« C’était fantastique et on ne doit pas s’arrêter là ! » Daniella Boronka, infirmière venue de l’Ontario, est l’une des deux organisatrices, avec Vigne Sridharan, de la marche contre les racismes à Hay River, qui s’est tenue le samedi 4 juillet.
Selon leur décompte, une centaine de personnes s’est réunie ce jour-là. Dans la continuité des manifestations Black Lives Matters s’exportant d’un bout à l’autre du monde, la ville du Slave Sud est la quatrième municipalité des Territoires du Nord-Ouest à défiler dans les rues, après Inuvik, Fort Smith et Yellowknife.
La recrudescence de ces mobilisations internationales a débuté après la mort de George Floyd à Minneapolis, un homme noir tué par un policier à la suite d’une interpellation le 25 mai dernier. Cependant, le mouvement, ainsi que le mot-clic #BlackLivesMatter, remonte à 2013, au décès du jeune Afro-Américain Trayvon Martin, abattu par un garde de sécurité.
« Je ne suis pas à Hay River depuis très longtemps, mais il me semble qu’il n’y a jamais eu un tel évènement contre les racismes donc, voir toutes les communautés ensemble, c’est vraiment quelque chose », se réjouit Daniella Boronka.
Représentation globale
« Nous ressentions un réel besoin de le faire ici aussi parce que le racisme y est présent autant qu’ailleurs, continue-t-elle. Nous ne vivons pas dans une bulle. »
Outre l’appui aux communautés noires, les organisatrices ont éprouvé l’obligation de préciser que la marche intégrait également les Autochtones et toutes les autres ethnies discriminées.
« Aux TNO, le racisme est davantage porté sur les Autochtones, donc il est très important de les inclure dans l’équation », détaille Daniella Boronka.
Pour cette dernière, rappeler l’histoire de la colonisation est un point très important. « Nous n’en parlons pas assez, il fallait le mettre en avant parce qu’il y a des réserves à Hay River. »
Quelques jours avant cette action, le Comité permanent des responsabilisations et de supervision, un comité de l’Assemblée législative des TNO, a reconnu l’existence d’un racisme systémique « dans l’ensemble de notre société ». Dans le communiqué, la présidente du Comité permanent des opérations gouvernementales, Frieda Martselos, raconte avoir vu « de [ses] propres yeux les mauvais traitements infligés aux Autochtones et aux personnes de couleur par la GRC, les tribunaux et le système correctionnel. Il est inacceptable que les membres du personnel autochtones des établissements correctionnels ne disposent pas d’un mécanisme neutre pour présenter leurs griefs. »
Prochaine étape
« Après cette action, nous [avec Vigne Sridharan] avons lancé une pétition demandant à la Commission des droits de la personne des TNO d’organiser un sommet à Hay River pour lutter contre le racisme systémique », explique Daniella Boronka.
L’idée de ce « sommet » est d’appeler tous les députés de l’Assemblée législative des TNO, les conseillers municipaux et les leadeurs de différents secteurs (justice, santé, éducation) à intervenir.
Différentes actions leur sont proposées telles que « collaborer à la création […] de services antiracistes, antidiscriminatoires et antioppressifs ». Les organismes cités sont également invités à « reconnaitre leurs lacunes […] qui perpétuent les inégalités » et à éradiquer les obstacles qui nuisent aux personnes noires, autochtones et aux diverses ethnies discriminées.
Dans le texte accompagnant la pétition, on peut lire : « Ce n’est désormais plus tolérable que les autorités, les dirigeants se complaisent dans une configuration qui affecte plus de la moitié des TNO. Ce n’est plus supportable d’ignorer les appels à l’aide des collectivités. Et ce n’est plus supportable pour quiconque de garder le silence. »
Au moment de l’impression de notre édition, le nombre de signataires était de 208; l’objectif, 500.
Le 7 juillet, les leadeurs de l’éducation des TNO ont envoyé un communiqué, détaillant leur soutien à cette cause. Ils évoquent notamment l’importance de leur rôle afin que « toutes formes de racisme et d’intolérance » ne se perpétuent pas.
Le ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, R.J. Simpson — présent lors de la marche à Hay River — déclare à ce propos : « J’exhorte tous nos élèves à faire front commun contre le racisme dans leur école, leur collectivité et leur pays. »