Il y a trois ans, la même levée de boucliers s’était érigée lors de l’annonce de la mise sur le marché du bâtiment, une propriété du ministère fédéral des Travaux publics et Services gouvernementaux. À l’époque, le maire avait envoyé une lettre au ministre de Postes Canada pour communiquer les inquiétudes de la population. Le vendeur remet aujourd’hui l’édifice en vente au prix de 1,6 millions de dollars.
Les réactions de Kevin O’Reilly et de Paul Falvo (conseiller municipal) ne se sont pas fait attendre. Une semaine après l’annonce, ils ont érigé une table d’information devant le bureau de poste, afin de sensibiliser les gens à l’importance de conserver ce service au cœur de la ville.
M. O’Reilly croit qu’un déménagement éventuel du bureau de poste court-circuiterait la revitalisation du cœur urbain : « La ville de Yellowknife a investi de l’argent pour dynamiser le centre-ville, rappelle l’ancien conseiller municipal. Nous avons vu des commerces déménager vers Old Airport Road », s’inquiète M. O’Reilly. Selon un sondage en ligne mené par le Yellowknifer pour déterminer si les résidants sont favorables à un déménagement, plus de 102 répondants sur 124 ont souhaité maintenir l’offre de service dans ce lieu. Les sondés ont manifesté leur accord quant à l’importance historique et sociale du bureau de poste. Encore aujourd’hui, c’est un véritable phare au centre-ville, un pôle où beaucoup de gens fraternisent. La ville a d’ailleurs reconnu l’unicité du bureau de poste en lui décernant le titre d’édifice patrimonial, un titre qu’a refusé d’accorder de son côté le gouvernement fédéral, en 1996.
Le service reste
Autant l’édifice que le service pourraient donc mordre la poussière, si l’acquéreur le veut ainsi. Pour l’instant toutefois, c’est un scénario qui surprendrait beaucoup le directeur de la succursale, John Abbott : « En ce moment, il n’y a aucune intention de déménager et je crois que nous sommes un locataire plutôt intéressant. » M. Abbott mentionne par ailleurs qu’aucune pression n’est exercée pour déplacer le bureau de poste vers la banlieue, comme le craint le conseiller Falvo.
La FFT intéressée
« Postes Canada est un locataire intéressant », affirme le directeur général de la Fédération franco-ténoise, Léo-Paul Provencher. Pas question d’évincer un bon locataire si la FFT devient propriétaire de l’édifice situé sur l’avenue Franklin. Elle reluque en effet le grand bâtiment, qui mettrait à sa disposition une surface suffisante pour lancer le programme de formation post-secondaire peaufiné par la fédération.
Le stationnement à l’arrière du bâtiment laisse aussi de l’espace à un agrandissement, si le besoin s’en fait sentir. Bien entendu, l’organisation à but non lucratif que dirige M. Provencher devra recruter des partenaires gouvernementaux pour financer l’achat. La vente est bien loin d’être conclue. Le maire Gordon Van Tighem note pour sa part que d’autres groupes ont préséance sur la FFT pour faire une offre : Les Déné de Yellowknife ont le privilège de faire une première offre s’ils le désirent, tout comme la Coalition des sans-abri. L’association francophone croise les doigts pour que les deux groupes passent leur tour.
Van Tighem tiède
L’achat de l’édifice par la ville garantirait une utilisation conforme au plan de revitalisation de la ville, mais c’est une option qu’écarte M. Van Tighem, qui affirme que la ville ne dispose pas des fonds exigés pour se porter acquéreuse du bâtiment. Le maire a d’ailleurs tempéré les ardeurs du conseiller Paul Falvo lundi dernier, en mentionnant qu’ « à Whitehorse, vous ne verrez pas de bureau de poste au centre-ville ».
Une pétition circule à Yellowknife et elle regroupe plus de quarante signataires contre la vente de l’édifice. Si l’initiative fait boule de neige, le maire pourrait devoir changer son fusil d’épaule.