le Jeudi 8 mai 2025
le Vendredi 3 novembre 2006 0:00 | mis à jour le 7 mai 2025 3:11 Société

Le Nord toujours plus criminel que le Sud

Le Nord toujours plus criminel que le Sud
00:00 00:00

Les trois territoires du Nord sont encore les champions de la criminalité au Canada, révèle une enquête de Statistiques Canada publiée cette semaine.

Selon les données les plus récentes, il se commet en moyenne quatre fois plus de crimes dans le Nord que dans les provinces, soit un crime pour trois habitants dans les territoires contre un crime pour 13 habitants dans les provinces. Ainsi, en 2005, alors qu’ils ne représentent que 0,3 % de la population canadienne, les résidents du Nord ont commis 1,4 % de tous les crimes du pays.

La grande majorité (65 %) des crimes rapportés dans les trois territoires avaient trait aux « autres infractions » du code criminel, notamment la contrefaçon, les méfaits et le fait de troubler la paix. Les crimes dits violents (agressions, voies de fait, vols qualifiés, homicides) comptait quand même pour 17 % de toutes les infractions commises dans le Nord, un taux plus élevé que dans le reste du pays où ces crimes représentent 12 % des infractions.

Des trois territoires, ce sont les Territoires du nord-Ouest qui remportent la palme de la criminalité avec un crime pour 2,4 habitants en 2005. Suivent ensuite le Nunavut (un crime pour trois habitants) et le Yukon (un crime pour 4,5 habitants). C’est cependant au Nunavut que le taux de crimes violents est le plus élevé.

Corollairement, le taux de victimisation est sensiblement plus élevé dans les territoires que dans les provinces. Une enquête téléphonique menée auprès de 1300 résidents du Nord révèle que vivre au Nord du soixantième parallèle augmente d’environ trois fois vos chances d’être victime de crime. Quatre répondants sur dix ont affirmé avoir été victime d’au moins un acte criminel l’an dernier, en particulier d’agression sexuelle, de vol qualifié et de voies de faits. De ces crimes, tout juste trois sur dix ont été signalés à la police, un taux similaire à celui des provinces.

Dans 80 % des cas, la victime connaissait son agresseur, contre 56 % des cas du côté des provinces. Enfin, davantage de ces crimes (43 %) ont causé des blessures à la victime que dans les provinces (25 %).

Bevington

Ces statistiques accablantes ont ému le député de Western Arctic, Dennis Bevington, qui en a fait part à la Chambre des communes, le 31 octobre.

« Le gouvernement doit prendre des mesures pour aider les habitants du Nord, des mesures assurant l’avènement d’une société meilleure », a déclaré le député néo-démocrate dans l’enceinte du Parlement.

Bevington a déploré les coupes dans les programmes sociaux, annoncées dernièrement par le gouvernement conservateur. D’après lui les compressions budgétaires vont empirer la criminalité dans le Nord en fragilisant davantage la situation des habitants les plus défavorisés.

« Le gouvernement ne comprend pas ce qui améliorerait la vie des Canadiens, ce qui explique pourquoi il a réduit le financement des programmes d’alphabétisation, des organismes bénévoles et de Condition féminine Canada. Ces programmes et organismes ne représentent pas des dépenses inutiles qu’on peut supprimer. Ils constituent les fondements d’une société meilleure. Ce que veut le gouvernement, en fait, c’est plus de chômage en raison d’un taux d’analphabétisme plus élevé, ce sont des collectivités privées d’indispensables bénévoles et ainsi fragilisées, ce sont des femmes laissées à elles-mêmes sans personne pour les protéger. Tout cela entraînera une recrudescence de la violence dans le Nord, et non une diminution », a lancé Bevington.

Pour terminer sur une note plus heureuse, signalons que malgré que les résidents du Nord sont objectivement plus susceptibles que ceux du Sud d’être victimes de crime, ils ne semblent pas s’en faire trop avec ça. Plus de la moitié (54 %) des répondants de l’enquête de Statistiques Canada se sont dits « très satisfaits » de leur sécurité personnelle, alors que dans les provinces ils ne sont que 44 % à en dire autant De même, alors que 76 % des répondants du Sud ont affirmé « prendre des mesures pour accroître leur sécurité » – c’est-à-dire barrer leurs portes – dans le Nord, seulement 64 % des répondants le font.