édition Robert Laffont. « Comme j’avais un message à partager, je me suis dit que le livre était un bon moyen ».

Converti à la fois Baha’i, qui prétend travailler à faire l’unité chez les hommes, André Brugiroux croit aujourd’hui que la paix est inévitable. « Il y en a qui disent qu’on a toujours eu la guerre et que ça va donc toujours exister. C’est une drôle de conclusion. Ce n’est pas parce qu’un bébé est aux couches pendant deux ans que le bonhomme sera aux couches toute sa vie », de dire l’aventurier.

Tout n’est cependant pas acquis pour en arriver au monde idéal d’André Brugiroux. « Il ne faut pas rêver non plus. Dans l’immédiat, c’est clair que ça va dans l’autre sens. Mais la paix n’est plus un choix, c’est devenu une nécessité », continue celui qui parle d’unité et non d’uniformité. « Aujourd’hui, c’est grave, c’est l’uniformité ! L’unité veut plutôt dire de coordonner les différences ».