Des femmes sont venues des quatre coins du pays pour assister au Sommet. Alicia habite la Nouvelle-Écosse et elle compte rapporter des informations à sa communauté, qui sera alors mieux outillée pour combattre la violence contre les femmes, prévalente chez elle comme dans presque toutes les communautés autochtones. Elle est critique du travail des policiers de la Gendarmerie royale du Canada, qu’elle accuse de mépriser les autochtones d’abord, mais encore davantage les femmes autochtones.
La GRC ferme les yeux
La GRC a d’ailleurs essuyé de cinglantes critiques mardi soir, lors d’une rencontre de femmes organisée par la députée libérale de Winnipeg-Centre-Sud, Anita Neville. Certaines femmes ont accusé les gendarmes de fermer les yeux sur des cas de violence conjugale et d’obéir à un système de justice d’œil pour œil, dent pour dent. Selon une intervenante qui désire garder l’anonymat, 99% des mineurs ténois en famille d’accueil sont autochtones. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle du vol d’enfants, institutionnalisé à l’époque par les pensionnats.
La Chipewyan Cec Heron soutient qu’un tel sommet constitue une « énorme avancée pour les autochtones dans ce pays ». La pertinence de le limiter aux autochtones lui paraît claire : leur situation est exceptionnelle à la suite de l’esprit de colonisation européen qui a écrasé les cultures autochtones et bouleversé l’ordre social.
Les excuses d’Harper aux peuples autochtones pour le viol culturel que leur ont infligé les pensionnats indiens plaisent à Ellen Gabriel, mais elle croit que l’homme d’État n’a qu’effleurer la pointe de l’iceberg. La présidente des femmes autochtones du Québec rappelle que de nombreuses communautés autochtones fonctionnaient autrefois comme des sociétés matriarcales (où les femmes tiennent les rênes du pouvoir) et que les conseils de bande – dirigés par des hommes – brouillent désormais l’héritage culturel.
La loi contre les Indiens
Mme Gabriel argumente que « La loi sur les Indiens a été créée afin de miner les sociétés matriacales. […] Nous considérons cela comme une attaque contre notre identité : nous ne considérons pas cela comme du féminisme », lance l’autochtone québécoise. Les bouleversements se sont échelonnés sur une centaine d’années et c’est le temps qu’elle croit que devront se donner les autochtones pour remédier aux problèmes sociaux qui fracturent leurs milieux de vie.
Il a notamment été question de plusieurs d’entre eux au cours de deux journées entières de présentations. L’adaptation de politiques et de programmes à la réalité autochtone a ouvert le bal mercredi matin, puis il a été question d’une série de mesures pour endiguer la violence envers les aînés, les enfants et les femmes pendant la séance d’après-midi. Les participants ont accordé une telle importance à ce fléau qu’elles ont organisé une marche vers l’Assemblée législative afin de sensibiliser la population à cet enjeu.