Souper, film et discussion étaient au menu
C’est toujours sympathique de voir la maison Laurent-Leroux s’animer hors des heures de bureau et se doter, l’espace d’une soirée, d’une vocation citoyenne et culturelle.
C’est ce qui est arrivé le 7 novembre dernier alors qu’une vingtaine de personnes de cinq continents se sont assemblées dans le cadre la Semaine nationale de l’immigration francophone.
En plus du plaisir de se rencontrer, les convives ont eu droit à un souper éthiopien et à un film.
Un certain nombre de personnes ont quitté la réception après le repas et plusieurs autres les ont suivies durant la projection, marquée par quelques problèmes techniques.
De Sherbrooke à Brooks, du réalisateur Roger Parent, valait le détour et reflétait le périple personnel de quelques-uns des spectateurs.
On y suit le parcours d’immigrants africains que l’arrivée à Sherbrooke (Québec) laisse insatisfaits en termes d’emploi et d’intégration, et qui poursuivent leur chemin jusqu’en Alberta. À Brooks, non seulement ils trouveront du travail, mais ils seront accueillis dans la communauté africaine, l’Association francophone… et la mairie.
Si le travail est dur et la paye vraisemblablement peu élevée, les immigrants que suit Roger Parent sentent qu’à Brooks, il y a pour eux un présent et un avenir.
Production versus diction
Par une curieuse coïncidence, deux des personnes qui étaient restées jusqu’à la fin du film ont vécu à Sherbrooke et en Alberta avant de s’établir à Yellowknife.
Corinne et Guy (noms fictifs) ont fait de hautes études au Québec, mais ne réussissaient pas à se trouver d’emploi dans leur domaine.
On leur disait qu’ils avaient étudié pour retourner travailler dans leur pays, et ils étaient condamnés à des emplois subalternes. On a même refusé un travail à Guy sous prétexte que son français était trop mauvais, alors qu’il parle un français international.
Corinne se refuse à parler de racisme, mais elle soupçonne un certain repli des Québécois francophones causé par la domination anglo-saxonne historique.
« Dans l’Ouest, on s’intéresse à ce que tu produis, pas à ce que tu dis », assure Guy.
Une autre personne dans l’assistance avait vécu à Sherbrooke et dit n’avoir vécu du racisme qu’en une seule occasion. Elle trouvait par contre cocasse et stéréotypée l’idée que certains Québécois se faisaient des Africains, n’imaginant pas qu’ils puissent déjà avoir pris le métro ou avoir un doctorat en poche.
L’organisateur de la soirée, le coordonnateur du Centre d’Accueil francophone — TNO, Isidore Guy Makaya, n’est pas déçu que plusieurs personnes soient parties avant le film. Il croit que les gens étaient aussi venus à Laurent-Leroux pour socialiser et il trouve intéressant qu’ils se soient approprié l’espace.
Même sans souper éthiopien, pour ceux et celles d’ici ou d’ailleurs, la maison Laurent-Leroux sera dorénavant ouverte les 2e et 4e samedis de chaque mois, entre 13 h et 16 h, pour bavarder, prendre un café, etc.