C’est probablement bien installée dans son nouvel appartement de Québec que Geneviève Harvey lit ces quelques lignes qui parlent d’elle. La chroniqueuse de L’Aquilon a quitté pour de bon Yellowknife, la semaine dernière.
Attablée au Frolic à quelques heures de sa retraite – vous auriez dû voir son sourire !–, elle s’est remémoré avec l’équipe du journal les belles années qu’elle a passées aux Territoires du Nord-Ouest.
« Je suis partie en pleine crise d’Oka », se souvient-elle. C’est donc en 1990 que Geneviève traverse le 60e parallèle à destination de Fort Simpson.
Son histoire est classique. Elle partait « juste pour une visite » et ça a duré 16 ans. « J’ai eu le coup de foudre pour la place », confie-t-elle.
« On a fait la rivière Nahanni en raft. C’était ma première expérience d’aventure. »
Après le Deh Cho, elle se rend avec son chum de l’époque à Yellowknife où l’on commençait à s’exciter à propos des découvertes de diamant. Lui se cherche une job; elle rien en particulier. « On est sortis au Float Base (aujourd’hui le bar Harley’s). Tous les francophones se tenaient là », se rappelle-t-elle. C’est là qu’elle a rencontré l’équipe du bureau des langues officielles du ministère d’ECE – que Geneviève traduira bientôt par Éducation, Culture et Formation.
« Trois jours après je commençais à travailler », dit celle qui conservera durant ses seize ans à Yellowknife son poste de traductrice.
Et L’Aquilon
Sa collaboration avec L’Aquilon commence presque aussitôt. Elle écrit un premier article à propos de son voyage sur la rivière Nahanni, peu après être arrivée en ville.
Quelques mois plus tard, le journal, un bi-mensuel à l’époque, manquait de collaborateurs. C’est à partir de ce moment que Geneviève commence pour de vrai sa chronique. Au début elle se consacre d’abord à la langue française et le plaisir des mots, mais bientôt elle se repositionne sur, de son propre aveu, « un peu n’importe quoi ». « J’écris d’une shot. Je ne me corrige pas, pouffe-t-elle. Quand j’écris ça sort en une heure. »
Ses textes lui ont souvent valu des commentaires. Elle se souvient, entre autres, d’une personne de Montréal qui rédigeait une thèse sur la rectitude politique. « Le gars m’a contacté. Il m’a dit qu’il avait lu mon texte [sur la rectitude politique] et qu’il avait beaucoup apprécié. Ça fait plaisir. »
Elle se souvient aussi d’un texte spécialement dur qu’elle avait écrit à propos de la communauté francophone de Yellowknife. « C’était assez raide. »
« Je m’attendais a en entendre parler, mais finalement j’ai pas eu tant de commentaires. Ceux qui m’en parlait venait me dire ‘’T’as ben raison, Geneviève’’. Les autres ils osaient pas. »
Ceux qui ont lu la plus récente chronique de Geneviève savent déjà qu’elle continuera d’écrire pour nous. Eh oui, nous aurons notre correspondante à Québec!
Sortir le Nord de la fille
Si Geneviève est en définitive heureuse de s’en retourner dans l’Est (elle trouve qu’il commence à y avoir trop de problèmes sociaux à Yellowknife), ce n’est pas demain la veille qu’on sortira le Nord de la fille.
« C’est sûr que ça va toujours rester quelque chose de très proche », dit-elle. « La première image qui va me rester, c’est la nature. »
Elle se souviendra aussi de tous les amis qu’elle a connus ici, ceux qui reste et ceux sont partis comme elle, aujourd’hui.
« Je te donne pas les noms. Si j’en oublie ça va faire de la peine. Ces gens-là se reconnaissent. »