« On ne veut pas que les personnes dépendantes à l’alcool se retrouvent à l’hôpital. » La ministre des Finances des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Wawzonek, a tenu une conférence de presse le 9 avril. L’objectif : clarifier la position du gouvernement territorial sur une possible fermeture des magasins d’alcool : aucune fermeture n’est pour l’heure envisagée bien que de nombreux leadeurs des petites collectivités se disent fermement opposés à cette décision.
Si la ministre conçoit que la restriction d’alcool et de stupéfiants permettrait de limiter de possibles comportements dangereux, elle évoque en parallèle des « études » qui indiquent que « le fait de supprimer l’accès à l’alcool pendant le déploiement de mesures d’urgence liées à la COVID-19 risque d’exacerber les problèmes de santé et de bienêtre social liés aux dépendances auxquelles nous sommes confrontés tous les jours, sur l’ensemble de notre territoire ».
Freiner la contrebande
« Nous essayons de mettre en place des restrictions qui vont faire échec à la contrebande, mais on ne veut pas punir les personnes qui consomment de l’alcool avec modération. Nous voulons travailler avec les gouvernements autochtones pour les aider à trouver des solutions », poursuit la ministre Wawzonek.
Le GTNO indique travailler actuellement avec les collectivités d’Aklavik, de Tsiigehtchic, de Tuktoyaktuk et de Tulita pour promulguer des arrêtés de prohibition temporaire.
Le marché noir, « ce n’est pas quelque chose de nouveau, explique la ministre. Ce qu’on fait aujourd’hui, c’est faire attention à la quantité de produits achetée qui pourrait être utilisée de manière illégale. Mais pour le moment, nous n’avons pas de restrictions et je veux rassurer les gens qui consomment avec modérations qu’il n’y aura pas de problèmes. »
Les collectivités préoccupées
Chaque semaine depuis le début de la mise en place des mesures de précautions, le chef de la Nation dénée, Norman Yakeleya, s’exprime par audioconférence en direct de son territoire où il s’est retiré pour pratiquer la distanciation sociale.
Le 8 avril, le sujet de son discours s’est naturellement orienté sur les restrictions d’alcool et de cannabis. Il a déclaré vouloir chercher des solutions pour limiter les ventes, et, également, trouver des fonds pour aider les gens à gérer leur alcoolémie. « Nous envisageons des programmes uniques de traitement sur le terrain », a-t-il déclaré.
La Société régionale inuvialuite (SRI) est également du même avis. Dans un communiqué de presse publié sur son site Internet, le président de l’organisme, Duane Smith, explique que des mesures sont « nécessaires pour la sécurité des communautés afin de continuer les efforts et d’empêcher la transmission de la COVID-19 ».
« La SRI recommande fortement que le gouvernement territorial impose des restrictions sur les ventes d’alcool afin que les résidents puissent continuer à faire de meilleurs choix, penser clairement, et que les individus et les familles puissent rester à la maison en toute sécurité », a-t-il déclaré.
Le député Tu Nedhé-Wiilideh, Steve Norn, se place également du côté de Norman Yakeleya. Sur sa page Facebook personnelle, il a publié une courte vidéo, face caméra, détaillant son point de vue. Après avoir rappelé de ne pas « paniquer » à cause de la pandémie, il explique qu’« il soutenait toutes les décisions prises par sa communauté ».
« Je vais travailler très dur pour qu’il y ait des restrictions d’alcool, pour limiter la quantité de boissons vendues aux TNO. »
Horaires modifiés et précautions
Les TNO comptent au total sept établissements de vente d’alcool et de cannabis. Après les différentes mesures prises afin de contrer la propagation du coronavirus, leurs horaires ont été à chacun ajustés.
Dans la majorité des boutiques, une fois passé la porte d’entrée, il est obligatoire de se servir du distributeur de gel hydroalcoolique avant de toucher quoi que ce soit. Des précautions de distanciation sociale sont également mises en place, à l’instar de tous les commerces encore ouverts à l’heure actuelle. Des restrictions ou des mesures d’interdiction d’alcool approuvées par référendum sont en vigueur dans 15 collectivités ténoises.