le Samedi 10 mai 2025
le Vendredi 29 février 2008 0:00 | mis à jour le 8 mai 2025 11:55 Société

De l’adrénaline à son maximum

De l’adrénaline à son maximum
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Cent soixante-deux chiens sur la ligne de départ, 27 équipes prêtes à défier le temps. Le drapeau vert se lève, les secondes sont comptées. L’excitation est à son comble tant pour la cohorte de chiens présente que pour leur maître d’attelage. 10, 9, 8 …. 3, 2, 1 et c’est parti !

Ouf ! Malgré les moins 40 degrés Celsius, j’ai eu chaud. Ce départ m’a vraiment donné des sueurs, qui seront présentes une bonne partie du parcours de neuf milles que j’ai à parcourir avec mon équipe de six chiens de traîneau.

Avant de poursuivre ce récit d’aventures, je me présente, je m’appelle Valérie Bussières. Depuis septembre, je partage mon temps entre mon travail de monitrice de langue française à Hay River et ma nouvelle passion, les chiens de traîneau. C’est avec intérêt et motivation que je me rends quotidiennement au chenil pour prendre soin de la centaine de chiens toujours excités et heureux de ma présence.

En janvier, j’ai eu l’opportunité et le plaisir d’aller au Manitoba pendant deux semaines pour faire des courses de traîneau à chiens. Ce fut une expérience des plus enrichissantes tant sur le plan personnel que pour mon apprentissage sur le métier de conductrice d’attelage.

Nous sommes partis ; mon partenaire Anthony, moi, nos 28 chiens, la nourriture pour deux semaines et tout le matériel nécessaire pour les courses : traîneaux, harnais, les lignes d’attelage. Le voyage pour se rendre à Hollow Water, petit village situé au sud-est du Lac Winnipeg a duré un peu plus de deux jours puisqu’il faut prévoir un minimum de six arrêts par jour pour les chiens. Ces derniers ont besoin de se dégourdir, de faire leur besoin et de se nourrir. Ce sont tous ces petits moments passés avec les chiens qui fortifient le lien de confiance entre eux et leur maître. De plus, on apprend à découvrir le vrai caractère des chiens, on observe comment ils socialisent entre eux et comment ils répondent à tes demandes. Cette étape est un peu le résultat de tous les mois d’entraînement et de tous les efforts déployés pour avoir une relation agréable. C ‘est d’autant plus important lorsque vient le temps de la course, car nous formons une seule et unique équipe. Le conducteur doit avoir une confiance quasi absolue en ses chiens, car se sont eux qui mènent le bal.

C’est donc avec excitation, stress et courage que j’entreprends ma course à six chiens. Les 27 équipes sont alignées dans un vaste stationnement, c’est ce qu’on appelle le « Mass Start ». Le but de ce départ est d’être le plus rapide, de se frayer un chemin et d’éviter les collisions afin d’atteindre l’embouchure du sentier qui se rétrécit pour ne laisser passer que trois équipes. Lors de mon départ, c’est avec peine et misère que j’évite une collision. Mes deux chiens de têtes, Rita et Vana sont plus rapides, elles réussissent à se frayer un chemin parmi les autres. Ouf, j’ai eu chaud. Pendant que je continue ma course, j’aperçois quelques équipes qui se sont emmêlées. Les prochains milles vont bien, je dépasse quelques équipes, mes chiens ont bonne allure. Cependant, il y a quelques pentes à gravir et j’ai peu d’expérience de conduite dans un terrain accidenté. Arrive ensuite ce fameux croche de plus de 90 degrés situé à mi-chemin qui m’empêche de voir ce qui vient plus loin. J’entreprends le virage, je réussis à garder l’équilibre et à rester sur le traîneau. Et voilà que deux équipes sont emmêlées au beau milieu de la piste. Lorsque je les vois, j’essaie tant bien que mal de freiner, mais le mal est déjà fait et l’un de mes chiens s’emmêle. Je dois m’immobiliser, enfoncer mon frein dans la neige, courir, démêler la ligne et les chiens. Et tout ça, en évitant que les autres équipes ne me foncent dessus. De plus, mes chiens n’ont pas envie de s’arrêter, ils jappent, tirent la corde, ce qui met de la pression sur la ligne et ralentit mon travail. Je ne sais trop combien de temps s’est écouler, mais je réussis, je cours, je saute sur mon traîneau et c’est reparti.

Bref, je termine la journée 16e sur les 27 équipes participantes. Pas si mal, je suis fière de moi et de mon équipe, ils ont très bien performé. À mon arrivée, ces derniers ont droit à une caresse, des mots d’encouragement, et bien sûr comme tout bon sportif après un effort physique, de l’eau, de la nourriture et un repos bien mérité. Demain, une autre grosse journée nous attend.

C’est avec patience que j’attends de participer à ma prochaine course qui se tiendra à Hay River dans le cadre du K’amba Carnival. D’ici ce temps, je travaille fort à entraîner les chiens afin qu’ils soient prêts !