Yellowknife est entrée dans ma vie à la fin du dernier mois d’août, enfin, après ces innombrables heures d’arbres de plus en plus petits qui ont défilé devant mes yeux alors que j’étais dans l’autobus. Depuis, elle ne cesse de me surprendre.
Eh oui, je suis monitrice de français. J’ai commencé l’année scolaire à l’école William McDonald (6e à 8e année) et l’ai poursuivie dès novembre à J.H. Sisson (maternelle à 5e année). Je côtoie dans mon quotidien des jeunes qui ont choisi le programme d’immersion française. Nous sommes un peu dans le même bateau. Comme eux, j’apprends une deuxième langue. Ils m’apprennent énormément. Leur spontanéité m’apprend à avoir moins peur de faire des erreurs alors que, de mon côté, je fais de mon mieux pour organiser des activités qui rendent la langue française la plus divertissante possible. C’est un beau partage ; je me considère vraiment chanceuse de pouvoir faire ce travail! Ces enfants sont des personnes fantastiques à côtoyer.
Après avoir fait de l’animation pendant plusieurs années dans des camps de vacances, j’ai cru qu’être monitrice de français pouvait être une bonne continuité et, surtout, il y avait là une belle occasion d’essayer d’habiter dans le Nord pendant un an. Autrement, ce dernier me semblait tellement impossible d’accès. Bel exemple de mon ignorance d’il y a quelques mois. J’ai découvert – et je découvre encore chaque jour qui passe – un endroit rempli de possibilités de se réaliser dans énormément de domaines.
Et comment serait-il possible de passer à côté de l’hiver ? Pour ceux qui lisent ces mots et qui sont ici depuis toujours, j’espère ne pas sombrer dans la banalité en disant que, de mes sens qui expérimentent l’hiver, le vrai, pour la première fois, ce dernier est empreint de poésie. L’hiver tellement froid qu’il rend sans doute plus fort. L’hiver avec ses bourrasques qui soulèvent la neige dans un nuage volatile. L’hiver qui dépose une couche de mascara blanc sur les cils des passants. L’hiver qui nous force à vivre à son rythme ; nous ressentons peut-être tous un peu le besoin d’hiberner un peu. L’hiver, avec ses levers de soleils. Malgré les heures de lumière réduites, je crois bien que je n’ai jamais vu autant de levers de soleil que depuis que j’habite à Yellowknife. De plus, le soleil est tellement bas que la neige n’est plus blanche. Elle est bleue, violette, grise.
Une autre belle découverte est celle de la communauté franco-ténoise, pleine de vitalité. Pour être honnête, je n’avais aucune idée qu’il y avait autant de francophones au Canada en dehors du Québec. Cela donne envie d’être solidaires dans ce qui nous rassemble, mais aussi de le partager avec les autres. Et grâce à mon travail de monitrice, c’est exactement l’opportunité que j’ai : partager cette belle langue française avec des jeunes qui sont en train d’apprivoiser cette dernière.
Je croyais être brièvement de passage ici et repartir vers d’autres horizons dès l’été, mais voilà que je me sens déjà l’envie de rester un peu plus longtemps, histoire de voir ce cycle boucler la boucle avec ses journées estivales interminables. Après l’hiver, viens le printemps et vraiment, pour moi, ça risque d’être encore plus surprenant. Déjà février et les jours commencent sérieusement à allonger! Bon courage à tous ceux qui ont froid!