Pour faire changement du quotidien, Florence Tapias, originaire de Calvi, en Corse, voyage grâce au volontariat.
Florence Tapias a l’habitude du volontariat. Munie de ses expériences passées en Australie et en Nouvelle-Zélande, « à droite à gauche », elle en est à sa deuxième saison au Blachford Lake Lodge, un centre de villégiature situé à 25 minutes de vol de Yellowknife.
Avec son profil sur le site Helpx.net, elle communique avec des hôtes qui cherchent des voyageurs désireux de donner main-forte à court terme en échange de nourriture et de logement. Florence s’est déjà occupée de moutons, a nettoyé les fesses des diables de Tasmanie, a tracé des chemins dans la forêt à coups de machettes et a ramassé des kiwis.
Le volontariat lui permet de faire des choses qu’elle n’aurait pas la chance de faire à la maison. « Au final, tu apprends des choses et tu partages la vie de quelqu’un qui est passionné par celles-ci. C’est ce qui est intéressant aussi ».
Une façon de voyager sans dépenser
Logée, nourrie, elle ne paie que ses déplacements, pour lesquels elle a économisé avant de partir. Cela lui permet de se rendre jusqu’à des endroits comme le Blachford Lake Lodge. À ce moment-ci, une quinzaine de personnes s’impliquent pour une période minimale de deux mois dans cet établissement. Certains restent plus longtemps, d’autres partent.
Des gens de Hong Kong, du Japon, de la Slovénie, du Québec, de la France, d’Australie et de Nouvelle-Zélande se partagent les tâches. « On vient de partout », dit Florence.
Ils entretiennent la propriété, pompent de l’eau, coupent du bois, accueillent les touristes, sont guides de randonnée, nettoient les panneaux solaires : ce qu’il faut pour faire fonctionner le Blachford Lake Lodge.
Certains vivent dans une maison pour le personnel alors que d’autres dorment dans des tentes.
« Pas juste celles que tu déplies », précise-t-elle en riant. Équipées d’un poêle à bois, elles sont chauffées et la température peut osciller « entre 60 et -10 degrés».
Se réhabiliter
À la suite de deux mois d’engagement, les volontaires sont envoyés en ville pour de réhabiliter à la civilisation.
« Histoire qu’on reste pas trop into the wild, mais qu’on se réhabitue aussi à la ville. Ils disent que c’est pour pas qu’on soit trop bushed », raconte la jeune femme. Elle n’en avait pourtant pas envie, de cette réhabilitation : « Je ne sais pas trop, je ne voulais pas y aller. J’étais bien là-bas, on a une petite communauté. »
Elle essaie d’expliquer la raison de cette sortie en ville : « qu’on voit d’autres personnes, qu’on aille dans les magasins, il y a des choses peut-être qui nous manquent? »
Au restaurant et au supermarché, lors de son passage en ville, elle est obnubilée par les choix qu’elle a à prendre et par le fait de voir des écrans de télévision dans les restaurants. Dans le bush, elle se tient loin de l’actualité.
« On ne prend pas trop de nouvelles du monde […]. On ne s’intéresse pas vraiment à ce qui se passe à l’extérieur en fait. On est bien avec les arbres, le tipi, la communauté. On discute, parce qu’on n’a pas nos téléphones, du coup, sur nous. On n’a pas nos téléphones à table et on se parle, on ne se prend pas en photo. On discute quoi! On réapprend une espèce de vie sociale vraiment, sans Internet. On apprend à vivre plus sainement. »
Se promener pour passer le temps
« Il y a des trails, des points de vue, on va prendre des photos des aurores boréales, on dort dans des igloos, on lit, on a plein de bouquins sur la nature, on a des romans, mais en général, on passe du temps ensemble à parler, à discuter, à partager des expériences de ce qu’on a fait avant, d’où [on] vient, et à rigoler. On ne se connait pas au début et on devient les meilleurs amis du monde en deux jours quoi. »
On appelle aussi le Blachford Lake Lodge Winter Wonderland.
Pour la voyageuse, l’expression vient, entre autres, du fait que la lumière et les couleurs du ciel y sont fascinantes. « Il y a un endroit où il y a un tipi, un point de vue (look-out) et de là, on voit le coucher du soleil. Les couleurs du ciel, le dégradé de bleu, le dégradé de rose, d’orange au coucher du soleil… Je trouve que le soleil est passionnant là-bas. »