Cent dix-neuf collectivités éloignées ou isolées bénéficient d’un programme destiné aux jeunes Canadiens.
Si les Rangers canadiens sont les yeux et les oreilles du Canada dans le Grand Nord, les Rangers juniors portent les sourires et le cœur de plusieurs collectivités canadiennes septentrionales. À Ulukhaktok, dans l’ouest de l’archipel arctique canadien, les enfants sont le centre des préoccupations de la communauté. À l’école, l’accent est mis sur l’assiduité. Dans les rues, un couvre-feu résonne à 22 h pour les moins de 14 ans. Beaucoup d’espoirs résident dans le programme des Rangers Juniors implanté il y a quelques mois dans ce hameau des Territoires du Nord-Ouest. Le programme est financé par les Forces canadiennes, mais les adultes, ayant les priorités de la communauté à cœur, regardent avec fierté l’avenir de leur hameau emprunter un chemin prometteur.
Chip Bryant travaille depuis quatre ans avec ces jeunes et soutient qu’on ne peut pas séparer l’école, les jeunes, de la communauté. « Ce qui affecte l’école affecte aussi la communauté. Par exemple, cette année, ce sont cinq finissants qui vont obtenir leur diplôme, et c’est l’ensemble du hameau qui en est fier. En fait, les jeunes sont la raison pour laquelle nous faisons tout ici », défend le directeur de l’école qui abrite 128 élèves de la maternelle à douzième année.
Au bureau du hameau, l’agente principale d’administration dresse un bref portrait du lieu où elle a choisi de revenir vivre et travailler. « Dans mon village, il y a deux épiceries, une école, un aréna, et une poignée de fonctionnaires territoriaux. Nous sommes tout juste au-dessus de 430 résidents. Plusieurs bénéficient de l’aide sociale et d’autres souscrivent à l’assurance-emploi. Il n’y a pas une quantité d’emplois ici et beaucoup de gens subsistent de la pêche, de la chasse ou de l’art. Il y a un an, la communauté a voté pour qu’une restriction sur les boissons alcoolisées soit instaurée. On remarque une différence énorme dans nos rues. C’est un avantage pour notre population et surtout pour nos jeunes moins exposés aux risques de l’alcoolisme. Je pense que la volonté d’installer une patrouille de Juniors ici peut aussi faire une différence sur nos jeunes », explique Lena Egotak.
C’est l’agent de la Gendarmerie royale basé à Ulukhaktok, Jason Green qui a été en quelque sorte l’instigateur de cette patrouille, en suggérant aux résidents que les jeunes intègrent ce programme. « Ce qu’il fallait c’est une lettre d’approbation du hameau, un espace disponible pour que les jeunes se rencontrent lors de leurs exercices, et la formation d’un comité d’adulte », énumère-t-il. Le gendarme atteste qu’il a déjà remarqué un changement de comportement chez plusieurs jeunes. « L’excuse généralement associée aux jeunes contrevenants est l’ennui. Je considère que l’instauration d’une patrouille ici est une mesure préventive. Ils apprennent à respecter leur communauté, à ne pas vandaliser et surtout ils appartiennent à quelque chose, à une équipe où ils ont des amis d’âges différents. Ils sont plus aptes à faire de bons choix et de laisser les mauvaises influences de côté. »
À Ulukhaktok, les parents se sont mobilisés et se sont plus de 20 adultes qui veulent participer activement au support de cette patrouille. « La patrouille amène de bonnes choses pour les jeunes. On leur montre le respect, l’entraide. J’apprécie également le fait qu’ils puissent partir en expédition. Cela représente tellement pour tous ceux qui n’ont pas les moyens d’y aller avec leur famille », assure Emily Kudlak qui siège au comité des adultes. Ce comité présent dans chaque communauté qui accueille une patrouille de Rangers Juniors, assure la plus importante part des décisions affectant la patrouille. Que ce soit les directives énoncées pour structurer la patrouille, les expéditions choisies, la sélection de certains Juniors dans le cadre de rencontre nationale, ou encore à quelles activités communautaires les Rangers juniors pourraient aider, le comité dicte les marches à suivre en consultation avec le jeune sergent de la patrouille et un représentant des Rangers. La part des Rangers se compose essentiellement à l’instruction et l’accompagnement des jeunes en uniforme. L’instruction clé du programme des Rangers juniors est la Prévention du harcèlement et de l’abus par la sensibilisation et l’éducation (PHASE), qui est assurée par des membres formés des Rangers. Composée en plusieurs modules, PHASE vise à sensibiliser les jeunes aux diverses formes de harcèlement (harcèlement personnel, racial, sexuel, psychologique) et de violence (violence physique ou sexuelle, négligence). Grâce à cette formation qu’ils suivent en groupe, ils apprennent à mieux communiquer et découvrent parfois l’étendue du réseau pouvant les aider en cas de problème.