le Vendredi 6 juin 2025
le Jeudi 8 octobre 2009 15:50 Société

Règlement municipal sur les lieux inesthétiques Tassez-vous, j’entasse

Règlement municipal sur les lieux inesthétiques Tassez-vous, j’entasse
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Un résidant du quartier Northland part en guerre contre la ville de Yellowknife.

 

Une entrée de cour encombrée de plusieurs véhicules, un patio où abondent boîtes de rangements et autres bricoles, des fenêtres obstruées par l’amoncellement de biens matériels. Angelo Urbancig ne cache à personne son penchant pour l’accumulation. Depuis qu’il habite le quartier Northland, qu’on ne peut pas qualifier de coquet, Angelo Urbancig utilise son terrain pour entreposer les trouvailles qu’il déniche dans les ventes de garages, le marché aux puces ou la mine d’or des récupérateurs que représente le dépotoir de Yellowknife.

En juillet 2008, des plaintes provenant du voisinage et s’appuyant sur le règlement des lieux inesthétiques (n°3979) poussent la ville à demander à M. Urbancig de nettoyer sa propriété. Au mois d’octobre suivant, c’est le chef des pompiers et un agent municipal qui lui demandent de faire quelque chose. Finalement, au mois de juin 2009 une ordonnance écrite lui est adressée, le sommant de nettoyer son terrain avant le 17 juillet de la même année.

« Nous avons été plus que cléments à son égard, témoigne le chef de la réglementation municipale, Doug Gillard. C’est seulement un an après notre premier contact et quelques jours suivant la date butoir du 17 juillet que nous lui avons octroyé une contravention pour ne pas avoir complété son nettoyage à notre satisfaction. Nous avons remarqué des efforts de sa part, il a fait de gros progrès, mais pas suffisamment. » Doug Gillard ajoute que le règlement n° 3979 est motivé par les plaintes et que depuis la mise en place de ce règlement en 1998, ce cas est le troisième qui va aussi loin que la saisie des biens.

Le 29 septembre, peu avant que la neige ne recouvre la capitale ténoise, trois véhicules immatriculés et fonctionnels (selon le propriétaire), plusieurs boîtes, et différentes bricoles sont saisis par la police et emportés dans une zone sécurisée du dépotoir. « Je suis arrivé chez moi le 29 au soir, pour découvrir qu’on avait emporté plusieurs de mes biens, et cela sans même m’avoir clairement dit ce qui ne faisait pas l’affaire après le nettoyage que j’avais fait. Le jour de la date butoir, le 17 juillet, j’étais là à les attendre pour qu’on puisse en parler et qu’ils viennent me dire, ça c’est correct, ça non. Personne n’est venu me voir. J’ai pensé que c’était une affaire classée! », se défend Angelo Urbancig. Pourtant, le 9 août 2009, M. Urbancig se fait interpeller en pleine rue, gyrophares en action pour se faire adresser une contravention de 300 dollars pour une infraction au règlement municipal n° 3979. Il n’aura pas l’occasion de se présenter devant un juge de paix, car la date mentionnée sur la contravention n’est pas la bonne. Le soir du jugement, alors qu’il veut répondre à cette accusation M.Urbancig se retrouve devant un tribunal aux portes closes.

« Nous nous sommes excusés de cette erreur auprès de M. Urbancig, d’ailleurs l’amende a été annulée », atteste Doug Gillard en mentionnant que la contravention et l’ordonnance demeurent deux choses différentes. Si l’amende est oubliée, l’ordre municipal reste toujours valide.

C’est à ce moment-ci qu’Angelo Urbancig se dit : « C’est assez, il faut que ça cesse! ». Le résident de Yellowknife est désormais déterminé à se rendre justice. Il contacte les médias et se prépare à une éventuelle action en justice contre la municipalité. Selon lui, plusieurs irrégularités se sont produites durant cette affaire et il ne veut plus que la ville « abuse de ses pouvoirs ». Il juge subir une discrimination du fait que plusieurs de ces voisins, qui visiblement ont eux aussi quelques problèmes d’entassement, ne soient pas sujets à la même procédure, et il remet en cause l’intervention de la ville dans le quartier Northland alors qu’elle n’agit pas sur des problèmes d’infrastructures importants tels que la réfection des réseaux d’aqueduc et d’égout. Il revendique de plus que ses biens lui soient retournés sans frais.

Contacté par Angelo Urbancig, le maire de Yellowknife, Gordon Van Tighen, s’est penché sur le dossier. Photographie à l’appui, le maire explique : « Il y a des restrictions qu’en à la quantité d’items que l’on peut accumuler sur une propriété. Ce genre de règlement n’est pas vraiment mis en application à moins que les agents ne détectent aucune coopération. » Pour celui qui brigue un quatrième mandat à l’hôtel de ville, cela n’enlève rien au fait que M. Urbancig soit un « bon gars ». Il note néanmoins que la revendication de ce résident du quartier Northland sur la capacité de la municipalité à agir rapidement sur cette copropriété comptant environ deux cents maisons roulotte, n’est pas viable. Selon le maire, la municipalité détient une permission délivrée au nom de la copropriété pour intervenir au niveau des règlements municipaux, comme le tapage nocturne, les limites de vitesse, ou les lieux inesthétiques.

Le 20 octobre, suite à une période de quatorze jours, si Angelo Urbancig ne réclame pas ses biens, ils seront détruits. S’il les récupèrent, il devra payer pour les frais de saisi, et ne sera pas autorisé à les replacer sur sa propriété.