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le Vendredi 9 février 2007 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Société

L’Aquilon s’intéresse de proche à ses lecteurs: Michel Labine de Fort Smith. Nos lecteurs le disent: Des histoires à raconter

L’Aquilon s’intéresse de proche à ses lecteurs: Michel Labine de Fort Smith. Nos lecteurs le disent: Des histoires à raconter
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Depuis plus de 25 ans, Michel se promène de place en place aux Territoires. Son travail au sein du ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles l’a placé à Yellowknife puis Tulita, Fort Liard, et finalement Fort Smith depuis 1999. Mais depuis quelques années, des problèmes de santé l’empêchent de travailler et Michel vit paisiblement avec sa femme Colette et ses deux enfants Nicole et Jon.

Colette et Michel ont un passe-temps, ils confectionnent des pièces d’artisanat. Colette pratique la courtepointe, une technique de couture nécessitant l’insertion d’une couche de matériau comme de la laine, entre deux autres tissus tenus par des piqûres décoratives. Michel crée des vitraux, d’après une technique qu’il a apprise en 1993 à Edmonton. « C’est un ouvrage que je peux faire malgré ma santé, j’aime beaucoup travailler le verre et faire les contours de plombs. Je pratique aussi une autre technique où le verre atteint son point de fusion à 1800° Celsius dans un four à cuisson » explique M. Labine. Durant le mois de mars, il supervisera un atelier de vitrail au musée de Fort Smith, les personnes inscrites auront la chance de finaliser une œuvre sur une période de trois à quatre semaines.

Si le nom de famille Labine vous dit quelque chose, c’est bien normal, le prospecteur qui a découvert les gisements de radium et d’uranium du Grand Lac de l’Ours était son arrière grand oncle Gilbert Labine. « D’ailleurs, explique-t-il, la vie a voulu que je sois affecté aux activités de nettoyage de Port Radium dans le passé, et le premier jour où je suis arrivé à Fort Norman, l’ancien nom de Tulita, une dame de la place m’aborde et me donne des gros becs en me disant que la dernière fois qu’elle m’a vu, j’étais sur les genoux de mon grand-père. En fait elle parlait d’un de mes cousins qui me ressemble car je n’avais jamais mis les pieds dans ce village de ma vie. Nous sommes devenus de bons amis par la suite ».

Toutes ces années dans le Nord lui ont apporté un lot d’expériences et d’anecdotes qu’il est prêt à conter. Il aimerait un jour, faire un recueil des ses aventures, comme la fois où accompagnant un Inuit à la chasse à l’ours, ils restèrent enfermés dans une cabane, un « match box » comme il dit, avec l’ours qui essayait de défoncer le châssis et de rentrer par un trou en bas du mur. Les fusils étant à l’extérieur, il prit une poêle et cogna sur le museau de l’animal. Ils purent sortir sans crainte et achever la proie. L’histoire veut que la peau blanche qui s’étend sur le mur de son salon ne révèle aucune déformation au niveau de la tête de l’ours.

Michel se rappelle le temps où l’accès à l’information en français était plus difficile que maintenant « j’écoutais le dimanche matin la radio française qui émettait trois heures hebdomadaires sur les ondes de CBC, maintenant c’est facile, le journal arrive chez nous. Je suis très content du contenu de L’Aquilon, pour moi ce qu’il y a d’important c’est les activités culturelles, savoir ce que les autres communautés organisent et comment cela se passe. Les reportages sont complets et ça me donne une perspective différente ». Michel a grandi en français, mais ses études se sont déroulées en anglais. Après ces années dans le Nord, il est heureux de connaître encore sa première langue. Il glisse dans la conversation : « Les enfants vont en classe de francisation à Fort Smith, nous avons des amis avec qui nous parlons français, mais c’est dur de lire en français. La seule chose que j’ai sous la main pour me pratiquer c’est la bible dans les deux langues…»