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le Vendredi 9 janvier 2009 0:00 Société

Rétrospective société 2008

Rétrospective société 2008
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Autochtones

Des statistiques pour mieux les connaître

L’année 2008 fut propice à une meilleure connaissance des populations autochtones des TNO grâce à la publication de données statistiques recueillies durant les années passées. Les données du recensement de 2006 sur les peuples autochtones, dévoilées en janvier, révèlent que les Territoires du Nord-Ouest comptent 20 635 autochtones sur une population totale de 41 055 habitants. Parmi ces peuples, 61 % s’identifient comme des Indiens d’Amérique du Nord, 20 % comme des Inuit et 17 % comme des Métis. Or, en 1996, 19 000 personnes s’étaient identifiées comme autochtones parmi l’une des trois catégories mentionnées. Ce dernier recensement montre non seulement un taux de natalité plus élevé parmi les autochtones par rapport aux autres populations canadiennes, mais aussi une plus forte propension à reconnaître des origines autochtones. En revanche, une donnée recueillie sur la langue parlée indique une perte rapide de connaissance d’une langue autochtone parmi les jeunes. Statistiques Canada a mis également l’accent sur l’espérance de vie des Inuit, plus faible qu’ailleurs au Canada, atteignant parfois un écart négatif de 15 ans par rapport aux autres populations. Cette étude a amené Mary Simon, présidente de l’inuit Tapiriit Kanatami, à presser le gouvernement fédéral de développer des programmes en santé, en éducation et en logement.

Pensionnats et réconciliation

Les Dénés s’engagent résolument dans un processus de mémoire et de réconciliation au sujet des pensionnats indiens. Une Commission de la divulgation des faits et de la réconciliation fait partie d’une Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, conclue en mai 2006, entre le gouvernement fédéral et l’Assemblée des Premières Nations Autochtones (APN). Au mois de mai 2008, l’équipe de la Commission est enfin complète et pourra entamer un cycle d’audiences publiques que des Dénés, politiques et simples citoyens, déclarent attendre impatiemment.

Des Métis en chemin vers l’auto-gouvernance

Trois événements se distinguent. Le premier concerne les élections tenues en novembre au sein de la nation Métis des TNO, qui ont abouti à la formation d’un nouveau conseil d’administration féminin. Les fonctions de la présidence, de la trésorerie et du secrétariat sont dorénavant assumées par trois femmes de Fort Smith, Fort Resolution et Hay River. C’est la première fois qu’un bureau exclusivement féminin dirige la nation Métis. Les électeurs ont souhaité témoigner par ce geste de leur volonté de dépasser les clivages locaux pour travailler ensemble à des objectifs communs. De là émerge le deuxième événement remarquable. Les Métis vont commencer une étude sur les occupations du sol qu’ils revendiquent au nom de leur histoire. Des Métis reconnus au sein de leur communauté seront chargés de recueillir les mémoires orales et les témoignages de tous ceux qui seront capables d’expliquer en quoi et comment ils utilisent ou ont utilisé le territoire. Des cartes seront ensuite dressées pour soutenir et, si possible, achever une négociation territoriale en cours depuis 1996 avec les gouvernements territorial et fédéral. Le troisième événement marquant chez les Métis au cours de ces élections est la volonté fermement affichée de négocier une autonomie gouvernementale en éducation, en santé et en culture. Patrimoine

Inuvik fête ses 50 ans dans la splendeur de l’été. C’est en 1958 que le nom de la ville fut donné au nouvel emplacement d’Aklavik qui, situé à 50 kilomètres en amont du delta du fleuve Mackenzie, était sujet aux inondations printanières. En 1961, l’inauguration d’une plaque officielle pour cette nouvelle ville, dont la traduction signifie « lieu du peuple », se fait devant la nouvelle école publique. Et c’est bien là ce qui distingue la volonté politique de l’époque, à savoir de doter la nouvelle collectivité au nord du cercle polaire des infrastructures normales d’une ville canadienne. D’autre part, l’implantation choisie à cet endroit répond à des besoins d’administration et de développement économique à venir.

Santé

La syphilis se propage rapidement dans le Nord. Elle a été détectée au mois d’août et, en novembre, les autorités médicales confirment avoir répertorié le 34e cas de cette maladie sexuellement transmissible. On parle même d’une épidémie qui toucherait davantage les populations autochtones âgées de 25 à 35 ans. André Corriveau, médecin hygiéniste en chef aux TNO, convie les médias en cette fin d’année pour leur faire part des mesures de surveillance et de dépistage mis en place en urgence.

L’automne voit également la mise en place d’un futur projet de formation dans les collectivités nordiques pour surveiller les personnes susceptibles de commettre un suicide. Les différents services du ministère de la Santé, implantés dans les collectivités nordiques, planifient de former dès l’an prochain des volontaires et des conseillers en santé mentale pour mener à bien cette veille constante sur les personnes fragilisées ou en danger de se suicider. Jusqu’à présent, les TNO disposaient essentiellement d’une ligne gratuite d’appel téléphonique où, sous couvert d’anonymat, un individu pouvait soit se confier, soit appeler à l’aide ou appeler l’attention sur une personne en difficulté. Ce projet d’ateliers de formation arrive au moment où le Canada souhaite enrayer le fléau du suicide, puisqu’il place le pays en troisième position pour le taux de suicide le plus élevé au monde.

Infrastructures

Deux thèmes sont amplement débattus cette année : les infrastructures et le niveau de vie. Les deux semblent tellement liés que, dès février, ils sont présentés à Yellowknife à des membres du Sénat en tournée dans le Nord, qui étudient à travers le Canada le dossier de la pauvreté rurale. L’isolement, le coût élevé de la vie, le difficile accès à l’éducation supérieure, le manque de logements abordables, l’absence d’infrastructures ou les problèmes de violence et de toxicomanie sont les réalités exposées à ce Comité sénatorial. M. McLeod, ministre de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement, déclare d’ailleurs que la ruralité, dans les TNO, signifie isolement, options de transport limitées et défis pour créer des opportunités de développement économique. « Ce sont les petites collectivités les plus éloignées qui ont les revenus les plus bas », dit-il. Il ajoute également qu’il faut « améliorer les infrastructures. Un bon exemple serait la création d’une route qui donnerait un accès à travers la vallée du Mackenzie. » La création de routes dans la vallée du Mackenzie et entre Tuktoyaktuk et Inuvik est un argument présenté inlassablement par les députés politiques des TNO auprès de leurs électeurs, mais également, comme c’est le cas de Dennis Bevington du Nouveau parti démocratique, auprès du Parlement à Ottawa. Les élus terminent l’année avec la détermination bien ancrée de faire pression au maximum sur le gouvernement fédéral pour débloquer des fonds. Ceux-ci seraient utilisés pour ouvrir le nord des TNO à une meilleure qualité de vie et à la mise en place d’infrastructures diversifiées en santé, éducation et travail.