En ces temps difficiles de vies contraintes et contrariées, il est, nous rappelle Sylvie Francoeur, important de garder le moral, « de ne pas se laisser contrôler par la peur et la négativité » qui pourraient facilement émerger dans cette réalité nouvelle et temporaire. Il est important aussi de pouvoir s’appuyer les uns sur les autres et de demeurer en contact, de différentes façons.
Pour certains, travailler de chez soi est chose courante alors que pour d’autres, de sérieux ajustements sont nécessaires. Travailleuse autonome pour son entreprise de consultation depuis environ sept ans, Sylvie Francœur connait bien le télétravail et dispense quelques conseils pour tenir le coup et demeurer efficace malgré tout.
Organisation de l’espace
Est-il souhaitable, par exemple, d’installer son bureau de travail dans sa chambre à coucher ? Selon la consultante, ce n’est pas la meilleure solution, puisque l’espace de travail et l’activité mentale (le stress) qui lui est associée pourraient nuire au sommeil, et entrer en conflit avec un espace psychologiquement associé au repos. Sylvie Francœur recommande de se créer plutôt un espace de travail séparé de la chambre à coucher, qui ne devrait être consacrée, dans le meilleur des mondes, qu’au sommeil exclusivement. S’il n’est pas possible de faire autrement, il est recommandé de mettre un rideau, de créer une séparation entre les deux espaces afin que le cerveau se mette en mode « travail » lorsqu’il pénètre dans cette aire réservée.
Non seulement est-il préférable de se créer un espace de travail permanent, de travailler toujours du même endroit, par exemple dans ce recoin de salon ou sur ce bord de table de cuisine, mais également d’avoir une organisation qui soit ergonomique, de noter la consultante, pour ne pas développer d’autres problèmes qui peuvent aussi nuire au bienêtre et à la productivité.
Organisation de son temps
Comment parvenir à demeurer concentré sur sa tâche, à ne pas se laisser distraire et entrainer par les mille autres choses à faire dans la maison ? Sylvie Francœur admet avoir eu elle-même de la difficulté avec cet aspect. Il faut séparer la vie domestique du travail. La première étape est de respecter le lieu de travail que l’on s’est établi. Ensuite, de se fixer des heures de travail, comme au bureau. Faire du neuf à cinq ou alors du huit et demie à quatre et demie… Le plus important est de se contraindre à rester focalisé sur sa tâche, de ne pas, par exemple, partir en même temps une brassée de lavage ou un bouillon de poulet. Il est de plus nécessaire de se donner des pauses officielles, selon ses propres besoins. « Moi j’ai besoin de me lever toutes les heures, un cinq minutes où je marche, je bois de l’eau, je m’hydrate comme il faut », de témoigner Mme Francoeur. D’autres opteront plutôt pour quinze minutes toutes les trois heures. On choisit ce qui fonctionne pour soi. Le mot-clé ici est « régularité ».
Se fixer – d’avance – des heures de travail régulières et des pauses régulières et les respecter, faciliterait, l’efficacité au travail.
Les autres
Quant aux autres personnes qui partagent le logis de la personne qui fait du télétravail, le conjoint, les enfants, les colocataires, il est important que les attentes soient claires, de mentionner Sylvie Francœur : « Je travaille : je travaille. » Cette fonction n’est plus à confondre avec les tâches ménagères.
« La personne qui travaille à la maison n’est pas là pour faire le ménage ou préparer le souper ou quoi que ce soit d’autre […] On pourrait s’attendre à certaines choses de vous parce que vous êtes à la maison », de rappeler la travailleuse autonome.
Une communication claire et ouverte à ce propos est parfois nécessaire au début. Sylvie Francœur rappelle aussi que, tout comme on ferait au bureau, il est important de ne pas manger devant son ordinateur, de détacher son regard de son écran et de sortir prendre l’air.
Tenue vestimentaire
Qui dit maison, dit vêtements décontractés. Acceptable de travailler en pyjama ? Il ne semblerait pas que ce soit la meilleure manière d’être productif. Au début, c’est normal, de commenter la consultante, ça fait partie des avantages de travailler de la maison, on est à son aise, en robe de chambre, pas peigné ou bien soigné… Mais avec l’habitude, on finit par ne plus se sentir au travail, on est psychologiquement moins productifs ou moins attentifs parce qu’on est en pyjama, c’est relax, c’est comme une journée de congé. De s’habiller comme si on allait travailler en public, ça peut donner de la motivation ; mettre dans l’état d’esprit adéquat pour réaliser ses objectifs de la journée.
« C’est parfaitement acceptable de travailler confortablement, mais prendre une douche le matin et s’habiller avec du vrai linge, ça fait toute une différence », de commenter la consultante.
Maintenir le contact
Pour avoir un contact davantage humain avec les gens, Sylvie Francœur recommande d’utiliser, plutôt que le simple téléphone, des plateformes comme Skype, Facetime, ou Zoom, afin de voir en plus d’entendre les personnes avec lesquelles on entre en communication. Autre bonne raison de ne pas trop négliger sa toilette et son apparence.
Des bénéfices
Après une période nécessaire d’adaptation à son nouveau lieu de travail, Sylvie Francœur s’est aperçue qu’en fait son temps de travail était plus productif à la maison qu’au bureau parce que les interruptions qu’occasionnent les collègues et le téléphone, notamment, étaient beaucoup moins fréquentes. Donc, plus de temps consacré à être concentré à l’ordinateur, sans distraction autour.
Maintenant, pour concilier le télétravail avec la garde de jeunes enfants à la maison, c’est un défi encore plus grand et il faut adapter son horaire en conséquence. Cela nécessite beaucoup de souplesse de la part de l’employeur, ou de soi-même, selon la situation. La consultante espère que dans les circonstances actuelles, les personnes en autorité sont compréhensives et conciliantes.
Pour ce qui est de la situation présente, Sylvie Francoeur recommande de garder un œil sur les annonces du gouvernement du Canada, mais de laisser tomber les nouvelles en continu, qui génèrent en général de l’anxiété.
Propos recuillis par Batiste Foisy lors de l’émision quotidienne Bonjour, là !