La première fois qu’il a mis les pieds dans le Nord, c’était pour embarquer sur un bateau à Hay River. Tout juste après une année dans la Marine Nationale du contingent d’Halifax, ce jeune marin est parti pendant l’été 1983, arpenter le chenal du fleuve Mackenzie. C’était le temps où les compagnies Northern Arc et Arctique Offshore roulaient encore et que le ministère des Travaux publics avait la responsabilité des voies navigables.
Les étés sur l’eau et les hivers à voyager ! C’était la liberté de Christian. Un jour, il s’est fatigué de bourlinguer. « Une fois, dans le milieu des années 1990, j’ai loué une petite maison dans une île des Philippines. Je suis parti le 21 septembre et je suis revenu le 21 mars. C’est cette fois-ci que j’ai rencontré Janette, ma femme. Ensuite c’est là que je passais tous mes hivers. Antonio, Véronica et Christina sont tous les trois nés à la maison aux Philippines. Ensuite la famille est venue s’installer ici en 2001. »
Christian travaille maintenant pour la Garde côtière depuis neuf ans. Mais s’il longe toujours le cours du fleuve, il le fait maintenant par voie des airs. « Depuis quatre ans, je pars en hélicoptère pour faire l’entretien des tours de navigations le long du Mackenzie. Je change les lumières défectueuses, je vérifie l’état des panneaux solaires. C’est un gros changement au niveau du voyage, car je ne pars normalement que cinq à six semaines durant l’été. Je ne suis plus isolé sur un bateau amarré à un arbre à chaque soir, au contraire, je retourne dans une place où il y a du monde. De plus, j’ai beaucoup de temps à la maison, alors j’en profite pour me porter volontaire et pour faire des choses en ville. Maintenant, j’ai une hypothèque et tout le reste, alors même si j’ai quitté les bateaux, je me suis aussi ancré pour longtemps à Hay River. »
Notre abonné aime sa ville, avec toutes celles qu’il visite dans le Nord, il pense que c’est vraiment la ville idéale pour lui. « Ici, il n’y a pas de McDo, ni de Tim Hortons. Tu as déjà tout ce dont tu as besoin, et c’est bien que les enfants ne soient pas tenté par trop de consommation. Les entreprises sont locales et j’aime le fait que depuis le temps que je vis ici, il n’y a pas eu de gros boom démographique ou économique. Tout à évolué tranquillement et j’aime ça. »
Dans sa communauté, Christian occupe le poste de vice-président de l’Association Franco-culturelle de Hay River. Un poste qu’il tient depuis un an. « Le 22 septembre, nous fêtons le 20e anniversaire de l’asso. Je trouve qu’elle est mature maintenant. Nous avons pignon sur rue et nous faisons de plus en plus un travail professionnel grâce à Catherine, notre agente de développement. Par exemple, pour le 20e, nous organisons un concert. C’est la première fois, pour moi qui ne suis pas souvent là, que je vais assister à un gros show comme ça à Hay River. Ça montre comment l’AFCHR se porte bien, et grâce à un catalyseur comme l’école nous rejoignons plus de monde. »
Par rapport à son journal francophone, Christian est content de le lire à chaque semaine. « C’est le seul journal régional de gauche! C’est le seul dont les articles où les éditoriaux remettent en question le gazoduc et nous informe sur les changements climatiques. Les articles vont plus en profondeur dans la politique territoriale et fédérale, il ne fait pas figure de chien écrasé comme les autres. Je me rappelle même du coup de gueule d’Alain, dans un éditorial sur le prix du gaz à la pompe! »