Une erreur lors de la dernière livraison de carburant dans la communauté de Fort McPherson a occasionné quelques ennuis au sein de la population au cours des derniers jours. Cette situation démontre une fois de plus les difficultés d’approvisionnement qu’éprouvent les collectivités isolées.
Au début novembre, la livraison de carburant à la Tetlit Co-op de Fort McPherson s’est effectuée comme à l’habitude. Mais après quelques jours, la Coopérative a découvert que le fournisseur avait accidentellement rempli le réservoir d’essence du camion d’approvisionnement avec du mazout domestique et celui de mazout domestique avec de l’essence, provoquant la dilution des carburants lors de la livraison.
Bien que le réapprovisionnement s’avère complexe dû au fait que le hameau se retrouve isolé par la fermeture de ses liens maritime et routier, la réponse rapide du fournisseur a permis de minimiser les conséquences de cette confusion.
Des actions rapides pour solutionner le problème
Dans les jours qui ont suivi la livraison des carburants, la Coopérative a commencé à recevoir des plaintes de clients concernant la qualité de l’essence puisque certains véhicules ne démarraient pas, selon Conrad Ruppers, directeur général de Tetlit Co-op. Le carburant a été testé pour découvrir qu’un des réservoirs d’essence avait été dilué avec du diesel, qui est utilisé pour le chauffage domestique.
Après la découverte du problème, les solutions sont arrivées rapidement du côté du fournisseur : l’essence a été remplacée, de même que le mazout domestique. « Je pense que la communauté fonctionne bien. Le fournisseur a pris l’entière responsabilité et a agi très rapidement pour régler la situation », indique Duane Wilson, vice-président des Relations avec les parties prenantes d’Arctic Co-operatives Limited.
Des ressources suffisantes
Le maire de Fort McPherson, William Koe, craignait une crise dans la communauté, car la grande majorité de celle-ci dépend du mazout domestique pour réchauffer son domicile. Le fait que le carburant ait été dilué avec de l’essence semblait inquiétant pour les utilisateurs. Pourtant, aucune plainte n’a été formulée en lien avec le mazout domestique.
Selon Duane Wilson, il est exagéré de parler de crise pour le chauffage domestique, car la Tetlit Co-op dispose encore de milliers de litres de mazout domestique. « Il y a quatre réservoirs de mazout pour le chauffage domestique. Un seul a été touché, de sorte que l’entreprise dispose d’un approvisionnement suffisant pour continuer à desservir la collectivité », explique-t-il.
Le vice-président ajoute également que les utilisateurs de mazout domestique ont été peu touchés par la situation : « Il y a quelques maisons où il y a eu confusion, mais très rapidement, le fournisseur a envoyé une pompe pour enlever [et remplacer] le carburant mélangé chez les maisons touchées. »
Le fournisseur s’est d’ailleurs engagé à régler tous les problèmes engendrés par son erreur. « Si ces gens ont des dommages à leurs moteurs, le fournisseur va prendre la responsabilité de régler ces incidences », affirme Duane Wilson.
Un accès difficile
La dernière livraison de carburant est arrivée à Fort McPherson la veille de la fermeture des traversiers sur l’autoroute Dempster pour la saison hivernale. La collectivité se retrouve ainsi isolée du plus grand réseau routier jusqu’à l’ouverture des passages de glace, généralement à la fin novembre. C’est donc par avion que les carburants de remplacement sont arrivés.
« Pendant la fermeture temporaire, il n’y a pas d’avitaillement par camion et le transport du personnel du GTNO dans le secteur est difficile », explique Sonia Idir, agente des communications en français au ministère de l’Infrastructure. Bien que le gouvernement territorial soit responsable de l’approvisionnement en produits pétroliers de plusieurs collectivités ténoises, le hameau de Fort McPherson est desservi par le secteur privé, ce qui a limité le rôle du GTNO dans ce dossier.
« Cela ne s’est pas avéré nécessaire, mais si la Co-op locale avait eu besoin d’aide pour acheminer du carburant à la collectivité ou pour traiter d’autres aspects de l’urgence dépassant potentiellement les capacités de la collectivité, le GTNO aurait prêté main forte par l’intermédiaire de l’Organisation des mesures d’urgence », précise Madame Idir.
Cette histoire est non sans rappeler les difficultés que peuvent vivre les communautés se retrouvant isolées de tout lien routier ou maritime. Duane Wilson soulève que ce n’est pas la première fois qu’il constate que l’approvisionnement peut être difficile dans les communautés du Nord.
En septembre 2014, en raison de l’état des glaces, l’utilisation d’un hélicoptère de la Garde côtière canadienne a été nécessaire pour décharger autant que possible les 322 000 tonnes de marchandises que contenait le navire qui se rendait à Kugaaruk, au Nunavut, jusqu’à ce que les conditions locales ne forcent l’arrêt de l’opération : « On a reçu un appel qui disait qu’on ne pouvait pas arriver à la collectivité, car la glace ne le permettait pas », se souvient M. Wilson.