« Photographier, c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur », affirmait le célèbre photographe Henri Cartier-Bresson. Une phrase qui fait écho aux aspirations de deux photographes-vidéastes spécialistes des clichés en territoire nordique.
Pierre-Emmanuel Chaillon est biologiste de formation et vit à Fort Smith depuis plus de cinq ans. Son travail s’articule autour de reportages immersifs auprès des communautés autochtones, mais aussi de photographies animalières. Roger Mario se consacre quant à lui à la photographie aérienne pour immortaliser les paysages des Territoires-du-Nord-Ouest.
Patience et acclimatation
Le domaine de la photographie requiert de la patience et la faculté de s’adapter à son sujet, particulièrement au contact des animaux. « Quand la rencontre se crée, il ne faut pas les effrayer, s’armer de patience et se faire accepter. Il m’est arrivé de passer deux heures avec un lynx et de ne pas voir le temps passer, c’est tellement magique », raconte Pierre-Emmanuel Chaillon, avant de préciser que sa formation en biologie lui permet d’anticiper les réactions des animaux qu’il observe. « Ça m’aide énormément à comprendre leurs comportements et lire ce qu’il va se passer. Plus tu connais ton sujet, plus il est facile de composer autour. »
Pour Roger Mario, c’est surtout le maintien de ses appareils électroniques dans des conditions optimales qui lui demandent le plus d’adaptation. « Avec un drone, plus tu montes haut plus tu subis des variations de température et il peut y avoir des dysfonctionnements. Ce ne sont pas tous les drones qui supportent ces variations de températures, il en faut un spécifique. » Le photographe réalise donc un travail minutieux en amont de chaque sortie aérienne afin de maintenir la batterie et son utilisation.
Pour les deux professionnels, le froid doit être apprivoisé en hiver sachant qu’entre la recherche de lieu, le positionnement et l’attente, de nombreuses heures s’écoulent à l’extérieur. « Il faut se préparer à tout cela et anticiper », admet Roger Mario. « L’hiver ça peut piquer un peu, ironise Pierre-Emmanuel Chaillon. Les journées sont courtes et parfois il faut de longues marches de nuit pour atteindre le lieu. » Pour autant, cette contrainte climatique est rapidement effacée par la passion qui anime l’artiste photographe. « Lors d’une observation, je ne parvenais même plus à ouvrir la fermeture de ma poche pour récupérer mes clés, car j’avais les doigts trop gelés. Sur le coup tu ne te rends pas compte, car tu es ébahi parce que tu vois », poursuit-il.
« Je reçois tellement. Mes réalisations auront permis de faire connaitre le travail des communautés autochtones. C’est un partenariat ou nous sommes tous gagnants ». (Courtoisie PEC)
L’art pour communiquer et transmettre
Guidés par l’esthétique, la lumière est au cœur de leur travail. « C’est peut-être le seul endroit où tu peux voir cette diversité, c’est une palette de couleur incroyable », affirme Roger Mario. Un constat partagé par son homologue : « C’est surtout elle qui m’intéresse ». Une recherche artistique avant tout menée dans le but de transmettre des émotions et raconter des histoires derrière leur objectif, « une façon de voir le monde », lance le photographe aérien qui souhaite dans le futur réaliser un reportage sur son immigration.
Quant à Pierre-Emmanuel Chaillon, il consacre aujourd’hui majoritairement son activité à la conception de reportages vidéos auprès des communautés autochtones. « J’ai tissé de belles relations. C’est pour ça que je fais ce métier : découvrir. La nature est exceptionnelle dans le Nord, mais, une fois que tu commences à t’immerger auprès de toutes les communautés et découvres leurs cultures, c’est le vrai trésor ! »