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le Jeudi 13 septembre 2018 20:09 Société

Autobiographie Séquelles et lumières

Autobiographie Séquelles et lumières
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Le Capitaine retraité Jocelyn Démétré raconte ses combats en Afghanistan et le difficile retour à la vie civile.

Exorciser ses démons, inciter les militaires à chercher de l’aide et faire connaitre aux Canadiens l’engagement de ses soldats en Afghanistan pour défendre la démocratie, voilà quelques-unes des motivations qui ont poussé Jocelyn Démétré à écrire Sunray 21 — mémoire d’un vétéran de combat extrême en Afghanistan.

« Je ne suis pas un écrivain, confie le Capitaine, j’ai écrit ce livre comme je l’ai vécu, comme je parle. » Effectivement, l’inexpérience et l’édition à compte d’auteur ont permis à un nombre excessif d’erreurs de syntaxe, de fautes d’orthographe de s’immiscer dans ce récit. Aux dires de M. Démétré, elles seront corrigés lors de la réédition. Reste le contenu. Et le message.

L’auteur raconte sa formation de soldat puis d’officier, ses 16 mois d’opérations de combat contre les talibans en Afghanistan. Il raconte l’incompétence occasionnelle de ses supérieurs, l’esprit de corps, les infiltrations, la mort de ses collègues et amis, ses bons et ses mauvais coups, dont certains lui font éprouver de la culpabilité encore aujourd’hui. Il raconte la douleur d’être séparé de sa famille, les angoisses de celle-ci quand les médias annoncent des nouvelles du front…

Retour
Il raconte son retour au Canada, alors qu’il s’installe à Yellowknife — il écorche d’ailleurs solidement au passage l’école St-Cyr — mais doit négocier avec des regrets et des sentiments de culpabilité, la colère, des absences et des problèmes de mémoire, avec le trouble de stress posttraumatique.
Jocelyn Démétré parle particulièrement de l’hypervigilance, cette réaction de survie développée en terrain hostile, mais qui lui colle encore à la peau aujourd’hui.

Pertes et méconnaissance
Si aller à la guerre n’est pas une sinécure, en revenir n’est pas toujours non plus une partie de plaisir. « Nous sommes rendus à 200 morts par le suicide [de militaires de retour de combat], signale Jocelyn Démétré, ça surpasse le nombre de décès pendant les combats. »

Tout ça dans une ignorance marquée de la population canadienne, selon le Capitaine retraité. « Les gens n’ont aucune idée de ce qu’on a fait en Afghanistan dit-il. Ils pensent que ce sont les Américains qui ont tout fait, alors qu’on leur a donné les clés de la province de Kandahar. Je souhaite que notre histoire soit connue. »

Il n’existerait qu’un seul livre sur la présence militaire canadienne en Afghanistan, celui d’une journaliste québécoise.
Jocelyn Démétré considère néanmoins que l’armée canadienne traite bien ses employés, pendant et après. « Je trouve encore l’uniforme très beau, dit, de manière métaphorique, celui dont l’une des filles a aussi entrepris une carrière militaire. »

Cela ne l’empêche pas, dans son livre, de suggérer des façons de protéger la santé mentale des militaires : les soldats devraient être déployés un maximum de deux mois au lieu de six, et à leur retour au pays, ceux qui ont combattu ensemble devraient rester ensemble de huit mois à un an, pour décompresser, digérer le tout, les défaites autant que les victoires ».« Moi, ironise Jocelyn Démétré, j’ai été dans un quartier général, aide de camp d’un officier “princesse”. »

Les profits amassés par la vente du livre seront versés à la fondation mise en place par Jocelyn Démétré, la Fondation Hero, et serviront à favoriser des voyages de pêche à Hero’s Lodge pour les vétérans et à procurer des chiens de service pour ceux et celles souffrant de troubles de stress posttraumatique.

Sunray 21 est disponible au Centre de la famille des militaires, au 5124 54e Rue à Yellowknife. M. Démétré a été en poste à Yellowknife aux Forces opérationnelles interarmées Nord et y possède la pourvoirie Hero’s Lodge; il a aussi été chroniqueur pour L’Aquilon.