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le Jeudi 11 juin 2009 13:48 Société

Disparités sociales Le fossé devient un abîme

Disparités sociales Le fossé devient un abîme
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Alors que l’écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser, Alternatives North demande sans plus tarder la mise en place d’une stratégie de lutte contre la pauvreté.

Mercredi 10 juin, des représentants de l’association Alternatives North ont rencontré des délégués du ministère de l’Éducation, de l’Emploi et de la Formation des TNO pour faire le point suite à la publication d’un rapport sur la pauvreté dans les territoires (L’Aquilon, les Échos, 5 juin 2009).

Ce document, commandé par le Conseil canadien de développement social, est accablant pour le gouvernement. Quelques exemples pris au hasard : plus de la moitié des personnes vivant dans les collectivités rurales et isolées vivent sous le seuil de la pauvreté; plus de 1 000 femmes, en majorité monoparentales, vivent sous le seuil de la pauvreté et sont en état d’itinérance ou sont logées dans des conditions insalubres. En matière de logement, on fait état d’un parc immobilier de logements publics vétustes, peu développé, avec des critères d’entrée trop stricts. Par exemple, il faut compter six mois pour qu’un dossier soit accepté après le jour de l’inscription puis, ce premier délai passé, mettre son nom sur une liste d’attente. Que ce soit à Yellowknife, à Hay River ou à Inuvik, ces listes sont trop remplies. Une famille peut, dans le meilleur des cas, attendre un an avant d’avoir accès à un logement.

« Le logement fait partie des demandes les plus récurrentes dans les communautés, explique Aggie Brockman, porte-parole de l’association. Oui, les gens s’arrangent tant bien que mal, certains logent dans une famille, d’autres divisent leur maison en plusieurs parties, mais ce n’est pas une solution à long terme. » Selon Mme Brockman, la classe politique ténoise fait preuve d’un manque total de réaction et d’attention à ce sujet.

« D’autre part, les publics les plus atteints par la pauvreté sont les femmes, les mères célibataires, les enfants très jeunes et les personnes souffrant de troubles physiques ou mentaux, poursuit Mme Brockman. Mais le débat est bien au-delà de la pauvreté. Il se situe dans l’écart croissant entre les riches et les pauvres, entre les nantis et ceux qui ont peu pour vivre. On parle d’un fossé de plus en plus grand dans les domaines des revenus, du logement, de l’éducation de la santé. »

Pour Mme Brockman, les disparités sont les plus criantes dans les communautés isolées. « Où dépense-t-on l’argent », demande-t-elle?

Lors de la rencontre avec le ministère, elle comptait bien mettre sur la table des arguments en faveur d’une stratégie de lutte contre la pauvreté et les disparités sociales. « L’Ontario et le Québec viennent de prendre des mesures dans ce sens, nous devons agir de même, dit-elle, car la pauvreté affecte tout le monde , qu’on le veuille ou non. »

Mme Borckman habite dans les TNO depuis 35 ans et œuvre au sein d’Alternatives North depuis une quinzaine d’années. L’association se définit comme un groupe voué à la justice sociale, regroupant des individus de plusieurs horizons politiques et confessions religieuses. Le rapport a été réalisé au nom de l’association et rendu public cette année.