L’usage du français dans l’accès au logement : un cas de refus actif
Malgré la concentration de Franco-Ténois à Yellowknife, l’organisme local d’habitation ne dispose d’aucun formulaire en français et l’offre active dans cette langue y demeure une notion pour le moins étrangère.
George Lessard a fait l’expérience de l’unilinguisme ténois début novembre lorsqu’il s’est présenté à l’organisme local d’habitation de Yellowknife qui, comme ailleurs aux TNO, reçoit son mandat de la Société d’habitation des TNO (SHTNO). Il a demandé deux formulaires en français, le premier pour postuler à un des postes de directeur de l’organisme et l’autre, pour faire une demande de logement social. Le préposé à la clientèle lui a répondu qu’il n’en avait pas; il a dit à George Lessard de revenir le lendemain, qu’il allait entretemps parler avec son patron pour voir ce qui pouvait être fait. « Je suis retourné le lendemain et il n’y avait pas de formulaires en français. On m’a dit qu’on me rappellerait lorsqu’on en trouverait et on ne l’a jamais fait. » George Lessard est retourné un mois plus tard et la situation n’avait toujours pas été corrigée; on ne l’a pas non plus aidé à comprendre l’information. Le préposé à la clientèle a refusé de lui donner son nom et lorsque George Lessard lui a signalé qu’il n’agissait pas conformément à la Loi sur les langues officielles, le collègue du préposé lui a suggéré de se plaindre à son député.
George Lessard s’exprime parfaitement en anglais, mais à son sens, le droit au logement devrait être considéré comme un service de première ligne, comme un droit humain. Les formulaires pour le logement social et pour le programme de supplément au loyer, destinés aux gens à faibles revenus, devraient être en offerts en français, croit-il. Dans un autre ordre d’idées, l’homme considère non éthique le mode d’entrevue pour les postes de directeur de l’organisme, alors que tous les candidats, réunis devant le comité de nomination, assistaient aux entretiens d’embauche des autres.
Réactions
Le gouvernement des TNO a refusé la permission à L’Aquilon de s’adresser au Secrétariat aux Affaires francophones (SAF). Il entrave ainsi une partie du mandat de cet organisme, comme stipulé dans le Plan stratégique sur les communications et les services en français, où il est écrit que le SAF doit assurer une liaison régulière et continue avec la communauté francophone concernant la prestation des communications et des services en français.
Quant à la Fédération franco-ténoise, son directeur général, Léo-Paul Provencher, a rappelé que le GTNO s’était engagé à faire de l’offre active et à aller au-devant des besoins de la population francophone, ce qui n’a pas été le cas avec George Lessard. La coordonnatrice aux services en français de la Société d’habitation des TNO, Arusa Shafi, parle très peu français, mais a pris des cours de langues l’an dernier, qu’elle reprendra en 2014. Elle n’avait pas entendu parler du manque de services à l’organisme local d’habitation de Yellowknife. Elle a dit qu’elle ferait une enquête sur le sujet, mais que normalement, les employés devraient acheminer le dossier à quelqu’un qui puisse fournir l’information en français. « Nous travaillons avec le Secrétariat aux affaires francophones afin de connaître les besoins des francophones, a précisé Arusa Shafi, et d’assurer la présence sur place d’employés bilingues. »
Revi Lau-a, gestionnaire de la planification stratégique et des communications à la SHTNO, a précisé qu’à ce jour, il n’y avait jamais eu de plaintes concernant le service en français, et que son organisme travaillait avec la SAF à la traduction des formulaires. Quant au fait que les entrevues pour les postes de directeur aient réuni simultanément tous les candidats, il a dit qu’à sa connaissance, c’était la première fois qu’une telle chose arrivait, et que ce mode d’entrevue avait été choisi en raison du nombre élevé de candidatures.
En terminant, on remarquera qu’il y a un décalage sur le site Internet de la SHTNO entre l’information en français et celle en anglais.