À l’âge de 23 ans, Angie Narvaez quittait sa Colombie natale pour s’établir au Canada, loin des conflits qui rongent son pays. Réfugiée politique, elle s’établit à Trois-Rivières, au Québec, où elle apprend une nouvelle langue et se construit une nouvelle vie. À peine quelques années plus tard, elle se retrouve à Yellowknife, où elle doit encore une fois apprendre une nouvelle langue et s’adapter à un nouveau mode de vie.
Établie à Yellowknife depuis moins d’un mois avec son copain militaire, Angie Narvaez découvre la ville qu’elle habitera pour les prochaines années. Si l’urbanisme éclectique de la ville et son allure esthétique ne l’impressionnent pas, elle en a beaucoup à dire sur « sa chaleur » et l’hospitalité de ses habitants. « Ici, il y a cette couleur que je ne pourrais pas décrire. Ça pourrait être la culture autochtone », dit-elle.
Si l’arrivée d’Angie à Yellowknife se fait en douceur, les quelques semaines qui ont précédé sa venue à Trois-Rivières ont été marquées par l’anxiété. « J’imaginais que ce serait plus facile de s’intégrer. On pense qu’on peut apprendre une langue rapidement, mais ce n’est pas vrai », raconte celle qui n’avait alors aucune notion de français.
En arrivant en Mauricie, Angie n’a toutefois pas été laissée à elle-même. Comme réfugiée, on lui a donné accès à un logement, on lui a donné des cours de français et elle a pu rencontrer des membres de la communauté colombienne qui l’ont introduite aux coutumes et aux usages québécois. Après un an et demi de leçons de français, elle s’est inscrite à l’université en marketing. C’est par la suite qu’elle a rencontré son conjoint qui a été muté dans la capitale ténoise.
Ne connaissant aucun mot d’anglais, Angie doit tout recommencer. Elle a repris contact avec l’organisme « Nouveaux arrivants », qui accueille les immigrants qui se retrouvent à Yellowknife.
Bien sûr, ce nouveau départ n’était pas sans soulever certaines craintes chez la jeune colombienne. « Au début, j’avais peur d’avoir à tout recommencer et d’avoir encore une fois à m’intégrer. Je ne voulais pas venir, mais ma relation avec Yves est solide et j’ai commencé à y voir les bons côtés », dit-elle.
Parmi ces points positifs, Angie voit la possibilité de s’établir dans une ville éloignée. « La plupart des immigrants s’établissent dans les grandes villes, explique-t-elle, ça me donne l’occasion de découvrir un endroit que beaucoup de gens aimeraient voir. En plus, si j’ai pu apprendre le français, je peux aussi apprendre l’anglais. Je veux d’ailleurs apprendre quatre langues au total ». Pour elle, la ville de Yellowknife lui offre aussi une belle opportunité de fonder une famille. Angie remarque aussi que comme plusieurs personnes ne sont pas natives des TNO, elle n’est plus la seule à se sentir nouvelle en un endroit. « Dans un certain sens, tout le monde se comprend. Je me sens canadienne-française et c’est comme si j’avais grandi au Québec, même si j’y suis arrivée à 23 ans », déclare-t-elle avec ses expressions et intonations tirées du terroir québécois, mais enveloppées sous un charmant accent hispanophone.
Depuis son arrivée à Yellowknife, elle affirme mieux comprendre pourquoi les francophones défendent si farouchement leur langue et leur culture. Lorsqu’on lui demande quels sont ses plans pour les prochaines années, elle répond aussitôt qu’elle désire s’impliquer auprès de la francophonie et des nouveaux arrivants. Lorsqu’elle maîtrisera la langue anglaise, elle se cherchera du travail dans le secteur social, dit-elle.