Sans pour autant critiquer le gouvernement Harper pour ses investissements militaires destinés au maintien de la souveraineté nationale dans l’Arctique, les trois premiers ministres des territoires nordiques unissent leurs voix pour faire avancer « l’aspect humain de la souveraineté dans l’Arctique ». « Avoir des gens ici, dans le Nord, c’est la meilleure façon de maintenir notre souveraineté », affirme le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Joe Handley, à l’issue de la rencontre avec ces homologues du Nunavut et du Yukon.
« Nous sommes d’avis que la façon la plus efficace d’augmenter la présence canadienne dans l’Arctique, c’est d’améliorer les services [aux résidents] », poursuit-il en s’empressant d’ajouter que cela ne signifie pas que l’approche militaire doit être écartée pour autant.
Handley identifie en premier lieu l’accès au logement comme priorité pour assurer la souveraineté, mais mentionne aussi le développement des infrastructures publiques et la réduction du coût de la vie.
Formule de financement
Les trois premiers ministres ont réitéré leur appel à un renouvellement de la Formule de financement des territoires. Les territoires réclament une formule plus souple ajustable en fonction des besoins spécifiques de chaque territoire, plutôt que le présent modèle où une cagnotte fixe est séparée entre les trois territoires selon l’humeur d’Ottawa. La nouvelle formule, insistent les premiers ministres, devra tenir compte des coûts plus élevés dans le Nord et du besoin de rattrapage des territoires par rapport aux provinces du Sud.
« Les ministres des finances des provinces rencontrent le ministre fédéral [Jim] Flaherty en décembre, note Joe Handley. Nous voulons être représentés et nous sommes déterminés à ne pas laisser cette occasion filer. »
Les trois territoires feront front commun pour qu’une nouvelle formule de financement soit en place dès l’exercice financiers 2007-2008. Handley rappelle l’importance pour son territoire et celui du Nunavut de régler le débat sur la dévolution de pouvoirs similaires aux provinces et le partage des revenues provenant des ressources. Avec de telles ententes, les deux territoires auraient la responsabilité de la gestion des terres, du sous-sol et de l’environnement de leur juridiction et pourraient prélever sans intermédiaire des royautés sur les ressources exploités chez eux.
Même s’il admet que le piétinement manifeste de ce dossier l’exaspère (« Ça fait 20 ans qu’on pousse pour que ça se produise », note-t-il), Joe Handley demeure confiant quant à la possibilité de la conclusion d’une entente de principe dans un avenir plus ou moins rapproché. « Je pense que nous sommes plus près d’un règlement que nous ne l’avons jamais été, lance-t-il. Nous sommes impatients de retourner à la table de négociations. »
Il estime qu’il « n’est pas impossible » qu’un accord sur le partage des revenus survienne avant la mise en chantier du gazoduc du Mackenzie, une vache à lait potentielle pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Mais il ne voit plus le début des travaux comme un échéance pour les négociations.