Le jeudi 26 mai 2016, six intervenants nous rappelaient l’importance des cartes et de la cartographie dans une soirée PechaKucha. Un événement original proposé par l’Association des loisirs et des parcs des TNO et le Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles.
Pecha quoi?? PechaKucha est un format original et dynamique de présentation. Les intervenants disposent de 20 images (qui défilent automatiquement) et de 6 minutes et 40 secondes pour faire passer leur message. Autant dire qu’il faut être concis et aller droit au but. Malgré le vaste sujet qu’est la cartographie, les orateurs participants ne se sont pas démontés et ont offert une présentation riche en contenu.
Depuis la création des premières cartes géographiques, aux environs de 2600 av. J.-C., cet outil qui a considérablement évolué. Outre la navigation, les cartes jouent d’autres rôles tout aussi importants. Aux Territoires du Nord-Ouest, elles ont notamment permis d’accentuer la reconnaissance historique et culturelle des peuples autochtones et d’observer l’évolution de l’environnement à la suite de différents phénomènes climatiques.
Vecteurs de culture, de savoir et de traditions
Tom Andrews, archéologue en poste au Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles (CPSPG) a énoncé un travail de cartographie des usages du territoire par les peuples autochtones auquel il a activement participé. Le Dene Mapping Project Data a été lancé en 1972 sous la direction de Phoebe Nahanni. Elle l’a élaboré à l’aide de June Helm et de Beryl Gillepsie afin de résoudre un litige territorial. Près de 600 trappeurs et chasseurs furent interrogés dans 27 collectivités. Depuis, les cartes sont la propriété de la Nation dénée et sont disponibles sur demande aux archives du CPSPG. Elles servent également de référence pour toutes les communautés autochtones, que ce soit pour servir de base légale et étayer leur combat dans les différents litiges territoriaux ou pour créer des supports éducatifs tels que La Route Idaa, un voyage interactif et culturel aux Territoires du Nord-Ouest.
D’autre part, les efforts fournis par l’Institut social et culturel gwich’in, dirigé par Ingrid Kritsch, ont permis d’ériger une carte des noms de lieux attribués par cette communauté du nord-ouest des TNO. De 1992 à 2012, les travaux rigoureux de l’institut, réalisés en étroite collaboration avec les aînés gwich’in ont porté leurs fruits. Le 21 juin 2013, le gouvernement des TNO reconnaissait officiellement plus de 400 noms de lieux qui reflètent leur utilisation du territoire. Une exposition, visible aujourd’hui sous la forme d’un atlas numérique dans un site web, fût organisée à la suite de l’annonce pour mettre en lumière un pas historique vers la sauvegarde de la culture historique et géographique du territoire.
Témoins des métamorphoses
Steve Shwarz est un photographe professionnel qui vit à Yellowknife. Il a rappelé l’importance des cartes pour surveiller et comprendre l’évolution de l’environnement. Il travaille à l’aide d’images satellites et de photographies, « beaucoup de photographies ». Les images sont prises en quantité faramineuse pour être ensuite compilées. Les variations de couleurs qui apparaissent à la suite de la manipulation technique indiquent les modifications observables de l’environnement. « Il ne reste plus qu’à comprendre ce qu’il se passe concrètement », ce à quoi s’affairent des équipes de scientifiques.
Fran Hurcomb est une autre photographe et auteure renommée des Territoires du Nord-Ouest. En 2009, elle avait exposé la plus longue carte du Canada au musée de Yellowknife. C’est une carte de 126 pieds de long, assemblée de ses mains et qui représente le cheminement du fleuve Mackenzie. Elle l’avait parcouru à bord d’un bateau de pêche vers la fin des années 80. Racontant son périple, on a pu y (re)découvrir quelques monuments qui gisent le long de la « Grosse Rivière » comme la roche qui trempe à l’eau, par exemple, située au nord de la collectivité de Wrigley. La carte est aujourd’hui présentée dans un enrouleur de carte et on peut la consulter aux archives du CPSPG.
Toutes les présentations seront prochainement disponibles en version numérique et audio sur le site Internet du Centre du patrimoine septentrional Princes-de-Galles.