L’ombudsman de la Société Radio-Canada l’avait recommandé, c’est Catherine Lafrance qui l’a fait.
En novembre 2007, un rapport de l’ombudsman de la SRC dénonçait la pénurie de couverture journalistique en français provenant des Territoires. Depuis la fin du mois de février, Radio-Canada est désormais en mesure de rapporter en français, l’actualité ténoise sur ses chaînes et ses ondes provinciales. Cette initiative, encore à consolider, est redevable à Catherine Lafrance, une journaliste de Montréal qui a décidé de découvrir le Nord. Cette journaliste bilingue vient en effet d’être embauchée à temps partiel par CBC North à Yellowknife. Grâce à l’ouverture d’esprit de son employeur et parallèlement à ses reportages anglophones, Catherine Lafrance a dorénavant l’opportunité de produire un contenu journalistique francophone provenant de la capitale ténoise pour être acheminé vers la salle de presse de l’Alberta et possiblement distribué à travers le reste du réseau national.
D’après le chef des services en français de Radio-Canada en Alberta, il est sensé que les communautés francophones de cette province soient particulièrement intéressées à ce qui se passe au nord du 60e parallèle. « De façon historique et économique, l’Alberta a toujours été la porte du Nord », a révélé François Pageau. Celui qui évalue en ce moment les moyens d’élargir le portrait du Nord en français a estimé que la journaliste francophone était une ressource précieuse à Yellowknife. « Vu son expertise et son bagage journalistique, j’ai été enchanté qu’elle se propose d’accroître la visibilité du Nord », a-t-il ajouté.
Georges Chartrand, le réalisateur-coordonnateur de l’information en français des nouvelles radio et télé de l’Alberta a accordé qu’il n’y a jamais eu d’individu responsable ou détaché à Yellowknife. Selon lui, c’est grâce aux responsables de CBC North que tout est devenu possible. « J’apprécie énormément leur ouverture d’esprit, car pour le moment il n’y a pas encore d’entente formelle, mais nous espérons bien poursuivre cette initiative sur une base régulière. » Récemment, les bureaux de l’information en français de l’Alberta ont présenté le contenu francophone provenant de Yellowknife sous deux formats : le bulletin de nouvelles de la télévision et de la radio.
La rédactrice en chef de CBC North, Jill Spelliscy, s’est d’abord intéressée à la qualité du travail de Catherine Lafrance. « Catherine faisait un reportage à la pige pour l’émission C’est la vie diffusée sur le réseau national de la SRC. Intriguée, je lui ai commandé un reportage pour notre émission d’actualité North Beat. C’est à l’avantage de tout le monde d’avoir une personne qui crée des ponts avec les autres stations de la CBC et de la SRC », a-t-elle déclaré.
Des nouvelles du Nord pour le Sud
Même si un contenu francophone est produit aux TNO, il reste qu’il ne sera pas facilement accessible aux téléspectateurs ténois. En effet, seuls les résidents ténois payant un service satellite francophone peuvent capter le signal de Radio-Canada provenant d’Edmonton. Les autres abonnés au câble (même numérique) ne reçoivent que le signal de Radio-Canada Vancouver ou celui de Montréal. Ces derniers seront ainsi dépendants de l’ampleur de la nouvelle reportée par Catherine Lafrance et de l’intérêt qu’elle suscite auprès de ces salles de presse. Le Réseau de l’information (RDI) qui utilise souvent un contenu régional dans sa diffusion nationale est lui aussi accessible uniquement par satellite. Une fois de plus ce seront les internautes ténois qui accéderont le plus facilement aux nouvelles francophones du Nord. Le télé journal de l’Alberta étant retransmit en intégralité sur Internet.
Pour un public plus canadien que ténois, la nouvelle journaliste de CBC North, a expliqué que le contenu de ses reportages francophones serait dicté prioritairement par l’actualité : « C’est d’abord le Nord. Informer les francophones de ce qui se passe ici. Je suis une journaliste bilingue qui travaille en anglais pour CBC North, mais je me mets au service de la francophonie canadienne. » Pour la couverture de la francophonie locale, Catherine Lafrance, a avoué ne pas trop savoir à quoi s’attendre. « Lors de nos réunions matinales en salle de presse, nous nous échangeons les nouvelles incontournables, ensuite nous y allons de nos suggestions. Il est fort probable que j’hérite des dossiers qui pourraient se dérouler en français ou toucher la francophonie. »
Au niveau des Territoires, Jill Spelliscy a pourtant ajouté qu’il était possible que leurs micros se tournent davantage vers la communauté franco-ténoise pour alimenter leurs émissions locales. « Avec toutes ces perspectives, il a même été suggéré que des reportages en français puissent êtres diffusés sur nos ondes », a-t-elle confié en rappelant que CBC North offrait déjà un contenu en langues autochtones.