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le Vendredi 21 février 2014 10:43 Société

Énergie À la recherche d’une issue

Énergie À la recherche d’une issue
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La ville d’Inuvik cherche à acquérir l’infrastructure de distribution d’Inuvik Gaz
 

Alors qu’on a fait grand frais de la construction d’une autoroute entre Tuktoyaktuk et Inuvik, la population de cette dernière survit difficilement à des coûts de chauffage prohibitifs. Selon certaines sources, plusieurs personnes abandonnent Inuvik.
Depuis qu’on a troqué le gaz naturel issu d’un puit local pour du gaz synthétique, le coût du chauffage est devenu exorbitant, avec des impacts tangibles sur la collectivité. « J’ai deux logements vides depuis huit mois, de dire André Ouellet, un homme d’affaires d’Inuvik. Je suis ici depuis 1994 et je n’avais jamais vu ça. J’ai deux locataires qui sont partis à Whitehorse, parce que là-bas, il y a une route et que le coût de la vie y est moins élevé. Il y a trois bâtiments vides dans la rue principale, avec les fenêtres placardées. Un gars est parti en laissant carrément sa maison derrière lui, un autre a été mis à la porte de son logement, parce qu’il ne pouvait plus payer le loyer. Il dort dehors! Tu vois nettement que la ville est rendue morte. »
Samir travaille au Corner Store d’Inuvik et confirme les dires d’André Ouellet. « Ça change très rapidement ici, dit-il. C’est devenu très dur de vivre à Inuvik. Les gens s’en vont et abandonnent leur maison en laissant l’hypothèque à la banque. Ils ne peuvent plus payer. »
Floyd Roland, le maire d’Inuvik, n’a pas constaté d’inoccupation plus élevée depuis le passage au gaz synthétique. Il pense même que la ville va encore grandir, même si le coût de la vie est un défi. Les statistiques sur les variations dans les populations des municipalités des TNO devraient être disponibles d’ici la fin mars et fournir un peu de lumière sur cette question.

Du naturel au synthétique
Le coût du gaz naturel est d’environ 19 $ le gigajoule, celui du gaz synthétique de 35 $ le gigajoule, selon Floyd Roland. En plus d’être d’un prix près de deux fois plus élevé, le mélange entre l’air et le propane qu’on y retrouve semble inégal, ce qui pourrait expliquer d’étranges variations dans les prix du chauffage. « En novembre, s’insurge André Ouellet, un des contestataires les plus vocaux de la situation ça m’a coûté 6000 $ de chauffage pour sept logements et 9000 $ en décembre, même s’il faisait plus chaud. Mais c’est très difficile de vérifier comment le mélange est fait. » André Ouellet affirme payer 85 % plus cher depuis qu’il utilise le gaz synthétique. Il dit également que ce dernier a fait fissurer ses brûleurs et qu’il doit payer entre 50 et 100 $ par mois simplement pour chauffer les compteurs, afin que le propane puisse redevenir gazeux avant de brûler.
Selon le journal Inuvik Drums, plusieurs citoyens d’Inuvik songent à demander à la commission des services publics des Territoires du Nord-Ouest d’enquêter sur les agissements d’Inuvik Gaz dans ce dossier. La commission est responsable de la réglementation et de la supervision des organismes publics. Son président, Gordon Van Tighem, n’a pas rappelé L’Aquilon, tout comme le député d’Inuvik Boot Lake, Alfred Moses.

Des solutions?
En 2012, Artic Energy Alliance avait proposé à Inuvik diverses alternatives au gaz synthétique, dont le chauffage aux granules de bois. Un autre rapport de l’organisme propose des combustibles alternatifs, mais n’a pas été rendu public. En janvier dernier, la Société d’énergie des TNO a érigé à Inuvik des réservoirs de gaz naturel liquéfié, mais ceux-ci ne servent qu’à produire de l’électricité. « Cela pourrait être une solution pour le chauffage, analyse David Mahon, de NT Energy, ça intéresse beaucoup la ville d’Inuvik. Le défi serait de construire des réservoirs assez grands. Mais les coûts d’infrastructures n’ont pas été évalués. »
Le maire Floyd Roland a confirmé que le contrat liant Inuvik Gaz et Inuvik se termine en août 2014. « Nous négocions avec la compagnie pour racheter son réseau de distribution a-t-il précisé. Ça nous donnerait plus de flexibilité pour trouver une solution, comme exploiter le gaz naturel qui reste sur place ou se convertir au gaz naturel liquéfié, qui reviendrait moins cher que le propane. » Cependant, à cause du contrat d’Inuvik Gas, le gaz synthétique serait à Inuvik pour encore au moins trois ans. Les négociations entre les partenaires, non publiques, sont pour l’instant dans l’impasse.
« Mon plan de retraite s’est écroulé, déplore André Ouellet. J’ai payé mon immeuble à logements 1,7M$, aujourd’hui, je ne suis même pas capable de le revendre à 500 000 $. »