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le Jeudi 30 juillet 2009 15:40 Société

Analyse et commentaire La criminalité à la baisse

Analyse et commentaire La criminalité à la baisse
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En prenant connaissance du dernier rapport de Statistique Canada intitulée Statistiques sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2008, j’y ai retrouvé plusieurs aspects intéressants que ce soit au niveau de la tendance à la baisse de la criminalité au Canada, de la réaffirmation que la criminalité est directement liée à la situation socioéconomique du pays et aussi sur le nouvel indice de criminalité, celui ayant rapport à la gravité des offenses.

 

Un nouvel indice

La statistique avec laquelle on est le plus familier est le taux de criminalité déclaré à la police (TCDP). Cet indice est un bon indicateur du volume de crime au Canada. En 2008, le TCDP était de 6588 par tranche de 100 000 habitants. Mais cette statistique n’est qu’un reflet partiel de la réalité criminelle. Par exemple, une communauté fictive de 100 000 habitants peut avoir connu une année ou un homicide et 99 entrées par effraction ont été commises pour un TCDP de 100. Une autre communauté enregistre plutôt 99 meurtres et une entrée par effraction. Elle aussi a un TCDP de 100.

Pour pallier à cette lacune évidente du traditionnel TCDP, un nouvel indice à été créé et il s’agit de l’Indice de gravité des crimes déclarés à la police (IGCDP). Le rapport explique ce nouvel indice : « On attribue à chaque type d’infraction un poids calculé à partir des peines actuellement imposées par les tribunaux dans l’ensemble des provinces et des territoires. Les calculs sont faits en utilisant les cinq années de données les plus récentes dont on dispose sur les peines imposées. Les crimes plus graves ont des poids plus élevés, et les crimes moins graves, des poids moins élevés. Ainsi, lorsqu’on inclut tous les crimes, les variations des infractions plus graves ont un effet plus marqué sur l’Indice » (page 7 du rapport).

Lorsque l’indice a été créé, c’est l’année 2006 qui est devenue l’année de référence et son IGCDP a été fixé à 100.

Malgré tout, tant le taux de criminalité que l’indice de gravité ont le même défaut : ils sont calculés en prenant en compte les crimes déclarés à la police. Or, il ne fait aucun doute que des infractions ne sont pas déclarées comme, c’est malheureux à dire, plusieurs infractions liées à la violence conjugale.

 

Tendance à la baisse

Contrairement à ce que pourrait laisser entendre la plateforme électorale du parti conservateur sur le durcissement du système pénal, la situation de la criminalité s’améliore au Canada, tant au niveau du volume que de la gravité des infractions.

Pour l’ensemble du Canada, le taux de criminalité est de 6588, en baisse de 5 % par rapport à l’année 2007. Il en est de même pour l’indice de gravité des crimes qui est passé de 95,2 à 90,0 de 2007 à 2008.

La tendance à la baisse est encore plus spectaculaire de 1998 à 2008. Sur cette période, le taux de criminalité à chuté de 18,6 % (de 8092 à 6588) tandis que l’indice de gravité à connu une baisse de 24,2 % ( de 118,8 à 90,0).

 

Une recrudescence en 2009?

Le rapport cite plusieurs études démontrant notamment que la situation socioéconomique du pays a une incidence directe sur la criminalité. Par exemple, « une étude (…) a permis de constater que les variations des taux d’inflation étaient liées aux changements des crimes imputables à des motifs financiers (c’est-à-dire le vol qualifié, l’introduction par effraction et le vol de véhicules à moteur) » (page 13)

Le taux de chômage aurait aussi un impact sur le nombre d’homicides.

Cela nous porte donc à croire que les données statistiques pour 2009 risquent de démontrer une tendance à la hausse. En effet, en juillet 2009, Statistique Canada dévoilait que le taux de chômage au Canada avait grimpé à 8,6%, le plus haut taux depuis 1997. Étant donné que la récession économique est d’une ampleur mondiale, il y a fort à parier que les statistiques sur la criminalité seront à la hausse partout dans le monde l’an prochain.

 

Des meurtriers plus compétents?

À 43 509 aux TNO, le taux de criminalité est près de sept fois plus élevé que dans l’ensemble du Canada (6588). De plus, l’indice de gravité (337,7) y est près de quatre fois plus élevé.

Il faut cependant mettre un petit bémol sur l’interprétation des statistiques surtout dans des régions moins peuplées comme les TNO et le Nunavut. Ainsi, le taux d’homicide (basé sur une population de 100 000 habitants) est de 6,9 aux TNO comparativement à l’ensemble du Canada ou le taux est de 1,8. Dans le cas des TNO, il est probablement plus simple de dire qu’il s’est commis trois homicides en 2008. Un homicide en plus ou en moins ici et le taux de criminalité ainsi que l’indice de gravité connaîtront d’importantes variations.

Il faut aussi faire attention dans l’interprétation que l’on fait des statistiques. À titre d’exemple, voici une conclusion totalement factice que l’on peut soutirer des statistiques. Au Canada, il y a eu moins de tentatives de meurtre en 2008 (723) par rapport à 2007 (793). Par contre, il y a eu plus d’homicides en 2008 (611) qu’en 2007 (594). Conclusion : nos meurtriers sont plus efficaces en 2008 qu’en 2007.