Formées dans la baie de Yellowknife, les deux compétitrices en étaient à leur première compétition internationale de sculpture sur neige.
Thomas Ethier – IJL – Territoires
Les artistes Niki McKenzie et Kris Schlagintweit ont gagné le cœur du public suédois en janvier, dans le cadre de la compétition internationale de sculpture sur neige de Kiruna, dans le nord du pays. Les fières représentantes des Territoires du Nord-Ouest ont remporté l’un des prix du public, pour leur imposante représentation de Taniwha, déesse maorie.
Les deux sculptrices, qui collaborent depuis maintenant six ans à façonner les blocs de neige de la baie de Yellowknife, en étaient à leur première expérience internationale. « En partant des TNO, nous ne savions pas si nous allions faire le poids aux côtés des autres équipes de la compétition. Nous avons maintenant la preuve que cette place nous revient », se réjouit Mme Schlagintweit.
La déesse sculptée par le duo Schlagintweit–McKenzie s’est démarquée parmi cinq œuvres d’artistes expérimentés. Aux yeux des créatrices, ce sont les détails et le dynamisme de leur sculpture qui aura séduit les observateurs, qui sont 400 à avoir voté pour leur sculpture préférée. « Je crois que l’activité tridimensionnelle, le dynamisme de l’œuvre a beaucoup plu. Les gens parcouraient la sculpture sous tous ses angles, explique Mme Schlagintweit, architecte à la retraite. Nous nous sommes lancées dans un projet très complexe. »
La neige suédoise, très différente de ce que produit le froid glacial du
Nord canadien, aura donné du fil à retardé au duo, qui a dû adapter sa technique.
(Crédit photo : Kris Schlagintweit)
Les créatrices ont choisi d’afficher la description de l’œuvre en anglais, en suédois, en sámi – la langue autochtone de la région de la Laponie, où se déroulait la compétition – et dans la langue des Maoris, peuple autochtone de la Nouvelle-Zélande. « En donnant forme à Taniwha, j’ai trouvé une manière de connecter avec ma culture et mon chez-moi, de manière totalement différente de ce que j’ai pu faire auparavant », explique Mme McKenzie, elle-même Néozélandaise.
Un défi ses sera imposé par-dessus tout : la neige suédoise, bien différente de ce que produit le Nord canadien. « À Yellowknife, nous travaillons une neige de très haute qualité, et nous avons développé de très hauts standards en la matière, indique Mme McKenzie. Il fait beaucoup plus chaud en Suède, la neige est complètement différente. Nous avons entrepris une sculpture très complexe et avons dû ajuster notre technique. »
La compétition se déroulait sur trois journées et demie.
(Crédit photo : Kris Schlagintweit)
L’œuvre est le fruit de trois journées et demie de travail intense. Sur le plan de l’endurance physique, le duo estime être parti avec une longueur d’avance. « Nous sommes habitués à travailler sous des températures de -30 à -40 °C, souligne Mme McKenzie, et arrivions avec beaucoup d’endurance. Dans le nord de la Suède, la température moyenne est de quatre degrés. Nous travaillions en teeshirt à certains moments, et je crois que ça a contribué à intimider nos adversaires ! », plaisante-t-elle.
Officiellement intégrées à leur nouvelle communauté d’appartenance, les artistes comptent soumettre leur candidature et prendre part à de prochaines compétitions internationales, dès l’hiver 2023. Fait notable, souligné avec fierté par sa partenaire, Niki McKenzie était la seule compétitrice à n’avoir aucun diplôme dans un domaine artistique. « Sur un total de dix sculpteurs, on comptait trois architectes, trois professeurs d’arts, trois tailleurs de pierre, et Niki ! Les études en art peuvent aider, mais ne sont certainement pas un prérequis », souligne Mme Schlagintweit.
Les résidents de Yellowknife auront la chance d’admirer deux nouvelles sculptures signées Niki McKenzie et Kris Schlagintweit ce printemps, l’une commandée par la municipalité, l’autre dans le cadre du festival Snowking, en mars.