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le Jeudi 18 avril 2019 18:34 Société

Capitale ténoise Voitures jaunes à Yellowknife

Capitale ténoise Voitures jaunes à Yellowknife
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Le président de Yellow Cab ne croit pas que trois compagnies de taxis pourront survivre dans la ville.
 

« On dépeint City Cab comme les Somaliens, Aurora comme les Soudanais, et nous [Yellow Cab] comme les Érythréens. Mais ce n’est pas du tout ça. C’est une affaire pour tous ceux qui veulent s’y joindre. »

Ainsi s’exprime Sibhat Berhane, le président de Yellow Cab, la nouvelle compagnie de taxi qui sillonne les rues de la capitale depuis le 8 avril dernier.

En fait, Yellow Cab est multiethnique, comme sensiblement tous les joueurs de cette industrie en Amérique du Nord.
M. Berhane est Érythréen, comme quelques-uns de ses collègues. D’autres viennent du Soudan, de Terre-Neuve, etc. Mustapha, qui s’exprime couramment en français, est Égyptien.

Phil Bailey, qui arpente Yellowknife depuis presque 30 ans, est un des rares conducteurs autochtones dans le métier.
Le caractère multiethnique de la compagnie s’affirmera sans doute encore davantage avec sa croissance.

Parcours et fondation
Sibhat Berhane se moque un peu de sa fonction de président puisqu’il continue à conduire son taxi comme il le fait depuis quatre ans.

Chimiste de formation, il arrive au Canada vers la fin de l’adolescence, à une époque de guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée.

Il travaille dix ans dans sa branche, puis dans l’immobilier. Il est ensuite propriétaire d’un club et d’un restaurant à Cold Lake (Alberta). Il retourne ensuite en Afrique pour y faire du commerce, entre autres en Érythrée et au Soudan du Sud, un pays créé en 2011. Mais c’est à nouveau la guerre et Sibhat Berhane revient au Canada.

La nouvelle usine de traitement d’eau potable de Yellowknife l’attire, mais il est demeuré trop longtemps loin de son métier d’origine et se recycle dans le domaine du taxi.

Concurrence
Y a-t-il vraiment un marché à Yellowknife pour trois compagnies de taxi ?

La gérante de Yellow Cab, Meda Shanahan, est une Yellowknifienne de longue date. S’il y a parfois eu trois compagnies de taxi, ça n’a jamais duré longtemps, assure-t-elle. Capital et Diamond sont passés à la trappe.

Questionnée sur les conditions qui permettraient à Yellow Cab de survivre à la concurrence, Mme Shanahan parle du service exceptionnel de sa compagnie et de l’importance de la tolérance.

« Notre différence c’est le service, assure-t-elle. Tu peux avoir des clients fâchés, des clients souls. Tu dois avoir la peau dure. Nos chauffeurs sont les plus patients et respectueux. J’ai pris les meilleurs des autres compagnies ! »

Mme Shanahan ajoute que les chauffeurs ont une formation, par exemple pour connaitre les rues, et que les voitures sont inspectées hebdomadairement. « Si elle n’est pas propre, assure-t-elle, tu ne prends pas la route. »

Au moment d’écrire ces lignes, Yellow Cab compte 22 chauffeurs.

« Nous serons 35 d’ici la fin du mois », anticipe Sibhat.

C’est d’ailleurs le nombre de parts qu’il y a dans la compagnie; les chauffeurs en sont tous actionnaires et possèdent leur propre voiture. Il y aura aussi quelques sous-traitants.

Yellow Cab a adopté la couleur emblématique des taxis, particulièrement en Amérique du Nord.

« Au début, je ne voulais pas qu’on peinture les voitures en jaune, avoue Meda Shanahan, mais comme ça, on les voit venir de loin. »

Technologie
Les débuts de la nouvelle compagnie de taxi ont été compliqués par un règlement municipal interdisant l’utilisation des compteurs GPS qu’elle voulait employer.

Leur utilisation est pourtant acceptée en Colombie-Britannique et à Edmonton, note Sibhat Berhane, et Uber se sert aussi de cette technologie qui est précise et peu onéreuse.

À l’inverse, les compteurs mécaniques coutent 300 $ et leur installation est dispendieuse.

L’hiver particulièrement, ces compteurs peuvent donner des chiffres erronés, bénéficiant parfois à la compagnie, parfois au client. Pour les réparer ou les remplacer, il faut faire ouvrir leur cadenas par la ville. La compagnie doit ensuite faire des tests, tout comme la ville.

« Ça fait plus de deux mois que nous avons demandé que le règlement soit changé, explique M. Berhane. La ville comprend et, éventuellement, elle va le faire. »

Mais trop tard vraisemblablement pour que Yellow Cab n’ait pas à installer des compteurs mécaniques.

Pas d’Uber
Yellowknife doit aussi augmenter le prix des courses de taxi. « Je pense que ça n’a pas bougé depuis dix ans, avance Meda Shanahan. »

M. Berhane ne croit pas qu’Uber s’installe bientôt à Yellowknife. Il croit que le marché est trop petit pour cette compagnie et que le pourcentage qu’elle prélève sur les courses des chauffeurs n’est pas avantageux pour eux, alors qu’il y a encore des permis disponibles, contrairement à Montréal et aux autres capitales canadiennes.