L’idée lui avait traversé l’esprit à plusieurs reprises, mais elle n’avait jamais eu l’occasion. C’est finalement lorsqu’elle a reçu un coup de fil de la Fédération franco-ténoise (FFT) que Dorice Pinet a compris qu’elle vivrait enfin son rêve d’habiter dans le Nord.
Cette Acadienne de la région de Caraquet, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, a été embauchée en janvier par la Fédération à titre de directrice adjointe et chef de projet. Elle est entrée en fonction le 4 février dernier. Dorice Pinet a travaillé pendant pratiquement toute sa vie dans le secteur communautaire et culturel au Nouveau-Brunswick. Depuis douze ans, elle occupait un poste de responsable du réseau des tournées et du développement public pour le Théâtre populaire d’Acadie, une organisation qui a comme mandat de faire la production et la diffusion de pièces de théâtre de tout genre aux Maritimes
« Ça fait une trentaine d’années que je travaille dans le domaine du développement communautaire et artistique. Et puis, le nord du Canada m’avait toujours intéressé. Là, j’étais en période de réflexion depuis six mois. Je m’étais fixé le Nord comme prochaine étape de ma vie. Ça m’intéressait et ça m’interpellait », raconte-t-elle.
Dorice est la preuve vivante qu’il n’y a pas d’âge pour venir s’établir dans les Territoires du Nord-Ouest, elle qui est rendue à un stage où plusieurs envisagent la retraite. « Je suis encore en bonne santé et je sais que je suis encore capable de réaliser d’autres projets. Je n’ai pas de conjoint, ma fille habite au Québec, je n’avais pas d’empêchement nulle part. Je me disais aussi que j’avais quelque chose à donner et quelque chose à apprendre », poursuit la nouvelle arrivante.
Un projet pour les aînés
En plus d’apporter un soutien au directeur général, Léo-Paul Provencher, dont la charge de travail était devenue incommensurable avec les années, Dorice Pinet aura la responsabilité de mettre sur pied de nouveaux projets. L’un de ceux-ci ciblera la catégorie des aînés. « Nous recherchons à regrouper les aînés des régions francophones des TNO. Nous voulons voir où ils se trouvent et où ils se tiennent. Nous voulons les regrouper et leur offrir des services. Le premier service que nous voulons leur offrir, ce sont des cours en français d’initiation à l’Internet et aux ordinateurs. Nous voulons également commencer une série de capsules radio. Nous allons peut-être aussi cogner à la porte de L’Aquilon pour présenter des chroniques qui s’adressent à eux. Nous voulons faire ça un peu pour briser l’isolement », souligne Mme Pinet. Mais sont-ils nombreux aux TNO ces aînés de langue française? C’est justement ce que la directrice adjointe tentera de voir dans les prochaines semaines alors qu’elle partira à leur recherche. D’ailleurs, elle lance déjà un appel à tous les Franco-ténois de 55 ans et plus de la contacter car elle aimerait beaucoup avoir la chance de les connaître et de partager avec eux.
Un autre projet qui devrait lui demander beaucoup d’énergie est le dossier de l’accueil des nouveaux immigrants, dont elle héritera de la responsabilité. Rappelons que la FFT a mentionné à maintes reprises dans le passé qu’elle aimerait mettre sur pied des mécanismes pour faciliter l’arrivée et l’intégration de membres de différentes communautés culturelles aux TNO.
Des enjeux différents
Dorice Pinet avait déjà entendu parler de la FFT par le passé et savait qu’il s’agissait d’une organisation qui représente et défend les intérêts des Franco-ténois, comme le fait la Société des Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick dans sa province natale. Cependant, avant de déménager à Yellowknife, elle ne connaissait pas vraiment les défis et problématiques propres au territoire. Arrivée dans le Nord depuis moins de trois semaines, Dorice constate déjà quelques différences entre la francophonie des TNO et celle du Nouveau-Brunswick et de l’Acadie. Elle note que le contexte de minorité est beaucoup plus marqué ici et que les revendications francophones sont plus récentes. Par comparaison, elle rappelle que les grandes batailles pour défendre les droits des francophones se sont fait dans les années 1970 dans cette province des Maritimes. « Il y a plusieurs dossiers que la Société des Acadiens et Acadiennes s’attarde moins, car les structures organisationnelles sont déjà en place. Là-bas, c’est maintenant plus défendre les droits des francophones que de mettre des services en place. Ici, il y a un travail de base à accomplir pour offrir des services aux francophones », a-t-elle conclu.