J’ai toujours aimé les bars crades avec des tables de pool toutes croches pis des jukebox pleins de bon vieux rock.
En ville, y’en a un bar. Juste un. Sinon, y’a le pub de l’hôtel qui pète way plus haut qu’le trou et la Légion qui ressemble à un club de l’âge d’or avec des néons à te couper la soif – ou l’envie d’entrer – pour toujours. Le bar en question porte bien son nom : The Mad Trapper. Le trappeur fou de la rivière aux rats. Vous avez surement entendu parler de ce badass notoire, objet d’une chasse à l’homme épique à travers les montagnes Richardson pendant plus de 48 jours. C’était au début des années trente. Le gars, dont on ignore toujours la réelle identité, est devenu populaire – médias aidants – pour avoir tiré sur des agents de la GRC, avoir réussi à les déjouer, à se sauver de tous et à survivre dans des conditions extrêmes : le nord du Nord en hiver. De fait, on n’a pas exactement affaire à une place d’enfants d’chœur. Plutôt un lieu de survivants, oui. En tout cas, le bar le plus thrash qui m’a été donné de visiter. On m’a dit : Be careful, le regard grave. On m’a dit : Don’t go there by yourself, le ton sérieux. Trop tard. Je savais très bien. Un soir, dans un état téméraire, j’y ai suivi des gars rencontrés sur la trail. Honnêtement, à côté du jeune con qui te poke le cul quand tu tires au billard (et qui se fait subito remettre à sa place) ou du gros grizzli qui te manifeste son affection d’un peu trop près, le plus effrayant dans cette place-là, c’est vraiment l’état des tapis. Faut dire que je pars toujours avant minuit… Et que je suis moi-même bien trop mad pour me faire trapper !
La célèbre institution est présentement à vendre pour 1,1 million de dollars. Avis aux intéressés !