Ce sont les inuits du Nunavut et les Autochtones des TNO qui sont les Canadiens les moins alphabétisés.
C’est ce que révèle l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes qui a évalué plus 23 000 Canadiens, en 2003, et les ont classés selon cinq niveaux, le niveau 1 étant le plus faible.
Selon cette étude, 69 % des Autochtones des TNO et 88 % des Inuit du Nunavut se classent en deçà du niveau 3. Le niveau 1 correspond à des personnes qui ne peuvent pas lire et comprendre, la posologie d’un médicament. Au niveau 2, on a de la difficulté à passer un test écrit pour obtenir un permis de conduire.
Il est cependant important de noter que l’enquête visait à évaluer la compréhension et l’alphabétisation dans l’une des deux langues officielles du Canada. Or, aux TNO et au Nunavut les langues autochtones et l’inuktitut sont des langues officielles.
Or, il est loisible de penser qu’un mauvais classement en anglais ou en français peut refléter une bonne connaissance de la langue maternelle. Notons à ce propos que 60 % des répondants du Nunavut ont indiqué que l’inuktitut était leur langue maternelle et plus de la moitié d’entre eux ont dit que c’est la langue qu’ils emploient à la maison.
Les résultats pour les populations autochtones du Manitoba et de la Saskatchewan ont démontré que, dans ses provinces, les Autochtones, sont plus illettrés que les allochtones.
Environ 60 % de la population autochtone urbaine dans ces deux provinces a obtenu des scores inférieurs au niveau 3, comparativement à 45 % de la population non autochtone du Manitoba, et à 39 % de la population non autochtone de la Saskatchewan.
Aux TNO en général, le territoire se classe dans la moyenne canadienne. Quarante-sept pourcent des Ténois ont un niveau d’alphabétisation inférieur à 3, contre 47,5 au Canada.
Le nombre de personnes ayant un niveau d’alphabétisation inférieur à 3 y est en outre inférieurs aux résultats du Yukon et de ceux des trois provinces les plus à l’Ouest.
Francophones Chez les francophones, il n’y a qu’au Québec où la proportion d’adultes pouvant bien lire et écrire a augmenté au cours des dix dernières années, révèle une enquête de Statistique Canada. Et, partout au pays, les résultats en alphabétisation sont meilleurs chez les anglophones.
« Au Québec, ce n’est pas qu’ils font les choses différemment, c’est qu’ils avaient un retard important à combler », explique Luce Lapierre, directrice générale de la Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français. Les efforts des activités des 10 dernières années dans cette province ont porté fruit.
Mais chez les autres francophones du pays. « On touche à peine 1 % de notre clientèle visée », soutient Mme Lapierre, qui ajoute qu’il faudrait 30 millions de dollars par année, pendant 10 ans, pour aider les 40 % des adultes francophones qui ont des difficultés à lire, 300 millions pour faire les mêmes progrès qu’au Québec.
Les résultats pour le Québec sont encourageants, car ils démontrent que, avec le développement d’une politique gouvernementale de formation des adultes, il est possible d’améliorer les capacités de lecture dans la population. « Une amélioration de 11 % (des statistiques québécoises) est très significative. Ça m’encourage. »
Ce qui l’encourage beaucoup moins, ce sont les francophones qui ont répondu en anglais au questionnaire de Statistique Canada. Et ils ont obtenu de meilleurs résultats en lecture que ceux qui ont répondu au questionnaire dans leur langue maternelle. « C’est très inquiétant. C’est l’assimilation. Mon hypothèse est qu’ils n’avaient pas le choix que de répondre en anglais, car ils sont pas mal anglicisés », souligne Mme Lapierre.
Chez les francophones, quoique moins que chez les Acadiens, les deux tiers des répondants l’ont fait dans la langue de la majorité. La proportion était de 33 % au Nouveau-Brunswick, de 64 % en Ontario et de 84 % au Manitoba.
« Environ 62 % des francophones vivant à l’extérieur du Québec qui ont répondu à l’enquête en français ont obtenu des scores inférieurs au niveau 3 sur l’échelle de compréhension de textes suivis, comparativement à environ la moitié de ceux qui ont répondu à l’enquête en anglais », rapporte Statistique Canada.