Carol Carnell, résidente de Hay River et mère adoptive de deux enfants scolarisés à l’école Boréale, témoigne que l’adoption fut un parcours laborieux, très difficile. « Il a fallu batailler pendant trois ans avant que mon mari et moi nous puissions adopter officiellement ses neveux, dit-elle. Les parents biologiques de ces enfants sont des Dénés, les enfants ont le statut autochtone. » Pour Mme Carnell, épouse d’un Déné, mais non-autochtone elle-même, les embûches qu’ils ont dû surmonter venaient surtout de la complexité de la procédure et d’une faiblesse des services publics. « Il a fallu d’abord que l’on intègre le profil de famille d’accueil et qu’on applique ensuite pour l’adoption, raconte-t-elle. Nous avons fait toutes les démarches nécessaires. Mais les services sociaux perdaient des parties de notre dossier au fur et à mesure que des documents devaient être ajoutés. Ce fut très éprouvant et très long. »
Ce cas n’est pas isolé aux TNO et même au Canada, puisqu’il semble plus facile d’adopter à l’international plutôt qu’au national, voire même au niveau local. En 2004, le pays comptait 76 000 enfants placés en foyers d’accueil, 22 000 petits Canadiens étaient en attente d’adoption. Aux TNO, il y aurait une vingtaine de jeunes en attente d’adoption, mais ce nombre n’est qu’une donnée approximative que le ministère de la Santé et des Services Sociaux du gouvernement territorial a pu transmettre au journal. Il n’existe pas de registre de statistiques sur les adoptions. Selon le Ministère, 90 % des enfants qui sont adoptés sont d’abord placés dans des familles d’accueil. Ils sont recueillis par le service public suite au retrait par un tribunal des droits parentaux de leurs parents biologiques.
« C’est vrai que les provinces et les territoires n’ont pas une bonne idée des enfants qu’ils ont en service public », confirme Sarah Petersen, chef de projet du Conseil d’adoption du Canada. « Et s’ils ont des chiffres, ils ne les partagent pas. Mais ce que l’on sait, par exemple, c’est que la représentation des enfants autochtones en attente d’adoption est très haute. »
Le Conseil d’adoption du Canada (www.adoption.ca) est un organisme non lucratif créé pour agir en tant que relais entre des pouvoirs publics et des familles qui souhaitent adopter à l’échelon du pays. « Au Canada, le gouvernement fédéral ne s’occupe pas du tout de la question de l’enfant, ce sont les provinces et les territoires qui en sont responsables, explique-t-elle. Nous essayons de travailler avec eux pour coordonner des programmes d’adoption, pour servir de relais national auprès des familles. » En Amérique du Nord, novembre est le mois de l’adoption. L’organisme en a profité pour mener des actions de rencontres entre adoptifs et pour présenter des projets à long terme concernant, par exemple, une étude statistique nationale qui sera menée en 2009 et une demande auprès du gouvernement pour qu’il accorde les mêmes droits de congés parentaux aux parents adoptifs que ceux dont bénéficient les parents biologiques. Le Conseil d’adoption du Canada souhaite aussi devenir un partenaire plus efficace auprès des travailleurs sociaux. Enfin, l’organisme a mis au point un programme d’adoption interprovinciale dans le but de faciliter le placement de ces milliers de jeunes en attente.