Qu’est-ce qui arriverait si des terroristes s’en prenaient à l’éventuel gazoduc du Mackenzie ? Si un Boeing devait se poser d’urgence à Sachs Harbour ? C’est à ce genre de questions qu’a tenté de répondre la cohorte d’experts réunis mercredi et jeudi derniers au quartier général du secteur Nord des Forces canadiennes, à l’occasion de la phase I de l’exercice Narval.
Narval est un exercice à grand déploiement qui sert à tester la capacité de réponse de l’armée canadienne à des situations d’urgence dans le grand Nord.
« En ce moment [hier] nous en sommes à la phase I de l’exercice, c’est-à-dire une table ronde », explique le major Marc Beauchemin, le coordonnateur de l’exercice. Des représentants de la Défense, mais aussi d’autres organismes gouvernementaux et même du secteur privé ont mis leurs efforts en commun pour déterminer quels rôles ils joueraient si une catastrophe se produisait dans l’Arctique.
Après cette phase de cogitation, il y aura un premier exercice axé sur le commandement des opérations. « Nous allons simuler tout ce qui touche à la communication et à la prise de décision », poursuit Beauchemin. Ce premier exercice aura lieu en juin 2006.
Le déploiement en tant que tel, lui, aura lieu en mars 2007. Le Colonel Normand Couturier, le commandant du secteur Nord des Forces armées, estime que l’ensemble de ses hommes seront requis pour l’exercice.
En 2004, un exercice similaire à celui qu’on préparait cette semaine à Yellowknife, a déjà eu lieu. Il portait le même nom. Selon le colonel Normand Couturier, la multiplication de ce genre d’opération concorde avec un changement de philosophie dans l’armée canadienne quant au rôle du secteur Nord.
Depuis 2004, l’année où il a pris les rennes du poste de Yellowknife, le colonel indique que le mandat du détachement a été élargi. Lorsque le poste a été établi en 1972, sa mission se résumait à assurer une présence dans l’Arctique. « Le mandat est désormais de coordonner, de commander, de planifier et faciliter toutes les activités militaires qui ont lieu dans l’Arctique. Si nécessaire, autrement dit, dans le cas d’une urgence, d’agir comme le centre de commandement des opérations. » Selon l’officier supérieur, ces nouvelles responsabilités s’inscrivent directement dans la sensibilité nouvelle aux questions sécuritaires qu’a développées l’armée suite aux attentats terroristes de septembre 2001.
Si l’idée qu’un groupe mal intentionné puisse s’en prendre au pipeline du Mackenzie semble, de prime à bord, farfelue, le militaire assure que c’est plausible. « Ces scénarios sont très réalistes », insiste-t-il