Un autre projet de sables bitumineux au nord de l’Alberta, un autre péril pour la rivière Slave
Plusieurs études se sont penchées sur la qualité et la quantité des eaux des zones transfrontalières entre l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest. L’accent a été mis particulièrement sur la vulnérabilité du bassin du fleuve Mackenzie et de la rivière Slave. En 2015, une entente historique sur les eaux frontalières a été conclue entre les gouvernements albertain et ténois pour une gestion durable de leurs ressources hydriques communes du bassin du Mackenzie pour le bien des générations actuelles et futures. Un comité bilatéral de gestion a été mis sur pied pour veiller au grain et améliorer la surveillance continuelle de ces ressources.
Le mégaprojet des sables bitumineux de Teck Frontier en ligne de mire
L’été dernier, le projet de Teck Frontier semblait avoir passé les premières étapes vers son approbation. La commission d’examen fédérale-provinciale qui s’est penchée sur le projet a déposé son rapport en juillet 2019. Ce rapport recommandait le projet en soulignant que l’intérêt public justifiait les effets négatifs sur l’environnement et que 14 Premières Nations et Métis de la région avaient donné leur appui, aussi ténu ou conditionnel soit-il, au projet. Le dossier a cheminé vers la table d’examen de Mme Catherine McKenna, ex-ministre de l’Environnement et des Changements climatiques. La décision du gouvernement fédéral est attendue en février 2020.
Le premier ministre Trudeau a assuré que le projet de la mégamine de Teck Frontier est encore en cours d’étude. Il a refusé de répondre à la question concernant la date limite où le gouvernement devrait rendre sa décision. Ce qui ne rassure pas les groupes environnementaux et le chef Gerry Cheezie de la Première Nation Smith’s Landing, qui est située à 240 km du site du projet. Chef Cheezie déplore par ailleurs le silence de l’Exécutif du GTNO dans ce dossier.
Joslyn Oosenburg, responsable des communications au ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles du GTNO, a déclaré que les TNO est le territoire ultime en aval du bassin du fleuve Mackenzie et que les eaux peuvent être touchées par des décisions prises par l’Alberta. Le gouvernement territorial n’a rien déposé devant la commission conjointe d’examen qui a produit son rapport en juillet dernier.
Becky Kostka, gestionnaire des terres et des ressources de la Première Nation Smith’s Landing, dénonce le fait que sa communauté n’ait été invitée à se joindre au panel d’examen que lors de la dernière séance qui s’est tenue en octobre 2018. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir demandé à plusieurs reprises le droit d’exercer leur droit de consultation.
Le porte-parole du ministère de l’Environnement albertain a déclaré que la Première Nation Smith’s Landing n’a pas identifié spécifiquement les sites qui devraient être visés par les mesures d’atténuation environnementale du projet Teck Frontier.
Rivière Slave et Parc national Wood Buffalo
Le sort de la rivière Slave, qui se jette dans le Grand lac des Esclaves, semble de plus en plus inquiétant. Les niveaux d’eau, la qualité et la quantité de l’eau de la rivière et la pollution de l’air des localités avoisinantes ont déjà été détériorés par les autres projets industriels du nord de l’Alberta. D’après une étude présentée par Teck Frontier, et fortement contestée, le Parc national Wood Buffalo, situé à 20 km au sud du site du projet de mégamine Teck Frontier, ne serait pas menacé par cette exploration des sables bitumineux. L’UNESCO demande elle aussi des comptes, car le Parc figure dans le patrimoine mondial.
La mobilisation des activistes autochtones de l’Alberta et de la Colombie-Britannique
La mobilisation contre ce projet s’est aussi matérialisée ce lundi 20 janvier 2020 à Vancouver, où des manifestants se sont rassemblés devant le bureau de comté de M. Jonathan Wilkinson, ministre de l’Environnement et des Changements climatiques. Ce dernier a déclaré le mois dernier être tiraillé entre les potentielles retombées économiques, qui ne font d’ailleurs pas l’unanimité, et les impacts environnementaux du projet. La croisade du chef Cheezie se poursuivra à Vancouver aussi et il vise à rallier à sa cause d’autres ministres fédéraux, comme le ministre des Affaires du Nord, Dan Vandal.
Le jour de la marmotte
Quant à moi, j’ai l’impression que c’est le jour de la marmotte. Ainsi, on nous dira peut-être que c’est mieux d’exploiter notre propre pétrole plutôt que d’importer celui des pays qui ne respectent pas les droits de la personne, comme l’Arabie saoudite. Mais l’exploitation des sables bitumineux bafoue aussi ces droits, dont celui de vivre dans un environnement sain et celui de conserver son mode de vie ancestral, entre autres. Je ne parle même pas de la survie de la planète pour ne pas être taxée de prophétesse de malheur.