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le Vendredi 5 mars 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Journée internationale de la femme En 2004, ne rien prendre pour acquis

Journée internationale de la femme En 2004, ne rien prendre pour acquis
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Entre avril 2001 et mars 2002, 295 femmes, accompagnées de leur 321 enfants, ont dû trouver refuge dans des centres d’hébergement pour femmes violentées. Or, on ne retrouve que cinq refuges de ce type dans tous les TNO. Voici une seule statistique faisant partie d’une liste exhaustive incluse dans une trousse d’information s’adressant à toutes les femmes ténoises.

Cette trousse, préparée par le Conseil sur la condition de la femme des TNO, a été envoyée à chacune des résidences ténoises. C’est là un des gestes que le Conseil a fait en prévision de la Journée internationale de la femme, célébrée chaque année le 8 mars dans plusieurs pays du monde.

Or, depuis la création de cette journée, au tournant du 20e siècle, il faut admettre que de grands pas ont été franchis par les femmes des pays occidentaux. En 2004, il semble que ce ne soit pas encore le temps de crier victoire, spécialement aux TNO, où il reste plusieurs défis à relever, selon la directrice générale du Conseil, Barbara Saunders.

« Dans certains secteurs du Nord, les femmes ont encore plusieurs barrières et problèmes devant elles. Certaines des causes peuvent être l’isolement et la difficulté à se déplacer dans le Nord. Ces deux facteurs créent une moins grande équité », explique Mme Saunders.

À titre d’exemple, la directrice général cite l’accès à des études avancées pour les femmes des petites communautés. « Quitter sa communauté pour aller à l’école secondaire peut être une expérience très dramatique pour les adolescentes. Il faut aussi souligner que les filles autochtones excellent à l’école et elles terminent maintenant leur secondaire, mais ce n’était pas le cas, il y a un certain nombre d’années ».

« Mais ça demeure l’un des facteurs. Il est difficile de sortir pour aller à l’école et même de terminer son secondaire. Et on peut voir qu’on ne peut pas se lancer en affaires ou avoir un bon emploi sans un bon niveau d’éducation », continue Mme Saunders.

Ensuite, l’accès aux métiers techniques, plus traditionnellement réservés aux hommes, reste limité pour les femmes. « Plusieurs femmes sont dans des situations où elles aimeraient avoir des emplois en technologie, en menuiserie, en électricité ou en soudure, mais l’atmosphère n’est pas très accueillant envers elles. Les femmes ont un gros problème quand vient le temps de surmonter ces barrières de minorité dans un milieu de travail et ça peut inclure plusieurs choses, comme le harcèlement ou certaines situations intolérables ».

Le Conseil sur la condition de la femme travaille donc à un projet qui vise à augmenter la place des femmes dans les métiers techniques dans le Nord. « Il y a tellement un gros boom économique et il reste encore des emplois disponibles. Cependant, l’industrie ne semble pas s’engager dans l’embauche des femmes. C’est une ressource qui n’est pas utilisée », laisse tomber la directrice générale.

Souvent, les femmes doivent aussi quitter leur communauté d’origine pour occuper un emploi, ce qui constitue un défi, pour certaines d’entre elles. À tous ces problèmes, vient, bien sûr, s’ajouter l’accès aux garderies, rappelle Barbara Saunders.

Les femmes comme leaders politiques

Lors de la dernière élection territoriale, deux femmes seulement, sur une possibilité de 19 sièges à l’Assemblée législative, ont été élues. Ensuite, aucune de ces deux femmes n’a accédé à un poste de ministre. Pour Barbara Saunders, ces chiffres sont symptomatiques d’un tabou qui existe dans le Nord, en ce qui à trait à la place que les femmes doivent prendre dans les rôles de prise de décision.

« Les femmes ont eu de gros problèmes à être acceptées en tant que leaders et il y a toujours un tabou qui persiste. Ce n’est pas aussi facile que dans le Sud », poursuit la directrice générale qui rappelle que le Conseil a monté un projet visant à inciter les femmes à jouer un plus grand rôle dans la société civile. « Le projet a été monté pour aider les femmes à comprendre quelles compétences sont requises pour prendre des postes de commande, se rendre aux réunions et savoir quoi y faire, siéger sur des conseils d’administration ou se présenter aux élections ».

Enjeux sociaux

De plus, les TNO demeurent un endroit où les enjeux sociaux constituent un défi constant. Un plan d’action sur la violence familiale a été produit par le Conseil afin de combattre ce fléau au cours des cinq prochaines années. L’année dernière, l’Assemblée législative a adopté une loi sur le problème. « Cette loi doit être vue comme un outil qui aidera les femmes à demeurer chez elles et c’est un sujet très difficile, parce qu’on voit encore souvent que des femmes qui sont victimes de violence sont punies par leur communauté pour avoir quitté leur partenaire », fait remarquer la directrice générale, qui ajoute avoir tout de même remarqué un certain progrès depuis son arrivée, il y a trois ans.

« Nous avons la plupart des leaders gouvernementaux de notre côté et nous faisons une bonne campagne contre la violence familiale. C’est un grand défi de changer les attitudes envers les femmes et d’obtenir plus de respect pour elles. Mais les femmes ne peuvent pas faire ça toutes seules, les hommes doivent se lever et dire qu’ils doivent surveiller leur comportement et comprendre qu’une attitude négative ne les mènera pas très loin », plaide-t-elle.

De même pour les refuges : « les femmes ont construit des refuges pour supporter les femmes et leurs enfants. Je ne vois pas beaucoup de participation des hommes qui nous assistent pour s’attaquer au problème et j’aimerais que ça arrive », de conclure Barbara Saunders.