Katherine Lapointe, une musher de Fort Smith, s’apprête à relever le défi de la Yukon Quest 100. Avec son équipe de dix chiens, elle partira à la mi-février pour entreprendre la traversée de 160 kilomètres entre Whitehorse et Braeburn, au Yukon.
Thomas Chabot
IJL – Réseau.presse – L’Aquilon
« Cette course, c’en est une qui est extrêmement rare, en fait elle n’existe pas réellement dans le système de course de la Yukon Quest », explique-t-elle. En raison de la pandémie, le circuit original de 1 000 miles a été divisé en quatre circuits plus courts : 100, 200, 300 et 550 miles.
Si Katherine Lapointe y participe pour la première fois, elle cumule neuf années d’expérience dont deux en tant que guide. On pourrait être porté à penser qu’une Ténoise ait eu la piqure du sport aux TNO, mais c’est à Gaspé que la magie s’est opérée.
Lors de ses études en technique de tourisme d’aventure au CÉGEP de Gaspé, une fin de semaine d’introduction au traineau à chien était organisée. « Quand on est arrivé au chenil de 14 chiens, on ne voyait même pas encore les chiens que, déjà, ils jappaient et qu’ils hurlaient. Les larmes m’ont monté aux yeux… J’étais mordue et je n’avais pas encore touché de traineau ! », témoigne la musher.
Même avec cette expérience derrière la ceinture, la préparation pour une course de cette envergure n’est pas une tâche anodine. « Je mets tout mon temps, tout mon argent, toute ma patience et toute ma fatigue dans la préparation », dit-elle.
Ses préparatifs ont débuté en octobre en véhicule tout-terrain. « Je faisais des petites distances que j’ai agrandies au fur et à mesure », explique Katherine Lapointe, qui est passée d’une distance en pratique de deux miles à quinze miles en six semaines.
La prochaine étape a été de sortir les traineaux à chiens, mais pour cela il a fallu attendre les premières bordées de neige. L’entrainement a pu reprendre et la meneuse de traineaux a continué d’augmenter la distance parcourue, pour atteindre 45 miles à la fin janvier.
Un sport difficile d’approche ?
Si Katherine Lapointe ne considère par le traineau à chien comme une pratique difficile d’accès, elle pense cependant que ce n’est pas pour tout le monde. « Il faut avoir un esprit de famille et un esprit très social, comprendre la dynamique entre les chiens, comprendre que chacun des chiens est un individu à part entière avec ses émotions, ses faiblesses et ses qualités. »
« Quand tu vas chercher tes premiers chiens, que ce soit 2, 3 ou 4… ou 11, il faut que tu te mettes en tête que tu es dans le sport pour au moins 15 ans, parce que c’est l’espérance de vie d’un chien qui est en forme », précise la résidente de Fort Smith.
Cette vision à long terme de la pratique, Katherine Lapointe l’explique aussi par le lien fort entre le musher et ses chiens. Selon elle, il est très important de comprendre que les chiens de traineau « ne sont pas des chiens de compagnie, même s’ils peuvent très bien l’être ».
Les chiens de traineau ont des besoins propres à eux, « ils sont là, car ils ont un besoin d’aventures, ils veulent explorer, ils ont besoin de se dépenser mentalement et physiquement, autrement ils vont faire des niaiseries et accumuler des frustrations », poursuit-elle.
Le rôle du musher n’est donc pas simplement de guider le traineau, mais bien « de comprendre, de nourrir, d’aimer et de prendre vraiment soin de ses chiens ». « Il faut être présent pour eux, tu ne peux pas les mettre dans la cour, les nourrir et c’est tout… Parce qu’ils vont le savoir. Ils savent quand tu es triste, quand tu es contente, ils savent si tu es préoccupée. Leur comportement va varier selon toi, alors tu dois être constant et en prendre soin », souligne Mme Lapointe.
Cette communication doit aller dans les deux sens, un musher se doit de connaitre les besoins et l’attitude de ses chiens, car « eux ne sont pas dotés de la parole ». « Si mes chiens, ça ne leur tentent pas de courir, eh bien ils restent à la maison, et moi aussi je reste à la maison », poursuit-elle.
Celle qui s’apprête à participer à la Yukon Quest 100 tient à préciser que cette race de chien a un besoin de bouger et de sortir dans le froid. « Ces chiens-là ont besoin d’être dehors quand il fait froid, pour que leur métabolisme commence à intégrer les principes d’isolation et de dépense d’énergie pour se protéger du froid. »
Pour la meneuse, le gros du bienêtre de ses chiens passe par leur alimentation. « Si tu donnes de la bouffe avec des bons nutriments, donc des protéines, du gras en masse et moins d’additifs, tu vas voir un changement direct dans leur pelage. Aussitôt il devient plus doux, malléable, brillant et là tu sais que ton chien est tip top. »
Bien que la course se déroule au Yukon, il sera possible de suivre Katherine Lapointe dans son parcours, un outil de géolocalisation en direct est disponible sur le site Web de la Yukon Quest.