Jeanne et Guy sont un couple rempli de vigueur, d’accomplissements et de projets. Ils sont établis à Fort Smith depuis l’an 1964. Mariés depuis 50 ans, ils revivent avec plaisirs les souvenirs de toutes ces années et considèrent que leur arrivée dans le jardin des Territoires date seulement d’hier.
« C’est en quittant l’Alberta que nous nous sommes installés ici. C’était comme arriver chez nous. Il faut dire que les parents de Guy étaient déjà à Fort Smith depuis quelques années », raconte Jeanne. Guy avait un poste au gouvernement avec le ministère des Travaux publics de l’époque. « Je reparais tout, constate Guy. C’est bien simple, de la scie mécanique à la machinerie lourde, j’ai touché à tout pendant ces trente ans et je me déplaçais partout dans les Territoires. »
Quand ils sont arrivés, les parents possédaient un lopin de terre autour de leur maison. Le jeune couple en reçu une partie et on construit la maison qu’ils habitent encore aujourd’hui. Jeanne se rappelle que la vie se passait dans cette maison. « Je suis arrivé ici avec cinq enfants d’age préscolaire. Notre dernier est né ici, alors je gardais mes enfants et quelques autres à la maison ». Autrefois, les rues de Fort Smith n’avaient pas de nom défini, et la rue Ste-Anne sur laquelle est maintenant située la maison des LeGuerrier n’était composée que de boisé alentour. De toute la marmaille, qui remplissait de vie ce coin de la ville, a découlé le nom de Sesame Street qui fait encore figure de nom officiel pour la rue chez quelques anciens.
Jeanne et Guy se remémorent le temps de leur jardin, des champs de patates pour les communautés catholiques, l’éducation en Anglais pour leurs enfants et les anecdotes des premiers jours d’école pour leurs petits francophones, ainsi que les premières années de l’Association des francophones de Fort Smith.
Aujourd’hui, le terrain familial est divisé en trois, les deux maisons voisines des LeGuerrier sont habitées par les familles de deux de leurs garçons. Le couple est à la retraite, il n’y a plus de jardins autour de la maison. Guy a vendu sa motoneige, car il fait trop froid, et d’après Jeanne quelques uns de leurs petits-enfants iraient certainement à l’école en français si ce service était offert. Ils gardent tous les deux de belles occupations. Jeanne confectionne toute sorte d’artisanat dans son atelier de couture qu’elle a installé dans une chambre de sa maison. Guy retape des voitures de collection pour le plaisir et fait le tour du quartier avec ses petits-enfants dans une coccinelle de 1959. La vie passe vite, mais ils vivent heureux dans le Nord. Jeanne argumente qu’ils ne quitteront pas cette ville, qu’il y a plein de belles places à voir mais qu’elles ne sont pas toutes à vivre. De toute façon, ils n’ont jamais eu besoin des gros magasins et après une semaine de voyage à Edmonton, ils en ont déjà assez. Ils aiment la vie plus tranquille, c’est simple. Même s’ils en ont vu beaucoup partir, ils ont encore des amis ici. Ils constatent que les connaissances qui leur restent dans le Nord sont des amis autochtones qui sont établis ici et qui eux non plus ne partiront pas pour le Sud.