S’il y a une certitude qui se dégage d’une entrevue avec Gerry Goudreau, c’est qu’il ne restera pas inactif bien longtemps. Prenons le moment de sa retraite du milieu de l’enseignement en juin 1996. « À midi, je remettais mes clés de l’école et à 13 h j’allais ouvrir les portes de Taïga Building Supplies » confie Gerry, sourire en coin.
Pendant les 35 années de Gerry et Rose Goudreau vécues dans le Nord, Gerry a touché à tout : enseignant, conseiller en orientation, partenaire dans une compagnie de construction et d’une entreprise de matériaux de construction, gérant de la caisse populaire des enseignants du South Slave, commissaire scolaire, bénévole dans de multiples organisations, père et époux. Il semble qu’il n’y a pas un seul chapeau que Gerry Goudreau n’ait arboré à un certain moment donné.
L’enseignement
En 1971, Gerry, Rose et les quatre enfants arrivent de Beaumont. L’autorité scolaire de district était à la recherche d’un couple d’enseignants (deux postes mais une seule maison disponible). C’est l’année de la construction de l’école Diamond Jenness. Gerry a aimé sa carrière de 12 ans comme enseignant mais ce sont surtout ses fonctions de conseiller en orientation qui lui ont le plus plu, poste qu’il occupera dès 1983 pendant 13 ans.
« 20% de mon temps, c’était comme conseiller mais l’autre 80%, c’était d’écouter les adolescents avec leurs problèmes d’adolescents, les problèmes avec les amis, ou les parents » précise Gerry. Gestion de crise après des suicides, maternités adolescentes ne sont que quelques-uns des défis qu’il a û relever durant ses 13 années comme conseiller. «On avait même créé une garderie pour aider les jeunes mères aux études. » Malheureusement, la garderie fermera après 3 ans.
Durant cette période, Gerry aura aussi vu la naissance, en 1972, l’essor, puis la fermeture des caisses populaires des enseignants des TNO qu’il a aidé à créer.
Une vie en français difficile
Engagé d’abord pour faire avancer le dossier de l’obtention du signal de Radio Canada à Hay River, Gerry ne se joindra pas à d’autres dossiers francophones avant que ne soit créé le comité de parents qui travaillait à la mise en place d’un programme d’enseignement de français à Hay River. « Je me suis joint en remplacement de JoAnne Connors, qui avait besoin d’une pause » mentionne Gerry.
Partie d’un petit village francophone (Beaumont, en banlieue sud-est d’Edmonton), Gerry et sa famille se sont donc retrouvés à Hay River, une petite ville presque totalement anglophone.
« Mes jeunes ont tout perdu leur français et moi-même je commençais à perdre mon français, explique Gerry. J’avais pu de spontanéité, je perdais mon vocabulaire. Ce qui m’a sauvé, c’est quand je me suis impliqué ». En effet, après le comité de parents, c’est la commission scolaire francophone puis l’Association des aînés francophones du Canada qui va accaparer le temps bénévole de Gerry. Côté français, il y a une forte lueur d’espoir pour sa plus jeune, Simone : « Elle travaille à l’école Sissons puis elle sort avec Martin, mais ça je sais pas si on peut le dire. » Eh oui, Gerry! C’est pas un secret!
Terre d’opportunités
« On a beaucoup aimé notre expérience dans les TNO. On a pas de regret, lance Gerry. C’est une petite place et j’ai pu faire des choses que je n’aurais pas pu faire ailleurs ». Parmi ces activités spéciales que Gerry a pu réaliser, il mentionne qu’il a représenté les TNO a un tournoi national de curling, qu’il a été le délégué des TNO et de l’Alberta à une convention des Chevaliers de Colomb à Washington, qu’il représentait les TNO auprès de L’Association des ainés francophones du Canada
Se rapprocher des petits-enfants
En retournant à Beaumont, Gerry ne retrouvera pas son petit village francophone natal de 50 maisons. «Maintenant il y a 10 000 maisons et c’est surtout anglophone. Il y a même plus d’école française ». Même s’ils laissent derrière leur plus jeune et le frère de Gerry, Simon, ce déménagement permettra cependant au couple Goudreau de se rapprocher de leurs cinq petits-enfants dont trois sont en Alberta et deux vivent en Colombie-britannique. Et c’est pas comme s’ils n’étaient pas près à revenir en visite. « Il y a Simone et plusieurs amis qui sont encore ici, sans compter qu’on a toujours notre chalet à King Lake au nord de Fort Smith » souligne Gerry.