Les victimes d’actes criminels sont devenus les éléments essentiels du système juridique.
Du 28 septembre au 1er octobre, Yellowknife a été l’hôte de la première conférence sur les approches et les interventions auprès des victimes d’actes criminels dans le Nord. Au terme de la conférence, Casimir Picard, un intervenant de première ligne qui travaille au Québec pour le CAVAC (centre d’aide aux victimes d’actes criminels), a résumé les circonstances particulières qui entourent les victimes aux territoires. « Que tu reçoives une claque dans la face à Yellowknife ou à Sept-îles c’est la même chose, il n’y a que le décalage horaire qui change, sinon ça fait aussi mal », commence-t-il. Il assure par contre, que les témoignages des gens qui travaillent ici ou des victimes sont des choses qu’il entendait il y a 20 ans au Québec. « Lorsque l’on parle des autochtones, au Québec ça fait 400 ans qu’ils nous assimilent, ici ce n’est que depuis 200 ans qu’ils sont colonisés. C’est tout à l’avantage des Premières nations et des Inuits et des Métis du Nord. Ils possèdent encore leur culture pour s’en sortir », clame-t-il. D’après Casimir Picard, il s’est dégagé de la conférence que la culture est le véritable médicament pour soigner les bobos. « Ce n’est pas juste un baume, c’est le remède aux abus et à la violence. »
Cette réunion a permis aux travailleurs sociaux, juristes de la couronne, fonctionnaires et professionnels d’organisations à but non lucratif provenant de toutes les provinces et territoires du Canada de se voir, d’échanger, de partager et d’apprendre sur les approches et les interventions auprès des victimes d’actes criminel.
« Dans mon travail, ma façon de travailler va être différente, prétend Dominique Maléza du ministère de la Justice québécois. Ça nous permet de se rencontrer, de tisser des liens et d’échanger les bonnes pratiques. C’est une priorité au niveau des actions gouvernementales. » Mme Maléza abonde dans le sens de Casimir Picard. « Tu ne peux pas intervenir auprès d’une victime sans connaître la personne, et sans t’intéresser aux différences qui concernent sa culture. Maintenant dans le système judiciaire, on fait plus de place à la victime. C’est comme elle qui est la plus importante. »
Tout comme ses deux collègues, Byrne Richards qui travaille au centre d’accueil Tree of Peace de Yellowknife, cette conférence a rechargé ses batteries. « Ça a surpassé mes attentes, c’est juste bon de voir que tu es sur la bonne voie. Il a clairement été identifié que des programmes utilisés à Toronto doivent être adaptés à notre réalité, à notre démographie culturelle nordique. »
Au ministère fédéral de la justice, la directrice du Centre de la politique concernant les victimes, travaille pour améliorer l’expérience des victimes au sein du système judiciaire. Pamela Arnott, assure que les provinces et les territoires n’ont pas un système uniforme à travers le Canada du fait que la justice demeure du ressort des gouvernements provinciaux. « Dans les milieux isolés, les distances ajoutent des défis au travail déjà difficile de nos intervenants », dit-elle.
Pour Robert Caron, directeur du Bureau d’aide aux victimes d’actes criminels du Québec, l’approche ne doit pas être uniformisé. « Il faut enrichir, adapter les approches avec du respect pour le contexte et la culture. Si on veut trop harmoniser, on va banaliser les cultures et ce n’est pas la marche à suivre », tranche-t-il.
Dawn McInnes du gouvernement ténois est aux anges. Elle explique que cette conférence est un rêve qui devient réalité. « Cette première conférence a changé la perception des gens. Les victimes ont parlé, nous leur répondons maintenant », déclare-t-elle.