Cet article a été initialement publié sur aquilon.nt.ca entre le 9 janvier 1998 et le 8 décembre 2023.
Lorsque je prends le téléphone pour faire l’entrevue, Gerry Goudreau me dit qu’il a déjà passé dans l’Aquilon. Surprise, je lui demande à quel moment. « Il y a cinq ou six ans », me lance-t-il. Cinq ou six ans, c’est plus de temps qu’une majorité de visiteurs qui viennent faire leur tour dans le Nord l’histoire d’un contrat !
En novembre, cela fera 30 ans qu’il s’est installé à Hay River. Gerry Goudreau est originaire de Beaumont, une petite ville près d’Edmonton. « À l’époque, il y avait environ 50 maisons et plusieurs fermiers », souligne-t-il. « En septième année, la moitié de la classe, c’était des gars avec le nom de famille Goudreau ! », ajoute-il en riant.
Puis, je lui demande la grande question : pourquoi faire du bénévolat? « Pour moi, le bénévolat, ça me rajeunit ! Ça me tient engagé et j’aime ça ! », affirme celui qui a eu 59 ans le 17 mars dernier. Malgré tout, il avoue avoir été un peu surpris lorsqu’on l’a approché pour être le deuxième vice-président du Conseil national de l’assemblée des aînées et aînés francophones du Canada (CNAAAFC). « Ça m’a surpris un peu mais je commence à me rendre compte que j’ai l’âge nécessaire! », s’exclame Gerry Goudreau. « J’aurai 60 ans l’an prochain, imagine-toi ! »
Son travail auprès du CNAAAFC consiste à rechercher du financement afin de mettre sur pied une fondation. Gerry a déjà de l’expérience en finances. « J’ai déménagé avec l’idée de créer une caisse populaire », explique-t-il en parlant de son arrivée à Hay River. Il a fondé une caisse populaire au service des enseignants. Puis l’idée a gagné en popularité et quatre caisses ont été ouvertes à Fort Smith, Hay River, Pine Point et Yellowknife. Malheureusement, les caisses ont été fermées en 1978. En plus, de donner son temps avec les aînés, il est également président du conseil scolaire francophone de Hay River, qui se réunit « assez souvent », pour discuter des élèves de français langue première, du petit groupe de jeunes inscrits au programme de francisation et du centre communautaire français que la communauté francophone espère bâtir près de l’école Princess Alexandra. « Nous devrions bientôt savoir si nous obtiendrons le financement », indique Gerry Goudreau.
Son bénévolat ne s’arrête pas là, puisqu’il est également Chevalier de Colomb. Alors, comment explique-t-il une vie si bien remplie ? « Je ne suis pas trop intelligent. Je ne suis pas capable de dire non », lance-t-il en riant. Puis il ajoute, plus sérieusement : « Mes enfants ne parlent pas français. C’est toujours une peine que j’ai, je suppose. Je cherche peut-être à corriger ça ».
Ses deux aînés peuvent lire le français, mais ne le parlent pas, alors que ses deux cadets parlent un peu, puisqu’ils ont suivi des cours de français enseignés par leur père.
En plus de son bénévolat, il tient les habitants de Hay River au chaud, puisque sa compagnie vend du matériel pour construire des maisons et des poêles. Donc, sa retraite n’en est pas tout à fait une ! « C’est de ma faute », dit-il, en avouant travailler plus aujourd’hui que lorsqu’il était enseignant.