Résident du village de Norman Wells depuis 22 ans, Paul Rivard a, de mémoire, toujours reçu l’hebdomadaire ténois.
« Il y a beaucoup de choses qui ont changé dans le journal depuis 20 ans. Il est pas mal mieux qu’avant. C’est vrai, il y a de la couleur à présent. Et puis les articles sont plus nombreux, ils me donnent un meilleur contact avec la communauté francophone. » Paul ajoute qu’il n’a pas gardé tous les numéros, la plupart ont fini au recyclage ou comme papier pour allumer son poêle.
D’ailleurs, le feu fait partie de son travail. Employé du gouvernement territorial, il occupe le poste de gestionnaire des forêts et veille sur les feux dans la région du Sahtu. « Je viens du Manitoba, et en 81 je suis allé à Yellowknife pour une visite. Finalement, je suis resté, car j’avais à l’époque un travail avec la compagnie d’aviation NWT Air. Mais un jour, les installations où je travaillais ont pris feu, et ensuite je ne me suis pas plu au nouveau poste auquel j’ai été assigné. Alors, je suis allé prendre le cours de ressources naturelles à Fort Smith, et avec mon diplôme, j’ai pu choisir entre Fort Simpson, Fort Liard ou Norman Wells comme lieu de travail.»
Son poste l’occupe habituellement durant les heures normales de travail, mais quand il est sur appel, il est mobilisé sur de plus longues périodes. « En fait, nous allons un peu partout, ça dépend où se trouve le feu. Nous allons même descendre en Alberta et en Colombie-Britannique pour les aider. Je suis allé dans presque toutes les régions des Territoires. Les feux se déclenchent le plus souvent avec les éclairs dans nos forêts, parfois c’est l’homme qui est le responsable. Nous combattons aussi les feux dans la région au sud de Tulita; les feux proviennent des veines de matières organiques qui prennent feu dans les gisements de charbon et se répandent sur la végétation avoisinante. Ces feux sont difficiles à maîtriser et impossibles à prévenir. »
De toutes les régions, Paul Rivard préfère celle de la vallée du Sahtu. C’est surtout pour ses montagnes et le Grand lac de l’Ours. Il admire la vallée aussi, et s’enchante encore des couleurs que produisent les couchers de soleil sur les montagnes. « J’apprécie toutes les saisons ici, j’aime la nature et la topographie de la place. J’affectionne la lueur permanente de l’été et la succession rapide des levers et des couchers de soleil en hiver. Il y a toujours de beaux ciels. Mais si j’aime les montagnes, je suis heureux de ne pas y vivre, car c’est un obstacle de plus à la lumière du Nord. Je suis content d’être à Norman Wells, dans la vallée. Ici, il y a cinq à six familles francophones, nous sommes environ 800 habitants et le 737 de Canadian North nous rend visite chaque jour! »
Depuis quatre ans, Paul attend patiemment le droit de déposer son nom pour le tirage des permis de chasse aux bœufs musqués. En effet, en 2002, il a eu du « succès » comme il dit. La loi lui imposant ce délai avant de retenter sa chance, il espère être l’un des deux résidents du Sahtu non autochtones à pouvoir tirer un animal durant la saison du 15 août 2007 au 31 mars 2008. « Habituellement nous localisons le troupeau par reconnaissance aérienne ou avec des motoneiges. Nous devons ensuite avancer vers les bêtes à pied, car il est interdit de les approcher à moins de 1,5 km avec nos engins. Nous tuons l’animal et le débitons sur place. Enfin, nous gardons la peau et partageons équitablement les quelque soixante livres de viande que la bête nous donne. »
Alors, en résumé, si vous voulez le rendre heureux, donnez un Aquilon à Paul, il le lira et puis fera un feu sécuritaire pour cuire son butin de chasse devant un coucher de soleil sur les montagnes de la vallée du fleuve MacKenzie…