Coordonné par l’Administration des services de santé et des services sociaux de Hay River, un projet-pilote se déroule depuis peu au Manoir Woodland afin de récolter des dons de nourriture traditionnelle. En plus de favoriser des discussions, ce programme permettra d’offrir aux résidents du Centre de soins de longue durée un plus grand accès à ce type d’aliments.
Karine Lavoie
IJL – APF — Territoires
C’est le 13 octobre dernier qu’a débuté le projet-pilote visant à récolter des dons de nourriture traditionnelle pour les 23 résidents du Centre de soins de longue durée, le Manoir Woodland à Hay River.
Les résidents pourront bénéficier d’un menu davantage varié. Dans le passé, les aliments dits traditionnels étaient consommés seulement si un membre de la famille en apportait à son proche hébergé. Dorénavant, le personnel du Centre cuisinera et servira les dons de nourriture aux ainés.
Si cette initiative est couronnée de succès, elle pourrait bien faire son apparition dans d’autres établissements de la ville dans un avenir proche.
Revivre la tradition à travers l’alimentation
Le désir d’introduire davantage la nourriture traditionnelle dans l’alimentation des résidents du Manoir Woodland était présent depuis longtemps, selon Sandy Cowger, gestionnaire du projet-pilote à l’Administration des services de santé et des services sociaux de Hay River.
La cuisine occidentale est généralement servie aux résidents du Centre et ceux n’ayant plus accès à la nourriture traditionnelle depuis longtemps trouvent une source de confort à travers le programme, selon Madame Cowger. Les ainés n’ayant jamais consommé ce type de nourriture peuvent également vivre l’expérience pour la première fois.
Grâce au soutien du gouvernement territorial ainsi que d’un apport financier de 8000 $ de la Fondation McConnell, un organisme philanthropique canadien, il est désormais possible de faire don de nombreux aliments traditionnels, tels que du caribou, du castor, du bison, du lagopède, du bélouga, du saumon, du phoque, des œufs de poisson, des mures, des canneberges, des camarines ou encore du thé du Labrador.
« Le travail effectué à Hay River contribue à faire tomber les barrières à l’accès aux aliments traditionnels qu’une longue histoire de colonialisme dans ce pays a créées et il renforce les capacités des communautés autochtones locales à pratiquer et à partager leurs aliments traditionnels », explique Hayley Lapalme, directrice adjointe à la Fondation McConnell.
Certains critères doivent néanmoins être respectés. Tous les dons de gibier sauvage et de poisson, frais ou congelés, doivent être d’excellente qualité et se doivent d’être étiquetés et emballés dans des emballages de qualité alimentaire. Les chasseurs et pêcheurs doivent également fournir un formulaire détaillant l’heure à laquelle l’animal a été tué, la température extérieure et la façon dont la viande a été transportée.
Au-delà du don alimentaire
La possibilité de se nourrir plus fréquemment d’aliments traditionnels n’est pas le seul objectif visé par ce programme. Danielle Antoine, coordonnatrice des soins récréatifs au Manoir Woodland, souligne que recevoir un tel don permet aussi aux ainés de partager leur histoire et de discuter des aliments traditionnels dont ils se nourrissaient lorsqu’ils étaient jeunes. Madame Antoine a d’ailleurs été l’une des premières à faire un don au Centre : une bernache pour le souper de l’Action de grâce.
La qualité de vie de la personne hébergée est un élément central de ce projet. « En soutenant les habitudes alimentaires traditionnelles, les établissements de soins de santé peuvent contribuer à renforcer ces traditions qui favorisent le bienêtre des habitants, de la communauté et de la planète », affirme Madame Lapalme. « Ce projet soutient alors le bienêtre de la personne, de la planète et fait progresser la réconciliation. »
Si tout se déroule comme prévu, le souhait des organisateurs serait d’étendre ce projet aux autres établissements de l’Administration des services de santé et des services sociaux de Hay River.