La compagnie Excentrik, spécialisée dans le tatouage et le perçage, s’est déplacée pour la troisième fois à Hay River pour servir une clientèle variée et intéressée. Accueillis par Forward, le magasin de skateboard de la place, deux professionnels de cette compagnie québécoise ont travaillé hardiment pendant leur séjour de deux semaines. Au total plus de 50 clients ont bénéficié de leur expérience.
Le propriétaire et le perceur d’Excentrik, Yanick Bleau, se sent privilégié d’offrir ses services aux gens d’ici. Accompagnés par Patrick Morency, le tatoueur, ils offrent à leurs clients une gamme d’interventions qui s’adaptent à toutes les régions du corps. Du populaire tatou tribal au perçage facial en passant par le marquage au feu (Branding en anglais), les deux hommes pratiquent les modifications corporelles viables, mais pas toutes raisonnables qu’on leur demande. « Tout commence par un bon environnement où les outils sont soumis à une procédure de stérilisation par autoclave, explique Yanick Bleau. On explique aux clients nos techniques et le sérieux de nos procédures. Les gens nous parlent de leur idée et nous évaluons toujours leur portée avant de modifier leur corps. Je n’accepterai pas qu’un jeune de 18 ans veuille inscrire des insanités sur son visage ou ses mains, je vais lui dire de revenir dans dix ans et s’il veut encore le faire là je pourrais changer d’avis. Je ne veux pas faire quelque chose de juste cool, il faut que le client soit conscient de son choix. Notre but premier est d’informer. À Montréal, nous opérons une échoppe sur mesure pour les tatous, c’est-à-dire que nous élaborons un dessin avec le client et il repart avec un tatouage personnalisé. N’ayant pas beaucoup de temps à Hay River, nous utilisons plus un catalogue, mais les clients qui nous attendaient ont pu nous envoyer leurs idées et nous avons travaillé des dessins pour eux que l’on a tatoués ici. Ensuite nous leur expliquons les meilleures pratiques pour les soins à apporter aux perçages ou aux tatous ».
Yanick Bleau fait partie de l’Association des perceurs professionnels, il opère dans le métier depuis onze ans. C’est l’aspect technique et médical qu’il l’a attiré à percer. « Il faut connaître l’anatomie humaine, savoir comment réagissent les différents tissus adipeux et utiliser des procédures hygiéniques avec des outils stériles. La modification corporelle est une façon d’orner son corps, il faut être avisé, car tous les emplacements ne sont pas viables. L’idée d’un perçage est qu’il soit permanent lui aussi. Nous offrons des bijoux de très bonne qualité, sans métaux lourd, où toutes les pièces sont serties et non-colées. Ces méthodes couplées à la stérilisation diminuent de beaucoup les problèmes comme le rejet ou l’infection », déclare-t-il.
Tout d’abord vue comme un phénomène de mode dans nos sociétés modernes, la tendance aux modifications corporelles s’est implantée de plus en plus dans nos mœurs, et bénéficie maintenant de réels statuts de beauté. Ainsi dans le monde actuel, cette pratique est considérée comme une forme d’art corporel qui est incontestablement puisée des rituels d’innombrables tribus anciennes ou contemporaines. Elle regroupe le perçage facial, oral, génital, corporel et celui de surface. Se retrouve aussi l’étirement d’un perçage (Stretching) communément pratiqué sur le lobe de l’oreille. Un autre procédé implique la création de cicatrices soit par le marquage au feu soit par des coupures au sang (Cutting) à l’aide d’un scalpel. Cette scarification résulte de l’ensemble de ces marquages humains pouvant créer des dessins permanents précis et élaborés.
Pour ceux qui ont manqué cette occasion d’embellir leur corps, Excentrik espère revenir dans le Nord pendant l’été 2008, histoire de ne pas toujours travailler à la noirceur.
