À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, qui se déroule chaque année en février, le CDÉTNO et L’Aquilon donnent la parole à des immigrants noirs installés aux Territoires du Nord-Ouest pour qu’ils puissent raconter leur parcours et leur intégration. Cette semaine, Cynthia Mufandaedza, originaire du Zimbabwe.
Carine Ouedraogo, CDÉTNO
Cynthia Mufandaedza et son mari Randy ont décidé de s’installer à Yellowknife, car son mari avait trouvé un travail. Ils ont ensuite créé leur première entreprise Best Movers, une société de déménagement devenue la deuxième plus grande société de déménagement des Territoires du Nord-Ouest et une deuxième Dash Event Designs et Rentals, qui est une entreprise de conception d’évènements. En parallèle, Cynthia sert la municipalité de Yellowknife comme conseillère municipale.
Il n’a pas toujours été facile pour elle de se frayer un chemin jusqu’au Canada. « Lorsque j’ai commencé à travailler dans une station-service, j’ai commencé comme commis et, à la fin de mon travail, j’avais gravi les échelons pour devenir directrice de la station-service. Il est important de se rappeler que vous ne perdez pas de temps, vous acquérez des compétences. Voyez le travail d’un bon œil et travaillez, vous ne serez pas déçu », conseille Cynthia.
« Nous avons démarré cette entreprise [Dash Event Designs] il y a environ six ans avec l’intention de n’être qu’une société de location et, au fil des ans, nous avons réalisé que nous devions acquérir les compétences nécessaires, raconte-t-elle. Je suis retournée à l’école et j’ai obtenu mon diplôme et, maintenant, nous sommes une entreprise qui organise des évènements, des galas et des conférences à grande échelle. »
Prise de conscience
Selon Cynthia Mufandaedza, le mouvement « La vie des Noirs compte » était important pour sensibiliser les gens aux problèmes qui se faisaient ressentir dans la communauté noire. « J’ai l’impression que la communauté a reconnu l’importance du mouvement, dit-elle, ce qui, je pense, est dû à une prise de conscience, car souvent les gens ne se rendent pas compte de ce que vivent les autres races. Je pense que c’est une chose très positive pour notre communauté et j’ai le sentiment que c’est le début de la guérison de notre communauté et de l’unité. »
Son espoir pour l’avenir est de voir plus de diversité dans la politique des TNO, du conseil aux députés, et même jusqu’à Ottawa. « Quand j’ai décidé de me présenter aux élections et que j’ai été élue conseillère municipale, je me suis rendu compte qu’il n’y avait jamais eu de personne noire qui s’était présentée aux élections aux TNO, se souvient-elle. Pendant ma campagne, j’ai entendu un certain nombre de personnes dire “nous avons toujours pensé que si une personne noire se présentait, ce serait un homme noir qui ouvrirait cette voie”. J’ai réalisé que, d’une certaine manière, j’avais déjà gagné, quels que soient les résultats, parce que beaucoup de jeunes Noirs disaient “maintenant que vous l’avez fait, j’aimerais aussi essayer de me présenter et je sais maintenant que c’est possible”. Pour moi, je suis heureuse de m’être présentée, d’avoir été élue, et d’avoir pu montrer à la jeune génération que les opportunités sont infinies si l’on travaille dur. »
Les obstacles à l’inclusion sociale aux TNO.
En discutant avec la population, Cynthia Mufandaedza a constaté un manque de services qui peut entrainer des problèmes d’inclusion sociale. Une question qui revient sans cesse est celle de l’anglais comme deuxième langue pour les nouveaux arrivants. « D’une part, nous affirmons que nous voulons défendre l’immigration et faire venir des gens aux TNO, mais, d’autre part, nous ne fournissons pas les services dont ils ont besoin, note-t-elle. Je dirais qu’il est extrêmement important de s’assurer que tout le monde peut comprendre et communiquer efficacement. Aux TNO, j’ai remarqué que nous avons besoin de plus de programmes pour l’intégration des nouveaux arrivants. Lorsque je parle aux immigrants, je constate souvent qu’ils ne sont pas toujours au courant des services offerts. Pour moi, l’intégration consiste donc à éduquer la population et à faire en sorte que notre population diversifiée acquière les connaissances dont elle a besoin pour être en mesure de prendre des décisions éclairées afin de participer à notre communauté. »
D’ailleurs, le Nord compte beaucoup de personnes qui inspirent Cynthia : « Une chose que j’aime toujours reconnaitre à propos des TNO est la diversité de la communauté, dit-elle. Les TNO ont des leadeurs incroyables, comme des enseignants par exemple, Monsieur Duru, à l’école Sir John Franklin, qui a été une source d’inspiration et qui a contribué à former des leadeurs communautaires extraordinaires, dont notre mairesse, Rebecca Alty, qui est une belle inspiration. Je tiens à remercier la Dre Kami Kandola, administratrice en chef de la santé publique des TNO, qui continue à m’inspirer pour la façon dont elle a dirigé les TNO en ces temps difficiles ainsi que toutes les députées élues récemment. »
« Je suis particulièrement inspirée par l’honorable Jean Augustine qui, en 1995, a présenté une motion [à la Chambre des communes] visant à reconnaitre le mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs, poursuit-elle. En 2020, Jean Augustine a coécrit le livre 100 femmes noires canadiennes accomplies et je suis honorée d’avoir fait partie de cette liste. »