le Mardi 6 mai 2025
le Vendredi 5 mars 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Les pourriels Légaux, mais…

Les pourriels Légaux, mais…
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Chaque jour, la Fédération Franco-TéNOise (FFT) reçoit environ 250 pourriels. Et la situation s’aggrave de semaine en semaine. Une véritable perte de temps pour les employés, qui doivent, de manière quotidienne, faire le ménage de la boîte de réception des courriels. « On parle de 15 à 30 minutes par jour qui ne sont consacrées qu’à ça. Je suis sûr qu’à l’échelle canadienne, ça coûte une fortune aux entreprises et organismes », remarque le directeur général de la FFT, Léo-Paul Provencher.

Ce dernier aimerait bien que les compagnies qui envoient ces courriels non désirés soient punies. Cependant, leurs activités, bien que dérangeantes, seraient légales. « Ce sont des contrats qui sont donnés à des compagnies de publicité qui ont des experts engagés pour programmer et abuser des systèmes Microsoft, en particulier. Ces compagnies sont payées selon la quantité de publicité affichée à l’écran des gens qui possèdent des ordinateurs. C’est dommage, mais c’est légal », explique Martin Houle, directeur de services et administrateur de réseau chez Arctic Data.

Selon lui, c’est la compagnie Microsoft qui est principalement à blâmer pour cette hémorragie de pourriels. « C’est une guerre qui ne s’arrêtera pas tant que Microsoft ne décidera pas d’y mettre un terme. Microsoft a créé des systèmes d’information qui offrent beaucoup de possibilités. Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire grâce à leur système d’exploitation, mais il y en a tellement que ça a ouvert de trop grandes portes et des gens en abusent. Ce serait possible de fermer ces portes, mais ça empêcherait l’utilisateur de faire certaines choses », dit M. Houle.

La guerre à laquelle M. Houle fait référence est celle des serveurs. « Les compagnies les plus puissantes en terme de plus gros contrats de pourriels et qui font le plus d’argent, utilisent des serveurs de relais qui se font bannir à tour de rôle, mais ces serveurs se font renommer et, donc, la liste noire qui contient les adresses de serveurs qui distribuent les pourriels, n’est jamais à jour. Il reste donc toujours des serveurs disponibles à être utilisés ».

Selon Martin Houle, l’un des seuls moyens d’éviter la réception de pourriels en grande quantité est la prudence. « En furetant sur Internet, il y a des publicités qui s’affichent et les gens cliquent dessus pour être curieux ou pour voir ce que cette publicité contient. Ces publicités renferment beaucoup de langages encryptés, à l’intérieur du site Internet, et on ne s’en rend pas compte. Ces langages peuvent s’installer sur votre ordinateur et une fois que c’est fait, il est trop tard ».

« Il y a des engins qui s’installent sur votre ordinateur et qui ouvriront des portes qui permettront d’installer et de télécharger plus d’informations sur la machine et ces informations se rendent ensuite plus loin. Finalement, l’ordinateur devient un serveur de ces publicités », poursuit le spécialiste.

À Ottawa, le sénateur Donald Oliver veut mener une lutte aux pourriels. En soumettant le projet de loi S-23, le sénateur provenant de la Nouvelle-Écosse espère que les utilisateurs d’Internet pourront déposer des accusations criminelles contre les gens qui leur envoient des pourriels.

Martin Houle n’est pas convaincu de la démarche du sénateur. « La responsabilité n’est pas aux gens qui distribuent le courriel, mais plutôt à ceux qui permettent de le relayer. Ce sont les serveurs de relais qui sont ouverts et qui devraient être fermés. Ces serveurs se retrouvent sur les listes noires et les gens qui les possèdent renomment leur serveur ».

« Je dirais qu’il y a beaucoup de gens qui font leur propre publicités à trouver eux-mêmes le serveur dont le relais n’est pas protégé et ils l’utiliseront pour envoyer le pourriel un peu partout. La personne qui l’envoie, oui, elle a un blâme, celui d’utiliser une ressource qui n’est pas la sienne, mais ce n’est pas du vol. Il s’agit d’entrer dans une porte où elle n’est pas invitée. Mais en même temps, l’administrateur de réseau qui n’a pas protégé son serveur de relais a aussi une responsabilité en invitant les gens à envoyer du pourriel parce que c’est payant », continue Martin Houle.

Et on parle de beaucoup d’argent. Martin Houle a entendu parler de gens qui empochent des centaines de milliers de dollars par mois, bien installés dans leur sous-sol, à générer des pourriels.

En attendant, l’utilisateur moyen d’Internet continue de dépenser un temps fou à presser la touche d’effacement. Tous les jours, M. Houle dit recevoir des appels de gens excédés par le nombre de pourriels qui envahissent leur boîte de réception. « Premièrement, je leur dis de nous emmener leur ordinateur pour que l’on puisse faire le ménage et se débarrasser des logiciels-espions (installés sur les ordinateurs à l’insu de l’utilisateur, notamment lors du téléchargement de logiciels. Ils ne peuvent être désinstallés qu’au moyen de logiciels conçus à cette fin). Ensuite, nous invitons le client à faire attention à certaines choses et lui donnons des indices qui mettront un frein aux abus faits sur l’ordinateur ».

Il est possible de télécharger ces engins sur Internet. Lorsqu’ils sont installés sur l’ordinateur, ces engins recherchent les logiciels-espions et les affichent pour que l’utilisateur décide s’il veut s’en débarrasser. « Mais quand on dit à l’engin de tout empêcher, il y aura beaucoup de fonctions de désactivées et l’utilisateur ne pourra plus les utiliser, il faut donc y aller avec prudence », avertit Martin Houle.