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le Jeudi 27 juin 2019 17:47 Société

Citoyenneté Partager son parcours

Citoyenneté Partager son parcours
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Les cérémonies d’assermentation de citoyenneté organisées par l’Institut pour la citoyenneté canadienne mettent l’accent sur les témoignages.

Ils viennent de l’Arménie, de la Jordanie, des Philippines, du Pakistan, du Soudan du Sud et de bien d’autres endroits dans le monde. Ils ont choisi le Canada comme endroit où s’établir. Le 20 juin dernier, 45 immigrants provenant d’une vingtaine de pays différents ont reçu leur citoyenneté canadienne lors d’une cérémonie spéciale à Dettah.

Des cérémonies plus conventionnelles se tenaient la même journée partout au pays, dont une, bilingue, à Yellowknife.
Mais la cérémonie de Dettah faisait partie d’une série de 75 cérémonies spéciales, explique Amy Matchen, directrice générale de l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC), une organisation sans but lucratif qui promeut l’inclusion et qui prétend amener une réflexion sur la citoyenneté. L’organisme est coprésidé par l’ancienne gouverneure générale du Canada, Adrienne Clarkson, et par son mari, John Ralston Saul.

Mme Matchen n’a pas révélé quelle est la base de l’entente avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Échanges
La particularité des cérémonies de citoyenneté communautaires est qu’elles comportent un atelier de discussion où nouveaux et anciens citoyens, divisés en petits groupes, échangent sur leur parcours; sur ce que signifie pour eux le fait d’être au Canada.

Après les échanges, chacun de ces groupes délègue un représentant qui présente, devant tous, une synthèse des discussions.

À Dettah le 20 juin, ils ont parlé, notamment, de leur périple, du froid, de l’importance de conserver leur culture (dont la nourriture!), et de ce qui les a amenés à quitter leur patrie et à s’établir au Canada. Un homme a raconté une légende datée du VIIIe siècle sur la façon dont les zoroastratriens, fuyant les persécutions dans leur pays, ont convaincu le roi de l’Inde qu’il y avait de la place pour eux quelque part et qu’ils pourraient y apporter quelque chose de positif.


Une cérémonie unilingue

« Habituellement, les cérémonies sont bilingues, mais la cérémonie bilingue avait lieu, ce matin à Yellowknife », explique Mme Matchen.

Les représentants des organismes francophones invités à Dettah ne se sont pas formalisés de cette incohérence et de l’unilinguisme quasi absolu de la cérémonie.

« Ils sont allés chercher les leaders de la francophonie, de commenter la directrice générale par intérim de l’Association franco-culturelle de Yellowknife [AFCY], Lisa Berthier. J’ai trouvé bien que tout le monde a eu l’occasion de partager, les nouveaux arrivants et les plus anciens. »

La coordonnatrice du Réseau d’immigration francophone des TNO (RIFTNO) et de Communauté francophone accueillante, Annik Théberge opine : « Ça [avait] quand même du sens “que nous soyons là”, parce qu’ils nous demandaient de parler de nos racines. Lisa a parlé de ses ancêtres qui ont été déportés, moi de mes origines irlandaises, comme plusieurs personnes de Montréal. […]. J’ai trouvé ça inclusif de [la] part [d’ICC]. L’ensemble des cultures étaient représentées. »

La coordonnatrice du Réseau TNO Santé, Audrey Fournier, était également sur place.

Mmes Berthier et Théberge ont particulièrement été touchées par ce récit d’un immigrant qui s’est retrouvé au dépourvu lors de son arrivée à l’aéroport de Winnipeg, alors que la personne qui devait l’accueillir ne s’est pas présentée. C’était l’hiver et une famille avec laquelle il avait échangé dans l’avion lui a payé des vêtements pour faire face au froid.
Lisa Berthier a profité de l’occasion pour inviter des gens à la Saint-Jean-Baptiste.

Ainés
Ce sont toujours des ainés qui ouvrent les cérémonies d’assermentation organisées par ICC. À Dettah, l’honneur est revenu à l’ancien chef Jonas Sangris, qui fait aujourd’hui partie d’un comité de dix ainés.

« Les gens qui arrivent ici n’ont pas toujours eu une vie facile, dit-il. C’est mieux pour tout le monde qu’on puisse apprendre à travailler ensemble. »

La Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté et d’autres lois n’étant toujours pas en vigueur, le serment ne contient pas encore de référence aux peuples autochtones.