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le Vendredi 17 Décembre 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Société

Faire des affaires dans le Nord Le défi de la main d’oeuvre

Faire des affaires dans le Nord Le défi de la main d’oeuvre
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C’était en 1981. Carlos Gonzalez habitait à Montréal et était plutôt satisfait de la vie qu’il y menait. « Nous étions assez occupés et ce n’était pas trop sain. J’adore la pêche, la chasse et le plein air », raconte-t-il. En voyant, à Radio-Canada, une capsule d’information sur la capitale ténoise, il décide d’appeler l’opératrice pour entrer en communication avec quelqu’un de Yellowknife. « Elle m’a donné le numéro de téléphone de l’Hôtel Explorer et on m’a alors dit qu’effectivement, il y avait du travail en masse ici ». C’est d’ailleurs à l’Explorer que Carlos débute sa carrière aux Territoires du Nord-Ouest. Il y reste pendant quatre mois. Il fait ensuite le saut au Yellowknife Inn pour y gérer une petite salle à manger appelée la Gold Room. Il effectue ce travail pendant un an avant de retourner à l’emploi de l’Explorer. C’est finalement en 1996, après avoir travaillé à l’élaboration des programmes de tourisme au Collège de l’Arctique, qu’il décide de se lancer en affaires. Il achète alors le restaurant Our Place. Alors que l’économie vivait un creux en raison des coupures d’emploi dans l’appareil gouvernemental, l’occasion pouvait paraître risquée. « Quand le marché est bas, les prix peuvent être un peu mieux », dit-il, ajoutant que, depuis, il s’est aussi porté acquéreur de la Gallery of the midnight Sun et a ouvert la Yellowknife Outdoors adventures. Cette dernière compagnie amène les touristes, principalement japonnais, à des journées de pêche, de motoneige ou de raquettes. « On fait un bon feu pour leur montrer ce qu’est la vie dans le Grand Nord et ils apprécient beaucoup l’espace et le grand air », dit-il. Évoluant dans le domaine du tourisme ténois depuis déjà plusieurs années, Carlos Gonzalez peut donc bien évaluer l’état actuel de la situation. « C’est comme un yo-yo. Lorsque l’économie est basse, les politiciens commencent à dire qu’il faut investir dans le tourisme. Mais aussitôt qu’il y a d’autres économiques en marche, surtout du côté des ressources, le tourisme prend le bas de l’échelle », évalue-t-il. Pour appuyer ses dire, l’homme d’affaires compare les investissements en tourisme fait par le gouvernement des TNO et celui du Yukon. « Nous avons entre 1,5 et 1,8 millions de dollars comme fondation, programme et mise en marché. Au Yukon, on parle de 13 à 15 millions pour la mise en marché! ». Même si l’économie ténoise roule sur l’or ou plutôt sur le diamant, tout n’est pas rose du côté de la restauration, rappelle M. Gonzalez. La main d’œuvre constitue effectivement un défi de tous les jours. « Lorsque tu as des grands campements comme pour les mines de diamants, ils paient très bien leurs cuisiniers. Il y a peut-être 15 ans, on avait beaucoup d’employés qui étaient de vrais professionnels dans l’industrie. Ces gens sont maintenant les premiers à être choisis pour les camps. Ce n’est donc pas facile de trouver des employés professionnels dans la restauration. C’est un grand défi, mais pas juste pour la restauration. Habituellement ça prend cinq, six ou sept ans avant de s’équilibrer, mais on aura alors le gaz naturel. On parle d’un manque d’employés à travers le Canada. On sait que dans la restauration, il y a une pénurie de main d’œuvre de 30 % à travers l’Amérique du Nord. Donc, il y a compétition pour les employés », de continuer l’homme d’affaires. Pour la prochaine décennie, donc, pas de répit pour Carlos Gonzalez. « Yellowknife continuera de grandir avec beaucoup de prospérité. Il faudra faire attention à comment ce développement se produira », dit-il. Alors cette envie de chasser, de pêcher et de profiter de la nature qui l’avait fait venir à Yellowknife au début des années 1980 ? « J’en fait encore beaucoup avec ma famille. Il faut savoir mettre ses priorités. Cet été, nous étions au chalet à toutes les fins de semaines pour pêcher et s’amuser », dit-il, soulignant que Yellowknife demeure un endroit idéal pour élever sa petite famille. « C’est un communauté vibrante. Les écoles sont bonnes, il y a de bons programmes d’immersion et une école francophone. La communauté est riche en bénévoles et en vie culturelle. C’est difficile de trouver une communauté où l’on peut être si proche des gens. Il est difficile de trouver un tel sens communautaire ailleurs au Canada. », dit-il.