Pourquoi un Conseil consultatif autochtone ?
Au début du mois de décembre, on apprenait que le poste de conseillère aux relations avec les Autochtones de la Ville de Yellowknife ne serait pas renouvelé. Ce poste instauré en septembre 2018 était subventionné par des fonds provenant du gouvernement fédéral et devait durer 18 mois.
En février dernier, au moment de présenter son premier rapport six mois après son entrée en fonction, Mme Maggie Mercredi, la première à occuper le poste de conseillère aux relations avec les Autochtones, se disait encouragée par cette initiative de la Ville.
La Première Nation des Dénés Yellowknives exprimait également sa satisfaction de voir cette approche conciliatrice de la Ville aux enjeux qui concernent les peuples autochtones.
Lors du conseil municipal du 4 décembre 2019, la conseillère municipale Stacie Smith a demandé à ce que le poste de conseillère aux relations autochtones soit couvert par le budget municipal afin de le rendre permanent.
La motion de Mme Smith a été appuyée par deux autres conseillers municipaux, mais n’a pas remporté la majorité requise pour être adoptée.
Le mandat de la conseillère aux relations autochtones arrive donc à échéance en février 2020.
Stacie Smith, interviewée ensuite par Cabin Radio, a exprimé sa déception et celle des résidents de Yellowknife auxquels elle a parlé et qui considéraient ce poste comme « un pas de géant dans la bonne direction ».
Dans sa description de tâches, le rôle majeur du conseiller aux relations avec les Autochtones était de développer un plan d’action de réconciliation de la municipalité. Ce plan d’action est en cours de préparation, assure Mme Sheila Bassi-Kellett, administratrice à la Ville de Yellowknife. Mais elle enchaine que la réconciliation ne doit pas reposer sur le travail d’une seule personne, elle doit être imprégnée à travers toute l’organisation.
Une autre solution ?
Si le budget municipal ne peut pas permettre d’avoir un ou une conseillère aux relations autochtones de façon permanente, comment peut-on garantir la mise en œuvre du plan d’action sur lequel travaille présentement Mme Mercredi ?
Mme Bassi-Kellett a affirmé que son personnel est à la recherche de subventions et d’autres moyens pour avancer le chantier de la réconciliation par des actions concrètes. À cette fin, la mairesse Alty a proposé d’allouer un fonds de démarrage de 50 000 $ du budget de la Ville. Cette motion a été acceptée à l’unanimité par le conseil municipal. Ce fonds ne sera qu’un début, comme l’a souligné le conseiller Julian Morse. Il souhaite voir un investissement significatif du GTNO, dans la construction d’un monument commémoratif des pensionnats indiens par exemple.
On parle souvent de comités consultatifs qui veillent au grain pour le succès des organisations, que ce soit dans le domaine des affaires ou dans des organismes sans but lucratif. Mais tous les comités consultatifs ne sont pas créés égaux.
Des comités incluant un large éventail d’individus assurent une meilleure portée qu’un comité où tout le monde provient d’un même milieu, partage la même histoire, a reçu la même éducation, vécu les mêmes expériences de vie et partage ainsi une même vision du monde.
Un comité consultatif divers va prodiguer des conseils non biaisés, car il n’inclut pas les employés ou les actionnaires dans le cas des entreprises. Les membres de ce comité-conseil n’adhèrent pas nécessairement au plan d’affaires ou au plan d’action, mais ils sont en mesure d’en identifier les faiblesses et de proposer des pistes de solutions et des avenues de croissance.
Une organisation a besoin d’un tel comité pour des domaines où il y a des lacunes ou qui se trouve en dehors de son champ d’expertise. Pour former un bon comité-conseil, les propriétaires ou les dirigeants d’une organisation ont besoin d’examiner avec lucidité et honnêteté leurs forces et leurs faiblesses en vue de décider de quel genre d’expertise ils ont besoin.
Réconciliation ?
Cela tombe sous le sens d’avoir une représentation autochtone, et cela de manière assez conséquente sur un conseil consultatif. Cela démontre que votre organisation valorise l’apport et l’expertise qui ne pourraient venir que de membres des peuples autochtones. Pour s’assurer que vos décisions et actions sont culturellement appropriées et que vous ne présumez pas ce que ces peuples pensent et souhaitent.
Si, par exemple, vous dirigez une unité de soins qui doit conduire une recherche sur un aspect de la santé des Ainés, des Autochtones au comité-conseil vous aideraient à comprendre les protocoles pour engager les communautés et interagir respectueusement avec les Ainés. Un autre exemple plus terre à terre est lorsqu’une équipe de sport veut un nom et une mascotte. Avec des Autochtones au comité consultatif, cette équipe va éviter des situations controversées que certaines équipes ont vécues.
Il tombe également sous le sens que tous les employés, les actionnaires et les dirigeants, etc. de l’organisation doivent comprendre et respecter les opinions des membres du comité consultatif.
Les réunions de personnel abordent généralement entre autres sujets la santé et sécurité au travail. Pourquoi ne pas dédier quelques moments à un sujet relatif à la réconciliation ? Échanger sur une des 150 actions de réconciliation proposées en 2017 par Crystal Fraser et Sara Komarnisky, par exemple.
Des étudiants de l’Université de Victoria le font depuis quelques années et c’est une occasion de partager de nouvelles idées pour la décolonisation de leur campus et par extension, de leurs communautés.
Le plan d’action de réconciliation de la Ville de Yellowknife sera dévoilé dans quelques semaines, mais on peut d’ores et déjà mettre en branle notre propre plan, chacun à sa manière.